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[Space] Bien-être animal

Les éleveurs français modifient leurs pratiques


AFP le 12/09/2018 à 15:04

Les éleveurs français qui vivent mal d'être régulièrement montrés du doigt par les associations assurent prendre en compte le bien-être animal dans leurs pratiques, lors des débats du Salon international de l'élevage (Space) de Rennes.

La loi Agriculture et alimentation, qui prévoit un durcissement des sanctions contre les mauvais traitements, revient ce jour à l’Assemblée nationale. Chez les éleveurs, les vidéos choc de poussins broyés vivants ou d’animaux reprenant connaissance à l’abattoir, diffusées régulièrement par les associations anti-élevage, sont mal vécues.

« Je souffre d’être considérée comme une tortionnaire », confie Marie-Line Hemery lors d’un débat organisé par l’Institut du Porc (Ifip). A la tête d’un élevage de 3 500 porcs, la Normande s’est inspirée du Royaume-Uni pour améliorer le bien-être de ses animaux. « Dans les années 1970, il fallait produire pas cher, on est partis sur des normes très intensives sans évoquer le bien-être », se souvient-elle. En 2010, l’éleveuse a abandonné les cages, la castration des porcelets, les antibiotiques, et fournit une alimentation « souple » ainsi que des jouets à ses bêtes. « Je suis très heureuse de voir mes animaux gambader dans des grands parcs. Quand l’animal va mieux, je vais mieux », reconnaît-elle.

Fin août, le ministre de l’agriculture Stéphane Travert a présenté un plan « bien-être animal », dont certaines mesures doivent figurer dans la loi Agriculture et alimentation, comme le doublement des sanctions en cas de mauvais traitement. Mais pour les associations, le compte n’y est pas. « C’est un rendez-vous raté », assure Léopoldine Charbonneaux, directrice France de l’association CIWF. « On attendait du législateur qu’il prenne en compte les attentes sociétales, comme sur l’élevage des poules en cage dont ne veulent plus les Français, mais tout reste au bon vouloir des filières et il n’y a pas d’engagement contraignant ». 

Sur ce point, la filière œufs s’est engagée à limiter à 50 % la proportion d’œufs issus d’élevages en cages d’ici à 2022, contre deux tiers aujourd’hui.

« Les pays d’Europe du Nord sont historiquement plus sensibles à la question du bien-être animal », rappelle Christine Roguet, économiste à l’Ifip. « Ils ont des ONG de défense des animaux de ferme très puissantes, très connues des citoyens, qui ont créé des labels pour informer le consommateur ».

En France, toutes les filières (producteurs, transformateurs) travaillent sur des « indicateurs de bien-être » pour tenter de définir un socle commun qui tienne compte de la diversité des exploitations.

Parmi les initiatives, l’industriel Vallégrain envisage d’obliger ses 95 éleveurs porcins à se former à la question du bien-être animal, tandis que la Cooperl, également spécialisée dans la production porcine, expérimente un bâtiment baigné de lumière naturelle où les animaux ont accès à différentes zones de vie, sans émanation d’ammoniaque.