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Bilan et perspectives

« Les légumineuses ont le vent en poupe »


TNC le 24/03/2020 à 14:03
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Cultures aux nombreux atouts, les légumineuses bénéficient de marchés de plus en plus diversifiés et font l'objet de plusieurs projets de développement. (©Adobe Stock/Pixabay/Création TNC)

Selon Terres Inovia et Terres Univia, les légumineuses ont le vent en poupe. Ces cultures aux atouts nutritionnels et environnementaux bénéficient en effet de « la mobilisation des acteurs de la filière de l’amont à l’aval » afin « d'assurer leur développement pérenne dans les territoires de l’Hexagone ».

« Les résultats de la récolte passée, ainsi que la nécessité de diversifier les systèmes de culture pour faire face aux aléas climatiques ont encouragé les agriculteurs à insérer des protéagineux, notamment du pois, dès l’automne 2019. Les longs et intenses épisodes pluvieux de novembre et décembre ont souvent rendu impossible ces implantations ainsi que celles d’une partie des céréales d’hiver », présentent Terres Inovia et Terres Univia. Autant d’opportunités à saisir dès le printemps 2020, dont devraient bénéficier avant tout le pois protéagineux et le soja. »

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« Des marchés diversifiés pour valoriser la protéine française »

Surtout que, côté débouchés, des marchés de plus en plus diversifiés s’offrent aux légumineuses. À condition toutefois de « réussir à obtenir les qualités de graines adéquates, d’optimiser les logistiques d’approvisionnement et de privilégier les logiques de contractualisation ». Parmi les espèces de légumineuses cultivées en France, le pois constitue « une matière première de choix, valorisée auprès des unités industrielles de production de protéine concentrée de pois du nord de la France et du Benelux ». Selon Terres Inovia et Terres Univia, ce segment est amené à se développer pour les productions de pois et demain de féverole «  à la faveur d’une demande européenne et mondiale en croissance à deux chiffres pour les ingrédients protéiques d’origine végétale ».

Les féveroles collectées en France en 2020 devraient être utilisées en alimentation animale et aussi approvisionner le marché de l’aquaculture Nord Europe sous forme de graines décortiquées. « Si la qualité des graines le permet, et si des lots de taille suffisante peuvent être constitués, la féverole française pourrait aussi se retrouver sur le marché égyptien de l’alimentation humaine cette année ».

Les marchés de l’alimentation humaine constituent également une voie de valorisation bien établie des graines de soja bio ou conventionnelle produites sous cahier des charges et contrat par des agriculteurs reconnus pour leur savoir-faire. À noter : les utilisations en alimentation animale commencent à se diversifier pour le soja avec des filières régionales de qualité, voulant « s’approvisionner en tourteaux de soja non OGM, non issus de la déforestation, tracés et produits dans des unités de transformation de proximité ». Ces valeurs doivent, toutefois, être encore valorisées au plus près des consommateurs « pour en obtenir la juste rémunération et répartition entre les acteurs de la filière ».

Enfin, les légumes secs, lentilles et pois chiches, produits en France sont de plus en plus demandés et profitent « de plus en plus d’innovations technologiques et culinaires ». Ces cultures doivent aussi « sécuriser leurs performances agronomiques en matière de qualité pour consolider leur place dans les assolements des fermes françaises ». Il est également primordial « d’assurer tout au long de la chaîne, la contractualisation des filières légumes secs, afin de privilégier l’origine française dans les utilisations et permettre un développement équilibré en phase avec la demande ».

« Des projets dynamiques autour de ces cultures »

De plus, comme le rappellent Terres Inovia et Terres Univia, les légumineuses bénéficient aujourd’hui de la mobilisation des acteurs de toute la filière, de l’amont à l’aval, pour leur assurer un développement pérenne. Plusieurs projets sont notamment en cours, parmi lesquels : le projet européen H2020-LegValue, coordonné par Terres Inovia depuis 2017 et qui permet « d’analyser les dynamiques de filières en Europe et les services rendus par les systèmes incluant les légumineuses ». Depuis janvier 2020, Terres Inovia participe aussi au projet régional Pei-Partage (programme agronomique régional pour la transition agro-écologique en Grand Est) qui vise à activer des leviers pertinents pour rendre les systèmes de culture plus autonomes en azote. « Les légumineuses ayant une capacité unique à fixer l’azote, l’institut alimente entre autres les réflexions stratégiques pour inclure au mieux les légumineuses dans les systèmes de production. »

