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Semis de couverts avant la récolte

Le drone : un outil agricole crédible et polyvalent


TNC le 29/06/2020 à 06:03
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Le semis à la volée avant la récolte du blé bénéficie de l’humidité résiduelle au sol et améliore les chances de réussite du couvert d’été. (©Nathalie Tiers)

Connu d’abord pour l’imagerie aérienne, le drone commence à diversifier ses activités. Une version lourde, de 2 m d’envergure capable d’embarquer 10 kg de charge, s’annonce prometteuse pour semer des couverts, épandre des trichogrammes, voire pulvériser des traitements.

« Le drone RDM AG est aujourd’hui une machine agricole aboutie : il est étanche, robuste et peut transporter des charges. Il dispose en outre des dernières technologies disponibles. » Co-gérants de la société Reflet du monde basée en Gironde, le photographe et vidéaste Lilian Marolleau et l’ingénieur aéronautique Patrice Rosier, travaillent depuis plusieurs années à la conception d’un outil répondant à des problématiques agricoles. Ce développement a commencé avec Ovalie Innovation, filiale des groupes coopératifs Maïsadour et Vivadour dans le Sud-Ouest.

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L’implantation de couverts végétaux étant obligatoire en monoculture de maïs notamment, l’objectif était de proposer aux agriculteurs des solutions favorisant leur réussite. Avec le drone, le semis peut se faire fin août, dans la culture en place, avant le dernier tour d’irrigation pour une bonne germination. Ovalie possède désormais deux machines et a formé deux pilotes. Elle propose une prestation à ses adhérents pour 20 €/ha (hors semences).

En 2020, 400 ha de couverts devraient être semés et 500 ha recevront des trichogrammes. La chambre d’agriculture des Pays de la Loire a également fait appel à Reflet du monde pour des semis de couverts d’été deux semaines avant la récolte du blé. Objectif : réduire le salissement des parcelles. Le drone n’endommage pas la culture en place comme avec le tracteur ; il ne consomme pas de carburant et représente un gain de temps. Reflet du monde propose des prestations, vend des drones et forme aussi les pilotes. « La formation est indispensable pour que les agriculteurs conservent leur autonomie d’action », reconnaît Lilian Marolleau. 

Des vols de 15 à 35 minutes 

La polyvalence des applications est importante car l’investissement représente 50 000  € et a donc plutôt vocation à concerner les collectifs du type coopératives, Cuma, syndicats des eaux… Le drone RDM AG embarque jusqu’à 10 kg de semences, 4000 capsules de trichogrammes ou 10 l de produit de traitement. « En France, la pulvérisation aérienne est interdite mais elle peut toutefois être envisagée à basse altitude avec des produits de biocontrôle, ou sur dérogation, avec des traitements classiques sur les vignes en pente de 30 % par exemple, indique Lilian Marolleau. Nous avons également été sollicités pour de la démoustication dans des zones de marais non accessibles, et nous étudions la possibilité de démousser les toitures. »

Pour Lilian Marolleau, co-gérant de la société Reflet du monde « la formation au pilotage est indispensable au sein des collectifs d’agriculteurs pour qu’ils conservent leur autonomie d’action ». (©Nathalie Tiers)

Le drone RDM AG mesure 80 cm de haut et 2 m d’envergure en position déployée. Chargé, son poids total peut atteindre 25 kg, soit la limite maximale autorisée en France pour des activités civiles. « Du point de vue technologique, nous sommes aujourd’hui capables de faire voler un drone de 40 kg dont 20 kg de charge. Mais la réglementation actuelle ne le permet pas, sauf de façon dérogatoire. » Quand sa masse atteint 25 kg, l’autonomie du drone est de quinze minutes grâce aux deux batteries au lithium pesant à elles seules cinq kilos. Avec les trichogrammes, plus légers, la machine peut voler pendant 35 minutes. Sa vitesse maximale est de 5 m/s ; il peut couvrir entre 5 et 10 ha en fonction de l’application et de la densité de semis.

Radar frontal anticollision et capteurs d’altitude 

Avant le vol en lui-même, il y a tout un travail préparatoire. « À partir des coordonnées GPS de la parcelle, nous vérifions que la zone est autorisée pour le vol, explique Lilian Marolleau. Si ce n’est pas le cas, un protocole spécifique doit être réalisé. Nous dessinons ensuite le plan de vol de la mission à l’aide d’un logiciel. Par exemple, en fonction de la densité de semis désirée, nous calibrons la vitesse du drone et l’ouverture de sa trémie. »

Une fois sur place, le pilote gère le décollage et l’atterrissage et surveille l’engin une fois qu’il travaille en mode automatique pour vérifier qu’il suit le plan de vol établi. À  l’aide d’une caméra embarquée, le pilote suit la trajectoire sur son écran. La machine vole à 3 m environ au-dessus de la canopée. Grâce à trois capteurs, elle maintient une altitude constante et épouse ainsi le relief des parcelles. Elle est également équipée d’un radar frontal anticollision qui détecte les obstacles (arbre, poteau). En revanche, la présence de fils électriques doit être repérée en amont, au moment de la préparation de la mission.

Quand la trémie est vide, le drone revient automatiquement à sa base ; après rechargement, il reprend là où il s’était arrêté. Le semis à la volée se fait sur 6 m de large environ. Le drone peut résister aux vents jusqu’à 40 km/h, mais de telles conditions peuvent pénaliser la bonne répartition des graines.