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Protection du maïs contre la pyrale

Bioline et la coopérative Oxyane accélèrent l’application des trichogrammes


TNC le 18/06/2021 à 09:04
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Le nombre d'hectares de maïs protégés en biocontrôle augmente d'année en année, avec aujourd'hui quasiment 150 000 ha sur tout le territoire national. Avec l'arrivée du T-Protect Booster, Bioline France et la coopérative Oxyane entendent « booster l'adoption des auxiliaires sur grandes cultures grâce à la mécanisation ».

« Si on veut développer le biocontrôle, il faut le simplifier et donc le mécaniser », souligne Franck Escales, directeur régional de Bioline AgroSciences, pionnier français de cette technologie. Par une belle matinée de juin, dans les plaines bordant l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry (sud-est), un quad enjambeur parcourt à vive allure les rangs de jeunes maïs, équipé d’un épandeur T-Protect Booster crachant tous les 20 m une petite boîte de carton sous le nom de T-Protect. À l’intérieur : 10 000 œufs d’insectes infestés par la larve du trichogramme. Une microguêpe de 0,8 millimètre de long qui, à peine éclose, ira pondre dans les œufs de la pyrale du maïs, un papillon qui est le principal ravageur de cette culture.

L’œuf de pyrale parasité ne se développera pas, permettant à l’agriculteur de se passer, ou du moins de réduire fortement, sa consommation de produits phytosanitaires. En refroidissant les larves de trichogrammes dans son usine de Livron-sur-Drôme (Drôme), Bioline sait séquencer à sa guise l’éclosion des microguêpes. Une boîte peut ainsi en contenir quatre « générations » qui vont naître successivement pendant un mois, durée de prolifération des pyrales.

Jusqu’ici, les plaquettes contenant les œufs parasités devaient être attachées à la main au plant de maïs. Ce qui permettait au mieux de traiter 4 à 5 ha à l’heure. Difficile à mettre en œuvre pour les grandes exploitations, d’autant que la « fenêtre de tir » est très courte. « Cela se joue à quelques jours près », explique Sébastien Rousselle, directeur du marketing de Bioline. La mécanisation permettrait elle de traiter jusqu’à 30 ha par heure. La grande innovation, fruit d’années de recherches et de tâtonnements, est en fait… la modeste boîte en carton contenant les œufs parasités.

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Test à grande échelle

Elle est conçue de telle sorte que les larves qu’elle abrite puissent survivre à des températures du sol supérieures à 40 degrés, fréquentes en été mais mortelles pour ces organismes. Et dès lors que ces boîtes peuvent être déposées à même le sol, des solutions de mécanisation peuvent être envisagées. Le traitement peut être largué depuis un drone ou un hélicoptère, mais cette solution est complexe et sujette aux caprices de la météo. D’où l’avantage du quad enjambeur : il permet de traiter par tous les temps une parcelle quelle que soit la hauteur des maïs.

« En comparaison des capsules appliquées au sol sur un maïs non couvrant, ce nouveau système apporte un réel plus : nous avons mesuré des taux d’éclosions de trichogrammes dans les T-Protect jusqu’à 17 points supérieurs aux taux mesurés dans les capsules. Une différence très significative qui a un impact direct sur l’efficacité de la protection des maïs », précise Florent Ehry, chef marché chez Bioline Agrosciences.

Cette première campagne de tests à grande échelle porte sur 900 hectares, indique Damien Ferrand, responsable du développement d’Oxyane, coopérative régionale partenaire de l’expérimentation. Oxyane est l’un des actionnaires du groupe InVivo, géant de la coopération agricole française qui possède à son tour Bioline (250 salariés et 50 millions d’euros de chiffre d’affaires).

Quand une parcelle est infectée par la pyrale, les pertes de rendement peuvent atteindre 221 euros l’hectare pour le maïs grain et 416 pour le maïs fourrage, affirme la coopérative. L’objectif est de faire tomber le coût du biocontrôle à 45-50 euros l’hectare grâce à la mécanisation, ce qui est « compétitif par rapport à une solution chimique », ambitionne Damien Ferrand. La marge de progrès existe : les solutions de biocontrôle ne représentent à ce jour qu’un quart du marché français de la protection du maïs. Les trichogrammes sont des organismes « hyperspécifiques », prédateurs naturels d’un seul type d’insecte, note Sébastien Rousselle. « C’est à la fois un avantage – ils ne vont pas s’attaquer à des organismes non cibles – mais aussi un inconvénient – on ne peut pas avoir un seul trichogramme efficace contre plusieurs ravageurs ». « Pour d’autres insectes, il faut donc aller chercher dans la nature d’autres espèces de trichogrammes ».

Dans ses collections, Bioline dispose de trichogrammes capables de lutter contre la tordeuse de la vigne, la pyrale du buis, la mite alimentaire ou la mineuse de la tomate… « Mais l’essentiel des débouchés reste la lutte contre la pyrale du maïs », relève Sébastien Rousselle.