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Autoconstruction

François Becquet : « J’ai construit mon semoir TCS pour 27 000 € seulement ! »


TNC le 11/10/2019 à 06:02
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Pour s’adapter aux types de sol de son exploitation et limiter les investissements, François Becquet a conçu lui même son outil de semis direct. Les performances du semoir sont telles qu'aujourd’hui, ses voisins lui demandent de semer leurs cultures en prestation de service.

En arrivant à la ferme de Villaine à Baugé-en-Anjou (Maine-et-Loire), les curiosités ne manquent pas ! À commencer par les 180 cervidés qui pâturent dans la parcelle mitoyenne de celle des vaches allaitantes. Ensuite, ce sont les couverts végétaux qui attirent l’œil. Puis, dans la cour de l’exploitation, le semoir de l’agriculteur. Et pour cause : l’outil n’aborde aucune marque connue. C’est François Becquet, l’exploitant installé depuis le 1er janvier 2018, qui l’a conçu ! Cet ancien responsable R&D en machinisme agricole sur le segment de l’ACS (agriculture de conservation des sols), a fabriqué lui-même son outil pour répondre aux contraintes du semis direct.

« En arrivant dans le Beaugeois, les autres agriculteurs disaient qu’il n’était pas possible de cultiver sans travailler le sol ! J’ai relevé le défi et j’ai conçu le semoir en adéquation avec les contraintes locales », annonce-t-il fièrement. Cet outil, surnommé affectueusement « mon bébé » a demandé plus de deux ans de réflexion. Concrètement, la conception a nécessité un an et demi de travail. « Quelqu’un qui n’aurait que ça à faire pourrait le monter en trois mois, mais je suis éleveur avant tout donc ce n’est pas mon cas », témoigne le flamand d’origine, émigré en Pays de Loire.

Un assemblage hétéroclite

Côté châssis, François a fait appel à un de ses anciens partenaires dans la Somme. Sur cette pièce maîtresse, il a disposé une rangée de disques ouvreurs dont le travail consiste à créer une saignée et à hacher le couvert en place. Cette fonction est importante, en particulier sur son exploitation, car le producteur sème systématiquement un couvert pendant les inter-cultures longues et entre deux céréales.

Le semoir de François a du succès, ses voisins lui demandent de semer leurs couverts végétaux. (©Paul Renaud)

À chaque disque correspond ensuite un élément semeur équipé d’une dent de 10 mm. « J’ai opté pour une roue de rappui derrière chaque dent pour ne pas trop perturber la vie du sol », explique-t-il. Pour ces équipements, l’homme a pioché les pièces chez les différents constructeurs. Par exemple, la trémie frontale Avant-Profi achetée d’occasion provient du catalogue Amazone. « J’ai investi dans une tête de répartition 100 % inox pour pouvoir faire de la fertilisation également si je l’envisage à l’avenir», ajoute encore le fermier.

Seulement 25 000 € de composants

Le semoir finalisé mesure 4,2 m et il suffit d’un tracteur de 125 ch pour le tracter. « Dans les bonnes terres, je travaille à 10 km/h ; je descends à 5 km/h dans les zones caillouteuses », affirme François. Côté consommation, le moteur brûle seulement 6 l de fioul par hectare. Il faut ajouter le carburant utilisé pour le roulage. Sur l’ensemble de son itinéraire cultural, l’agriculteur déclare consommer 45 l de carburant là où il faut en moyenne 100 l en technique conventionnelle.

Sulky : Des semoirs pensés pour la transition agricole

L’objectif de départ était de ne pas dépasser 10 000 € du mètre de largeur de travail. « J’ai dépensé 25 000 € pour l’achat des composants et de la trémie frontale d’occasion. C’est finalement peu, surtout quand on sait que ce type de semoir se vend environ 70 000 € chez les constructeurs », se réjouit-il.

Un outil polyvalent

Sur l’exploitation, le semoir est présent sur tous les fronts. Il sème 49 ha de prairie temporaire au fur et à mesure de leur renouvellement, les céréales de la rotation et les couverts végétaux. « J’ai même semé du colza pour une expérimentation cette année. Je devais les détruire car la culture n’entre pas dans ma rotation mais ils sont si beaux que mon conseiller agronomique préconise de les garder », sourit l’éleveur. Et d’ajouter que « les couverts sont également levés de manière très homogène. J’en ai d’ailleurs semé une quarantaine d’hectares en prestation de services pour des voisins ! », ajoute t-il. La preuve de l’efficacité du semoir conçu par François.

Pour l’exploitant, avide de nouvelles expériences, la prochaine étape consiste à semer son blé directement dans la luzerne, sa tête de rotation. « Après trois ans, elle est en pleine forme au moment de semer le blé. Je n’ai pas envie de la détruire. L’idée serait donc de la maintenir en la contrôlant dans la première céréale mais aussi dans la suite de la rotation », s’interroge-t-il. Pour cette nouvelle modalité de semis, François comptera à nouveau sur son semoir auto-construit pour réussir l’implantation.