Accéder au contenu principal
[Reportage] Cuma intégrale

David Mascaras (32) : « Une aventure économique, agronomique et humaine »


TNC le 30/12/2019 à 05:55
fiches_fzrar

Accéder à du matériel de pointe sans faire exploser ses charges de mécanisation : c'est le pari que se sont lancés David Mascaras et quatre agriculteurs du Gers (32). Depuis 2011, ils travaillent en Cuma intégrale, une aventure selon eux autant "économique, agronomique qu'humaine". Lors de cette interview, David Mascaras explique ce qui a motivé leur dernier achat : un semoir à dents, après 10 ans de semis direct.

« Si nous regardons à court terme, l’achat de matériel et de terres pénalise la rentabilité durant les 10 à 15 ans qui suivent une installation », explique David Mascaras, polyculteur à Miradoux (32) depuis 2011 sur 140 ha. « Je ne voulais pas d’un système de capitalisation. Je ne suis propriétaire que de 20 % du foncier alors pour le matériel, j’ai fait le choix de la location également ». L’agriculteur et quatre exploitants voisins décident de travailler en Cuma intégrale. Ils intègrent une structure existante de 25 adhérents et font évoluer le parc matériel. Deux John Deere 6145R viennent seconder le tracteur forte puissance déjà existant et les outils suivent. « La Cuma intégrale, c’est une aventure économique, agronomique et humaine », insiste-t-il.

Les pratiques agricoles s’harmonisent

« Pour un bon fonctionnement, il y a trois maîtres-mots : confiance, organisation et entraide. » Sur les 600 ha de Cuma intégrale, les cinq agriculteurs ont appris à travailler ensemble. « Nous avons un planning de réservation et chaque membre est responsable d’une section. » En plus du parc matériel qui offre un important débit de chantier (capacité d’épandage d’engrais : 200 ha/jour, NDLR) leurs pratiques agricoles se sont harmonisées au fil des années. « Entre les fonceurs et les plus traditionalistes, il y a une impulsion de groupe mais une réflexion agronomique commune est menée ». Le fonctionnement est équilibré : « Par exemple, nous ne sommes pas contre l’arrivée d’une personne supplémentaire, mais c’est important d’avoir des pratiques agricoles similaires. Pour gagner 3 € de plus, nous ne pouvons risquer de mettre en danger tout un système ».

Des automoteurs avec des contrats de maintenance de trois ans

« La Cuma intégrale permet d’accéder aux nouvelles technologies à des coûts intéressants ». Pour chaque exploitation, les charges de mécanisation s’élèvent à 175 €/ha, gazole et moisson inclus, soit presque deux fois moins que la moyenne du Gers (32).

Le confort de travail est aussi au rendez-vous, comme le souligne le taux de renouvellement rapide des automoteurs : tous les deux à trois ans. Plus qu’une marque, les agriculteurs s’attachent au service après-vente des concessionnaires. « Nous travaillons avec trois établissements dont un spécialisé dans le matériel de récolte. Pour sécuriser nos investissements, nous achetons chaque automoteur avec une garantie d’entretien de trois ans. Ce qui présente un double avantage : technique, car les opérateurs connaissent bien le matériel, et financier car ils proposent des reprises plus intéressantes. Bien sûr, ça ne nous empêche pas de faire jouer la concurrence pour rester maîtres de nos coûts. »

Les investissements changent de cap

En 2019, la Cuma a acquis un nouveau semoir à céréales : un Megant de chez Kuhn. Un virage pour ces exploitants du Gers (32), qui ont ressorti le déchaumeur alors qu’il travaillent depuis plus de 10 ans en semis direct « Pour remplacer notre matériel de semis direct, nous aurions dû débourser environ 110 000 € ». Un investissement jugé périlleux par le groupe avec l’arrêt du glyphosate qui représente une épée de Damoclès. « Nous avons malgré tout conservé l’ancien semoir. Mais la semaine dernière, nous avons reçu un communiqué annonçant que l’Anses retirait du marché 36 produits phytosanitaires, ce n’est donc plus juste une tendance. Nous n’envisageons pas de passer en agriculture biologique demain mais nous ne pouvons pas occulter les exigences de la société. Elles ont une incidence sur nos choix économiques et agronomiques. » Quant à la question : quel sera le prochain investissement de la Cuma ? David Mascaras et les autres membres prévoient l’arrivée d’une herse étrille dans les trois prochaines années.

Créer plutôt qu’acheter ? C’est le pari de François Becquet : « J’ai construit mon semoir TCS pour 27 000 € ! »