Accéder au contenu principal
Pénuries d'acier et matières premières

Le prix des tracteurs va augmenter


AFP le 27/05/2021 à 14:56
fiches_Fendt_-_New_Holland_-_Claas_47130-690px

Le marché des tracteurs et machines agricoles devrait augmenter de 5,5 % en France en 2021, a prédit jeudi l'union des industriels de l'agroéquipement Axema, qui s'inquiète des pénuries en Europe de matières premières comme l'acier et des hausses de prix qui en découlent.

Pour l’année en cours, 86 % des i ndustriels fabricants de matériels agricoles disent avoir des carnets de commande « bons, voire très bons », mais souffrent de « grandes difficultés d’approvisionnement » et des «  pénuries sur les matières premières et les produits finis », indique une étude menée par l’association auprès de ses adhérents. « Nous avons subi un quasi-doublement du prix de l’acier en un an », a souligné David Targy, économiste d’Axema au cours d’une visio-conférence.

La variété d’acier S355 utilisée pour construire des tracteurs, qui valait 550 euros la tonne avant 2020, est passée à 850 euros la tonne en décembre, et plane aujourd’hui à 1 250 euros la tonne, a souligné M. Targy. « Cette situation risque de durer encore quelques mois », a-t-il ajouté.

Selon la même enquête, 95 % des membres d’Axema vont augmenter leurs prix cette année, 86 % vont allonger leurs délais de livraison, et 13 % envisagent même des arrêts de production, voire des fermetures d’usine pour 6 % d’entre eux.

La France compte 516 entreprises fabriquant des équipements agricoles, dont 85 % sont des TPE/PME, qui emploient au total 26 740 salariés. Aucun chiffre précis sur l’importance des hausses de prix répercutées sur les clients n’a été communiqué. Les entreprises, concurrentes, ne sont pas autorisées à parler entre elles de ces sujets. Mais l’impact est certain, et place les fabricants « entre le marteau et l’enclume », car 25 % du coût d’une machine dépend du coût de l’acier, a indiqué Axema.

De plus, à la différence du secteur automobile, l’industrie des agroéquipements est très liée au calendrier et aux saisons. « Un retard de livraison sur une moissonneuse-batteuse peut conduire à une annulation de commande, car aucun agriculteur n’en a besoin en décembre », a souligné un responsable. « L’ensemble de l’industrie mécanique européenne est dans une situation catastrophique : nous subissons les conséquences d’un règlement d’exemption adopté par l’Union européenne en 2019, qui a mis en place un quota d’importation de tous les aciers, et qui risque d’être reconduit en 2021 », a expliqué Alain Savary, directeur général d’Axema.

L’an dernier, avec les confinements, la production française d’agroéquipements a légèrement reculé à 4,63 milliards d’euros contre 4,8 en 2019, mais reste au-dessus de son niveau de 2017. Avec trois usines (Massey-Ferguson à Beauvais, Claas au Mans et Kubota à Bierne), la France est restée l’an passé deuxième producteur européen de tracteurs derrière l’Allemagne (usine Fendt, John Deere et Deutz-Fahr). Le marché total des équipements agricoles neufs en France s’est lui élevé à 6,075 milliards d’euros et devrait progresser à 6,44 milliards d’euros cette année, contre 6,1 milliards en 2019, a par ailleurs indiqué Axema.

L’an dernier, la baisse des ventes de 5 %, anticipée en octobre, n’a finalement pas eu lieu, les agriculteurs ayant pu investir dans de nouveaux équipements bénéficiant de la forte hausse des prix des céréales et matières premières agricoles. Les ventes de matériels d’irrigation et d’arrosage, de robots agricoles, surtout dans l’élevage, ont connu des hausses importantes : le taux de fermes équipées de robots de traite est ainsi passé de 9 % à 20 % en deux ans. Les ventes de matériels de fertilisation, de travail du sol, moissonneuses-batteuses, et fenaison ont elles, reculé.