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Maine-et-Loire

Comment les intoxications ont scellé le sort du métam-sodium


AFP le 14/03/2019 à 10:24

En octobre 2018, 61 plaintes déposées dans le Maine-et-Loire pour intoxication au métam-sodium sonnaient le glas de ce pesticide prisé par le maraîchage, désormais banni de l'Hexagone par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).

Tout est parti le 9 octobre à Brain-sur-l’Authion, à l’est d’Angers, quand 61 personnes, ouvriers agricoles pour la plupart, ont été intoxiquées au métam-sodium, un pesticide très utilisé par les maraîchers pour désinfecter les sols avant plantation.

Les victimes souffraient d’irritations des voies oculaires et respiratoires, 17 d’entre elles étaient hospitalisées. Au total deux incidents étaient recensés à Brain-sur-l’Authion, un autre à Mazé-Milon, une commune proche. Plus de 70 plaintes de riverains, salariés victimes des émanations et associations environnementales ont été enregistrées dans le département, pour blessures involontaires par violation à une obligation de sécurité ou de prudence.

Contacté mercredi par l’AFP, le parquet d’Angers a confirmé que l’instruction était toujours en cours. Mais l’accident a scellé le sort du métam-sodium : d’abord suspendu par la préfecture, ses « risques inacceptables pour la santé humaine et l’environnement » étaient épinglés par l’Anses, qui décidait de le bannir de l’Hexagone le 5 novembre. Cette interdiction à effet immédiat a été qualifiée de « décision couperet » par la fédération des maraîchers nantais, leader de la production de mâche en France.

Pour les producteurs du bassin nantais, une des alternatives consiste à étendre les surfaces cultivées en achetant ou louant des parcelles, afin de mettre en place une rotation culturale. Hormis la Vendée, le Maine-et-Loire compte « quelques dizaines d’hectares » dans ce cas de figure, un « épiphénomène », selon Antoine Thiberge, directeur de la fédération. À Brain-sur-l’Authion, l’arrivée des maraîchers nantais s’explique par une double circonstance : d’un côté cette recherche de terres agricoles au-delà des frontières de Loire-Atlantique, de l’autre la libération de terres par certains producteurs locaux – pépiniéristes et horticulteurs – en proie à des difficultés.

La société Primaloire, mise en cause dans deux des trois incidents d’octobre, loue ainsi une soixantaine d’hectares dans la commune. Fin novembre, seul un tiers de la surface avait été mis en culture, une partie était rétrocédée à des producteurs locaux, les hectares restants devant être le terreau d’expérimentations, avait expliqué Charles Jeannin, le cogérant. « Les incidents nous obligent à être meilleurs communicants. Mais le mouvement de panique a pris une ampleur disproportionnée, à notre sens », avait-t-il déclaré à l’époque des faits, arguant que sa société utilisait le métam-sodium depuis des années sans soucis.