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Production biologique

Malgré la crise, le lait bio veut s’accrocher


TNC le 22/04/2024 à 08:31
produitslaitiers

La filière lait bio se fixe un programme ambitieux et demande des aides pour passer le cap de la crise. (© Adobe stock)

La filière lait biologique est fortement touchée par les conséquences de l’inflation, qui entraîne une forte déconsommation. Ses acteurs s’efforcent d’œuvrer pour la préserver. Parmi eux, Biolait, qui a tenu récemment son assemblée générale, a annoncé ses objectifs pour 2050. La Fnab, quant à elle, s’exprime pour réclamer des aides visant au maintien et à la transmission des exploitations en agriculture biologique, ainsi qu’à la pérennisation des terres en bio.

1 200 fermes, 270 millions de litres de lait collectés en 2023 dans 74 départements. C’est le bilan d’activité établi par Biolait lors de son assemblée générale, qui s’est tenue les 4 et 5 avril derniers. En 2023, l’organisation de producteurs a payé en moyenne 482 € pour 1 000 litres, soit 6 % de plus qu’en 2022.

Un prix cependant « encore insuffisant face à une inflation à 4,9 % et des consommateurs moins enclins à acheter bio », ont déclaré les représentants de l’organisation de producteurs lors d’une visite de ferme en Ille-et-Vilaine, le 17 avril 2024.

2023 aura donc été marquée par l’inflation et par la baisse de la consommation du bio. Outre le recul du chiffre d’affaires lié à la consommation bio (- 1,3 % versus 2019), l’offre en magasin a parallèlement diminué de 10 % entre 2022 et 2023.

Du côté des fermes, même si le bilan reste mitigé, les éleveurs se disent convaincus de la pertinence de leurs pratiques, notamment face à l’urgence du dérèglement climatique.

Trois enjeux pour 2050

D’ici à 2050, Biolait se fixe pour objectif de collecter du lait bio sur tous les territoires, même les plus reculés. « Le bio partout et pour tous », c’est le cap fixé par Nathalie Delagnes, la présidente de Biolait. Pour les 25 années à venir, elle a défini trois enjeux :

– accompagner l’amont pour maintenir les bonnes pratiques des fermes existantes. Cela passe notamment par le déploiement des PSE publics ou des MAEC sur tous les territoires. Cela signifie aussi mettre à jour les estimations financières de l’impact positif du mode de production biologique ;

– consolider les débouchés en accompagnant les acteurs de l’aval. En particulier, apporter un soutien économique pour permettre la collecte dans les territoires éloignés et difficiles d’accès ;

– structurer la filière pour pérenniser les exploitations et assurer leur renouvellement. Cela passe, par exemple, par l’accompagnement financier au déclassement de la production ou l’extension de la DJA à toutes les exploitations pour favoriser la transmission et l’installation en bio.

Garder les terres bio en bio

Parallèlement, la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab) appelle à un projet de loi d’orientation ambitieux et réclame en particulier que les terres bio soient maintenues en bio.

« Les terres en agriculture biologique ont bénéficié d’importants soutiens publics, qui ont représenté 1,8 milliard d’euros entre 2015 et 2020, détaille la fédération. Ce serait un non-sens de laisser ces terres repartir en conventionnel au moment de leur transmission. C’est pourtant ce qui se passe dans beaucoup de cas où une ferme en agriculture biologique ne trouve pas de repreneur en bio ».

La Fnab demande donc à ce que la loi priorise systématiquement les projets d’installations en bio lors de l’attribution des autorisations d’exploiter des terres en fermage, a fortiori pour celles déjà conduites en bio. Elle réclame enfin un accès réel des fermes bio aux fonds de crise.