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Agroéquipements

La mécanisation a augmenté la productivité mais pas les revenus agricoles


TNC le 21/09/2021 à 18:02
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Dans un rapport publié en septembre, le CGAAER met en évidence les progrès permis par la mécanisation, notamment au niveau de la productivité, sans pour autant observer de répercussion sur les revenus agricoles. Les auteurs évoquent donc plusieurs leviers pour optimiser les charges de mécanisation, alors que les agroéquipements restent indispensables à la transition de l’agriculture.

En moyenne, les charges de mécanisation des agriculteurs français représentent 18 % des charges d’exploitation, soit un total cumulé de 18 milliards d’euros par an, rappelle un rapport du CGAAER publié le 13 septembre. Si les agriculteurs investissent beaucoup dans les agroéquipements, c’est en partie grâce aux gains de productivité qu’ils permettent sur les exploitations, dans un contexte de disparition progressif de la main d’œuvre familiale.

Ainsi, « pour 1 ha de blé Il y a 20 ans, l’agriculteur consacrait environ 8 heures à la réalisation de l’ensemble des tâches. Aujourd’hui, ce sont plutôt 5 h et on se rapproche de 4 h. On mesure l’impact des progrès réalisés et la puissance de la mécanisation », souligne le rapport. 

Des agriculteurs seuls face à leurs choix, poussés à investir vite

Alors que tous les agriculteurs sont confrontés à cette problématique d’achat, ils restent assez seuls face à ce choix d’investissement. « La mission n’a pu que constater l’absence véritable de stratégie collective d’achat », indique le CGAAER.

Le cadre fiscal est par ailleurs favorable à ces achats, avec une orientation politique qui pousse aux investissements, ce qu’a d’ailleurs démontré le succès du volet agroéquipement du plan de relance. Néanmoins, cette décision « peut induire des effets financiers à plus ou moins long terme qu’il est utile de vérifier avec une prévision de retournement de conjoncture », elle impacte aussi « directement le niveau d’amortissement, qui est le principal élément de la charge de mécanisation », rappelle le rapport du CGAAER.

En grandes cultures, une progression des charges parallèle à la progression des revenus

Ce dernier, qui s’est notamment penché sur le secteur des grandes cultures, constate que « la progression de la charge de mécanisation entre 2002 et 2015 intervient dans un contexte de progression des revenus et doit être analysée comme étant liée à la recherche de solutions fiscales permettant de réduire le revenu imposable ». L’investissement a pour objectif de réduire la charge fiscale.

Cette tendance s’accompagne d’une différence allant du simple au double sur les charges de mécanisation à l’hectare, soit 256 euros à 535 euros, notent les auteurs, qui mettent en avant « la charge d’amortissement du matériel (net de plus-values sur revente) » pour expliquer la différence. La charge de mécanisation est liée à quatre facteurs : l’amortissement, l’usage du parc de matériel, la potentialité agronomique des sols et la performance de l’exploitant.

Une productivité qui augmente mais des revenus qui stagnent

« Gagner du temps de main d’œuvre, gagner des passages de machines, optimiser le temps d’usage sont les principaux critères retenus dans les décisions d’achat de nouvelles machines », soulignent les auteurs. Pourtant, malgré les gains de productivité effectifs sur les exploitations, « la tendance générale de stagnation des revenus depuis 2015 montre, certes avec des particularités pour la viticulture, que la forte augmentation de productivité de l’agriculture par UTA (unité de travailleurs agricoles), n’a pas bénéficié à l’agriculture », ajoutent-ils.

Dans ce contexte, l’optimisation des charges de mécanisation constitue donc un sujet de premier plan pour les agriculteurs, qui peuvent actionner plusieurs leviers : la recherche de matériel à un moindre coût, la meilleure performance dans le pilotage des pratiques agricoles et la gestion des intrants, ou encore l’optimisation de l’usage du matériel par de nouvelles formes d’organisation, y compris par le recours aux prestations. Le rapport cite le développement de nouvelles pratiques d’achat plus collectives, encore minoritaires, à l’image des appels d’offres d’exploitations qui se regroupent, de l’appel d’offre de la FNEDT tente un appel d’offres, ou encore de la société de négoce qui équipe les CUMA (Camacuma).

Ces leviers d’autant plus importants que la mécanisation reste primordiale pour assurer la transition de l’agriculture, optimisant la gestion des intrants et la fertilité des sols, la réduction des intrants, l’utilisation des ressources en eau… Ces évolutions devront par ailleurs s’accompagner d’une offre de formation plus adaptée à l’augmentation du recours aux nouvelles technologies, et par un soutien accru de l’État, recommande le rapport.

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