Diversification des cultures et diminution des intrants pour plus de résilience
TNC le 24/11/2022 à 18:30
Agriculteur en Eure-et-Loir, Olivier Vasseur a repris l'exploitation familiale en 2015, avec des soucis de gestions des graminées qui commençaient à apparaître. En entrant dans le réseau Dephy en 2016, l'agriculteur a alors cherché à rendre son système plus résilient. Détails.
À la reprise de l’exploitation familiale, la rotation était classique pour le secteur : colza-blé-orge et 15 à 20 ha de pois protéagineux selon les années, indique Olivier Vasseur, agriculteur à Bailleau-l’Évêque en Eure-et-Loir, dans une fiche Trajectoire du réseau Dephy. Ce sont notamment des soucis de gestion des graminées (surtout vulpins) qui l’ont poussé à revoir son système pour le rendre plus résilient, et être ainsi moins soumis aux aléas des marchés et de la météo.
Allongement de la rotation
Parmi les changements engagés : la diversification de l’assolement avec l’arrivée du lin oléagineux et des betteraves sucrières notamment. L’agriculteur a aussi spécialisé sa ferme dans la multiplication de semences (dactyle, triticale, épeautre…) pour « pérenniser ses cultures de printemps ». « L’objectif est d’avoir un quart de cultures de printemps et d’alterner les types d’enracinement. »
Assolement du système de culture | État initial | État actuel |
Colza | 60 ha | 37 ha |
Blé tendre | 100 ha | 88 ha |
Orge d’hiver | 41 ha | 41 ha |
Cultures de printemps | 22 ha | 57 ha |
Total | 223 ha |
Avec cet allongement de la rotation, « les adventices sont relativement bien maîtrisées mais des ronds de vulpins subsistent dans le blé, nécessitant parfois un désherbage de rattrapage en sortie d’hiver. La gestion des dicotylédones et vivaces dans certaines cultures de printemps est parfois plus difficile (rumex dans les pois, chénopodes dans les betteraves, chardons). Cependant, la rotation plus longue rend l’agriculteur plus tolérant au salissement grâce aux possibilités de rattrapage en n+1 (pas le cas en système colza-blé-orge) », met en avant Aude Pontonnier, ingénieure réseau Dephy en Eure-et-Loir. L’allongement de la rotation a également permis de « mieux gérer les intercultures (couverts, déchaumages, diminution du labour…) ».
Olivier Vasseur indique aussi « jouer sur les dates de semis de certaines cultures pour agir sur le cycle de développement des mauvaises herbes. Mon blé est donc semé plus tardivement, à la fin du mois d’octobre. Quant au colza, il a été semé plus tôt, au 15-20 août, pour qu’il soit plus résistant et pour faire face aux ravageurs d’automne », précise-t-il. Autre levier mis en avant contre les ravageurs d’automne : la pratique du colza associé avec de la féverole.
Réduction de l’IFT
Sur son exploitation, Olivier Vasseur a également mis en place 4,4 km de bandes fleuries et mellifères pour favoriser la présence des auxiliaires de cultures et des pollinisateurs. Ces derniers sont notamment importants en production de semences.
Avec une reconception globale du système, Aude Pontonnier souligne une nette baisse de l’IFT par rapport à l’état initial. « L’IFT global était supérieur à 5 et il se rapproche désormais de 3 ou 3,5 selon les années, avec un fort accent sur l’IFT fongicides notamment. Ce dernier a été diminué de moitié par le choix de variétés résistantes et aussi une pression maladies plutôt modérée ces dernières années. »
« L’IFT herbicides a été réduit de 30 %, principalement grâce à la rotation. » Pour l’ingénieure réseau Dephy, il faut toutefois « rester vigilant face à la pression graminées et également face aux insectes. Les cultures de printemps comme la betterave ou le lin sont notamment très sensibles à ces ravageurs ».


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