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Trémargat

Le village breton « hors norme » et durable


AFP le 05/10/2018 à 15:20

« Pauvre et incultivable » dans les années 70, Trémargat, village du Centre-Bretagne aux 200 âmes volontaires, est désormais un objet de curiosité en France et à l'étranger pour son agriculture bio et sa démocratie participative.

Autour du bourg, un bocage vallonné verdoyant, bordé de haies et taillis. Une campagne du « Kreiz Breizh » (cœur de la Bretagne) qui semble figée, épargnée par le remembrement rural, destiné à agrandir les exploitations agricoles. Pourtant avec ses 50 chèvres élevées à l’herbe, Nolwenn Le Bœdec, est « bien occupée ». « On fait plein de métiers à la fois : éleveurs, paysans parce qu’on travaille la terre, fromagers, commerçants. Je fais aussi partie de l’épicerie associative », énumère l’ancienne restauratrice francilienne, arrivée il y a 12 ans.

Dans cette commune des Côtes-d’Armor moins peuplée qu’une rame de métro, on ne compte pas moins de 16 associations et 33 entreprises d’agriculteurs, potier, ébéniste, fleuriste, infirmiers, coutelier… « C’est totalement hors norme », reconnaît Mathieu Castrec, éleveur de 37 ans. Avec 16 exploitations réparties sur 600 hectares, « on a réussi à prouver que nous les arriérés, les néoruraux, on peut travailler sur des petites exploitations et qu’on gagne bien mieux notre vie que la majorité des exploitations conventionnelles qui détricotent l’emploi », estime l’ancien cuisinier en Savoie. « Un joli pied de nez ». Une fois la traite achevée, il troque sa tenue d’éleveur pour celle d’adjoint au maire. « On n’habite pas à Trémargat par hasard, les gens sont acteurs de leur environnement », explique-t-il.

Le maire y est élu pour un mandat unique. Une seule liste se présente aux élections et le conseil municipal met en oeuvre un projet émanant des idées des habitants. « Cela ne veut pas dire que tout est rose », nuance l’élu-éleveur. « On a des forts caractères mais quand les choses se posent, on réussit à dépasser les tensions ».

« Modèle » d’art de vivre ? 

Pour rénover l’église « qui ne concerne presque plus personne », il a fallu trouver des compromis et « mouiller le maillot ». Un montage financier associant subventions et mécénat a permis de ne pas grever les 150 000 euros de budget de la commune. Pour faire revivre son bourg, la municipalité, alimentée en électricité 100 % renouvelable, a racheté les murs du bar et de l’épicerie laissant la gestion aux associations. L’aménagement du centre s’est effectué « quasi bénévolement, lors de chantiers collectifs », raconte Mathieu Castrec, qui a grandi à Trémargat avant de « fuir » puis de revenir reprendre la ferme familiale.

Arrivée à 19 ans pour un été, Nathalie Bénibri, 54 ans, n’est jamais repartie. « J’ai choisi mon lieu avant de choisir mon travail ». Au service du midi, son restaurant Coriandre fait le plein. « Je veux montrer sans prétention qu’on peut manger bio pour pas trop cher. Sa formule complète est à 14,50 euros café compris et « cela fait 9 ans que ça tourne ! », clame la restauratrice.