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« Gilets jaunes »

Les ONG reprochent à la FNSEA d’instrumentaliser le contexte


AFP le 06/12/2018 à 18:15

Les ONG environnementales ont dénoncé en chœur jeudi une instrumentalisation par la FNSEA du contexte social des « gilets jaunes » afin de faire pression pour le retrait de mesures favorisant la transition écologique, au lendemain de son appel à organiser des actions la semaine prochaine.

La FNSEA, syndicat majoritaire chez les agriculteurs, a annoncé mercredi des actions durant toute la semaine prochaine pour protester contre l’« agri-bashing » (dénigrement systématique de l’agriculture), réclamer l’application de la loi Alimentation et protester contre de nouvelles contraintes fiscales et réglementaires. C’est ce dernier point qui a crispé les organisations environnementales. La FNSEA a ainsi ciblé deux mesures : la hausse de la redevance pour pollution diffuse appliquée aux produits phytosanitaires et l’ordonnance encadrant la séparation du conseil et de la vente des produits phytosanitaires dans la loi Agriculture et Alimentation.

Le WWF France dénonce « une instrumentalisation du climat actuel et appelle le gouvernement à ne pas sacrifier la santé des Français », alors que Générations Futures dénonce « l’attitude de la présidente de la FNSEA qui, profitant de l’instabilité provoquée dans le pays par les mouvements sociaux », exerce un « chantage ». Un terme également repris par la FNH (Fondation pour la nature et l’homme), qui fustige le « lobbying menaçant » du syndicat agricole. « Ces deux mesures visent à réduire l’utilisation des produits phytosanitaires et à financer la conversion de l’agriculture française vers l’agro-écologie », souligne le WWF, selon qui elles ont été « décidées dans un cadre démocratique et répondent à une attente sociétale forte des familles et des consommateurs ».

« Si les manifestants veulent notamment plus de pouvoir d’achat et moins d’impôts, ils ne veulent pas plus de cancers et de maladies de Parkinson pour eux et leurs familles », ajoute le WWF. Pour Générations Futures, « ces pressions de la FNSEA sont intolérables car il s’agit de profiter d’une période de difficulté sociétale pour obtenir des avantages purement corporatistes au détriment de l’environnement et des impacts sanitaires éventuels induits ». Quant à la Ligue de protection des oiseaux (LPO), elle estime que « la présidente de la FNSEA profite des troubles sociaux pour remettre en cause les progrès environnementaux ».

La présidente de la FNSEA, lors d’un entretien accordé à l’AFP, a dénoncé mercredi, « une transition écologique à marché forcée, au pas cadencé », se traduisant par un « matraquage fiscal ». Au sujet de la redevance pour pollution diffuse, « taxe écologique de 140 millions d’euros », elle a affirmé qu’elle allait augmenter cette année officiellement de 50 millions et en réalité de 115 millions. Quant à la séparation de la vente et du conseil en produits phytos dans les coopératives agricoles, « c’est 1 500 euros de charges en plus par agriculteur par an », a-t-elle affirmé.