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Sécheresse

« Des céréales d’hiver stressées pratiquement partout en France »


TNC le 23/05/2022 à 15:35
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Les situations de stress hydrique progressent de jour en jour, affectant les sols superficiels partout en France. (©Compte twitter @Guillaume Cachon)

Quel peut être l’impact de la sécheresse sur les céréales d’hiver ? Dans une note du 18 mai, Jean-Charles Deswarte, expert Arvalis, fait le point sur l'état actuel des parcelles en France.

« L’eau contribue à trois grands mécanismes de la plante : l’absorption racinaire, la photosynthèse et le refroidissement des tissus », rappelle Jean-Charles Deswarte. Quelles conséquences peut avoir le stress hydrique actuel sur les céréales d’hiver ? 

Pour l’expert Arvalis, « il est difficile aujourd’hui de se projeter sur le comportement final des cutures. […] On peut supposer que les enracinements des cultures sont bons, aidés par de bonnes implantations l’automne dernier, et peu d’excès d’eau hivernaux. Les statuts azotés ont également été sécurisés par de bonnes valorisations des apports « épi 1 cm » dans la majorité des cas. Seuls les apports « fin montaison » ont pu être mis en défaut en l’absence de pluie ou d’irrigation », précise-t-il. 

« Les prévisions météorologiques laissent espérer quelques pluies et surtout une baisse des températures. Les éléments inquiétants de la campagne en cours sont surtout les fortes températures relevées ces derniers jours et les perspectives d’un mois de juin plus chaud que la moyenne ». 

Selon Jean-Charles Deswartes, c’est l’extrême sud-est qui est dans « la situation la plus alarmante, avec un déficit de précipitations et de fortes évapotranspirations depuis plusieurs mois déjà. Cependant, les situations de stress hydrique progressent de jour en jour, affectant les sols superficiels partout en France, et pénalisant désormais des situations moyennes et profondes qui ne bénéficient pas de l’irrigation d’appoint ».

Un impact différent selon le stade des cultures

En fonction de la période d’expression du stress hydrique et du stade des cultures, les impacts peuvent être différents, rappelle l’expert. Il détaille : 

– « Au cours du tallage (situation très rare en France pour les espèces d’hiver, mais éventuellement possible sur des semis de printemps), l’émission des talles peut être affectée, voire arrêtée, alors que la croissance préférentielle du système racinaire en profondeur est privilégiée. »
– « Lors d’un stress hydrique en montaison, la montée à épi est évidemment affectée, mais elle est souvent associée à une carence azotée induite (engrais non disponible pour la plante par manque de pluie). Dans ce cas, la surface foliaire peut aussi être affectée (réduction de taille des dernières feuilles, régression de talles, sénescence précoce des feuilles les plus âgées). La densité d’épis finale est évidemment affectée en premier lieu ; la fertilité épi peut également être pénalisée si le stress se maintient. »
– « En fin de montaison et courant de remplissage, ce sont les organes en croissance qui sont affectés, en particulier les épis et les grains en formation. Les composantes affectées sont évidemment la fertilité des épis et le poids de mille grains ».

L’observatoire Céré’Obs de FranceAgriMer rend compte, chaque semaine, de l’état des céréales et de leur avancée. Au 16 mai, le stade épiaison concernait 60 % des parcelles de blé tendre, contre 26 % la semaine d’avant. 

(©Céré’Obs de FranceAgriMer)

(©Céré’Obs de FranceAgriMer)

Les conditions de cultures évoluent aussi : 82 % des parcelles de blé  tendre étaient « dans un état bon à très bon » au 9 mai dernier. Cela concernait plutôt 73 % des parcelles au 16 mai. 

(©Céré’Obs de FranceAgriMer)

Des « blés catastrophiques » pour Gilles VK

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Sur le terrain, Gilles Vk, agriculteur dans le Loiret, témoigne de l’état de ses blés. Alors que les semis s’étaient déroulés dans des conditions trop humides, c’est le sec qui a pris le dessus depuis quelques mois. « Mes blés sont stressés, les feuilles se replient sur elles-mêmes. Celles du bas sont jaunes à cause de la sécheresse. On voit aussi des talles avortées », explique le céréalier.

Son potentiel de rendement est entamé, s’il pleut dans les prochains jours, il espère sauver les meubles en faisant 50 quintaux, mais il craint plutôt des records vers le bas, en dessous des 35 quintaux.

Même constat dans l’Yonne pour Guillaume Cachon : 

Les orages de cette fin de semaine pourraient apporter une petite respiration, en espérant qu’ils ne soient pas trop violents…

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