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Conservation des céréales

Les pré-requis du stockage à la ferme


TNC le 10/06/2020 à 18:04
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Une fois stocké, le grain chaud provenant du champ doit être refroidi très rapidement. (©TNC)

Pour assurer leur bonne conservation à la ferme, il est important de récolter des céréales propres et sèches. Et une fois stocké, le grain chaud doit ensuite être refroidi rapidement.

Les grains sont des organismes vivants. Aussi, plus ils sont humides, plus ils respirent et consomment leurs réserves. Leur poids spécifique (PS) diminue, et ce sont autant de kilos qui ne seront pas valorisés lors de la transaction commerciale.

Par ailleurs, lorsque le taux d’humidité des céréales dépasse 16 %, des moisissures risquent de se développer et de produire des mycotoxines, qui vont dégrader leur qualité sanitaire. Il est donc impératif de récolter et stocker des grains mûrs, avec une humidité proche de la norme commerciale. Cette norme dépend des contrats. Elle est généralement fixée à 15 % pour le blé.

Plus le lot de céréales est propre et homogène, mieux il se conserve. Des tiges ou verdillons humides dans une masse de grains secs peuvent provoquer une réhumidification locale et donner naissance à un point chaud, qui entraîne une perte de masse et de qualité et déprécie la valeur du lot. Les grains abîmés sont une aubaine pour les insectes. Limiter leur nombre constitue déjà un premier pas pour contenir les populations. Régler correctement la moissonneuse-batteuse pour récolter des grains propres et limiter le taux de cassés est une première étape. Si l’exploitation n’est pas équipée d’un nettoyeur séparateur (équipement à grille pour tamiser les grains), une boîte à cascade bien réglée, permet d’aspirer les impuretés légères.

Refroidir les grains pour une bonne conservation

Une fois stocké, le grain chaud provenant du champ doit être refroidi très rapidement. Pour ce faire, deux types de matériel, adapté au stockage à la ferme, existent : la ventilation par soufflerie, ou système en pression, qui envoie de l’air dans le tas du bas vers le haut, et la ventilation par aspiration, avec les colonnes, qui fonctionnent en dépression. Avec ces dernières, le refroidissement se fera du haut du tas vers le bas.

Pour que le refroidissement soit performant techniquement et économiquement, il faut déclencher la ventilation quand l’écart de température entre le tas et l’air ambiant atteint 10°C avec une ventilation par soufflerie et 7°C pour un système par aspiration. Le respect de cet ordre de grandeur d’écart et une ventilation rapide après la moisson en s’assurant que l’air sorte bien du bâtiment (pas de recyclage d’air tiède et humide) diminuent les risques de condensation. Il est donc nécessaire de mesurer la température des céréales, à différents endroits du tas avec des sondes de thermométrie.

Selon, Arvalis-Institut du végétal, il est important de conduire la ventilation en trois paliers successifs, pour faire progressivement baisser la température du tas, entre la récolte et l’hiver, avec un objectif de température de plus en plus bas (20°C, 12°C et 5°C).

  • Le premier palier est conduit dès la récolte avec un objectif de 20°C. À cette température, les pertes de matière sèche par respiration sont limitées et le grain est protégé des moisissures. Le refroidissement des grains se fait alors essentiellement la nuit, la ventilation pouvant être arrêtée le jour lorsque la différence de températures entre l’air ambiant et le tas est plus faible. En général, il faut plusieurs nuits pour refroidir l’ensemble du tas lors de ces premières ventilations.
  • Au cours de l’automne, les températures plus fraîches permettent d’atteindre le deuxième palier, à 12°C ou moins. Ces températures dissuadent les insectes de coloniser le stock et stoppent leur reproduction. Ce palier doit être réalisé entre septembre et novembre pour ne pas avoir, par la suite, une trop grande différence de température entre le grain et l’air ventilé, au risque de voir apparaître des phénomènes de condensation à l’origine du développement de moisissures.
  • En hiver, lorsque les températures le permettent, le troisième palier de ventilation s’attache à descendre la température des grains à 5°C ou moins. Une exposition prolongée à moins de 5°C peut offrir un effet insecticide. Pour une action plus complète, il faut viser une température de 0°C. Mais même à cette température, les adultes de petit silvain plat peuvent survivre.

Pour une meilleure maîtrise de la ventilation, il est possible d’installer un système de mise en route automatique de la ventilation en fonction de la différence de températures entre la température du tas et la température ambiante. Un essai mené par Arvalis a démontré que l’automatisation de la ventilation permet d’atteindre l’objectif de température plus tôt, grâce à un refroidissement bien plus rapide qu’avec une conduite manuelle et de profiter ainsi pleinement de toutes les heures propices à la ventilation. Selon l’institut, « en évitant de ventiler inefficacement, ce pilotage peut permettre de diminuer fortement la facture énergétique ».  Néanmoins, cela ne dispense pas de surveiller le tas régulièrement.