Lire aussi : L’introduction de légumineuses limite le recours aux engrais azotés

Terres Inovia est, par ailleurs, partenaire d’Increase depuis février 2020. Ce projet européen du programme H2020 a pour objectif la mise en place d’une organisation collective de ressources génétiques des légumineuses alimentaires (pois chiche, haricot commun, lentille et lupin) pour l’industrie agro-alimentaire européenne. Terres Univia et Terres Inovia s’impliquent également dans l’accompagnement de la structuration de filières légumineuses à même de diversifier les productions régionales et de fournir des sources locales de protéines végétales de qualité, valorisées dans le cadre d’une amélioration de la durabilité de l’alimentation, comme en Occitanie avec le projet Fileg ou dans l’Ouest de la France (Bretagne, Pays de Loire et Normandie).

Retour sur la campagne passée :

« Si certaines légumineuses ont bien tiré leur épingle du jeu comme le pois d’hiver voire le soja, d’autres ont localement plus souffert de la sécheresse et de la canicule estivale précoce comme la lentille ou la féverole », expliquent Terres Inovia et Terres Univia dressant le bilan de la campagne 2018-2019.

La sole nationale de soja poursuit son développement avec 163 000 ha en 2019 : + 6 % par rapport à 2018. Le rendement national est d’environ 26 q/ha : « une bonne performance au regard de la moyenne quinquennale (26,5 q/ha) et de l’intensité de la chaleur et de la sécheresse estivale ». En conduite irriguée, les rendements tournent autour de 35 q/ha, tandis qu’en sec « ils sont plus hétérogènes et très liés aux conditions de sol et de pluviométrie ». À noter : les punaises ont été observées avec « une fréquence en forte hausse par rapport aux années précédentes » et méritent une attention particulière.

Le pois chiche connaît aussi une augmentation de ses surfaces : 36 000 ha en 2019 contre 32 000 ha en 2018 et 19 500 ha en 2017. « Si peu de dégâts du principal insecte ravageur redouté par le pois chiche (l’héliothis) ont été constatés, les températures estivales ont considérablement freiné la floraison avec pertes de gousses et rupture d’alimentation des graines ». Aux rendements globalement moyens (de 13 q/ha dans le Sud-Est à 19 q/ha dans le Sud-Ouest et 20 q/ha en Poitou-Charentes et Bourgogne), s’ajoutent des pois-chiches de petits calibres, moins prisés par les marchés.

De son côté, la lentille bénéficie d’un réel engouement : elle a vu ses surfaces « tripler depuis 2015, passant de 17 000 ha à presque 37 550 ha en 2019 ». En 2019 pourtant, les rendements sont globalement inférieurs à ceux de 2018 et particulièrement variables en fonction des bassins, allant de 7,5 q/ha en Haute Loire au cœur de la zone de production AOP Lentille du Puy, à 27 q/ha dans l’Aube, la Marne et l’Yonne. « Les cultures ont globalement souffert de conditions climatiques très variables et extrêmes. » De plus, comme les années précédentes, les attaques de bruche ont frappé sur pratiquement tout le territoire avec pour conséquence des qualités de lots dégradées et des prix moins élevés.

En pois, le rendement national, supérieur aux années précédentes, avoisine les 45 q/ha selon les estimations de Terres Inovia et Terres Univia. Les conditions météorologiques semblent lui avoir été profitables avec des « rendements en pois d’hiver, particulièrement performant en 2019, s’élevant à 45 à 60 quintaux par hectare (voire 70 q/ha), et de 30 à 60 q/ha pour les pois de printemps. » Campagne réussie aussi d’un point de vue qualité, avec des graines de belle qualité visuelle et une teneur en protéines de 22 % de la matière sèche ouvrant une valorisation sur l’ensemble des débouchés en alimentation humaine comme animale.

Le bilan est plus mitigé pour la féverole avec un rendement moyen d’à peine 28,2 q /ha selon Agreste. La féverole de printemps a été plus impactée par la phase de canicule de fin juin-début juillet, avec un rendement à 30-40 q/ha par exemple dans le Centre-Ouest. La féverole d’hiver a, elle, été « fortement impactée par les maladies contre lesquelles les agriculteurs se retrouvent démunis de solutions ». En matière de qualité, les attaques de bruche, qui ont entraîné la perte du marché égyptien, ont été moindres et la qualité visuelle pouvait laisser espérer une possible valorisation en alimentation humaine, y compris à l’export si l’opportunité se présentait.