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Gestion du foncier

Bilan de l’artificialisation des terres agricoles en France


Politique et syndicats le 12/05/2016 à 16:25
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Après plusieurs années d’alerte de la part de la profession sur la surconsommation de terres agricoles pour d’autres usages, l’heure est au bilan.

F in mai 2016, la Fédération nationale des Safer publiera son traditionnel rapport sur les marchés fonciers, avec les chiffres tant attendus de l’évolution des prix des terres, mais aussi avec, sans aucun doute, une énième alerte sur le syndrome français de la surconsommation de terres agricoles. Après des années de mises en garde sur un phénomène impactant le potentiel productif de la ferme France, l’heure est au bilan.

Le bilan national d’abord. Selon les chiffres d’ Agreste, le service statistique du ministère de l’agriculture, 60 357 ha ont été artificialisés en moyenne chaque année entre 2005 et 2010. Face à ce chiffre, il est quelque peu exagéré de dire, comme il a été souvent entendu, que « l’équivalent du département de la Marne (819 592 ha, ndlr) est artificialisé tous les 7 à 10 ans. » En fait, c’est plutôt l’équivalent de sa voisine plus petite, l’Aube, d’une surface de 602 749 ha, qui disparaît tous les 10 ans sous le béton et autres infrastructures.

Sur la question de l’artificialisation, les statistiques d’Agreste montrent une amélioration plutôt significative. En étudiant, sur les 15 dernières années, des périodes de 5 ans, l’artificialisation annuelle moyenne est passée de 58 000 ha en 2000-2005 à 71 800 ha en 2005-2010. Il semblait légitime de s’inquiéter d’une absence totale de contrôle des bulldozers et autres toupies à béton. Mais l’artificialisation a fortement baissé pendant la dernière période 2010-2015, « freinée » à 48 900 ha annuels.

Le même constat peut être fait concernant la perte de surface agricole utile (SAU) qui, sur le plan national, est plus élevée que la surface artificialisée. Ainsi, la Ferme France a perdu 687 640 ha en dix ans, l’équivalent de la superficie totale de la Nièvre ou du Morbihan ! Mais là-encore, le rythme ralentit. De 83 400 ha annuels sur la période 2000-2005 puis 92 800 ha annuels entre 2005 et 2010, le rythme de cette perte de terres agricoles a chuté à 44 690 ha annuels ces cinq dernières années.

La perte de SAU est par ailleurs plus importante que l’artificialisation à cause, sauf exceptions départementales, de l’emprise croissante des bois et forêts. La fonction agricole des terres est menacée non seulement par l’artificialisation, mais aussi par la politique de compensation écologique imposée dès lors qu’on bétonne.

Ceci dit, la dynamique de développement des surfaces boisées en France semble avoir du plomb dans l’aile : alors que la France augmentait chaque année ses surfaces boisées de 47 600 ha pendant la période 2000-2005, puis de 20 820 ha en 2005-2010, la hausse annuelle de ces surfaces est tombée à seulement 4 030 ha…