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Visite de Jean Castex à Boulogne-sur-mer

Un plan pour la pêche qui ne sera pas « la sacrifiée » du Brexit


AFP le 03/12/2020 à 14:24

Assurant que la pêche française ne serait pas « sacrifiée » sur l'autel des négociations commerciales post-Brexit, Jean Castex a promis jeudi un « plan d'accompagnement » depuis Boulogne-sur-Mer, où il est venu constater l'avancée des préparatifs à un mois de la fin de la période de transition.

« Nous espérons bien évidemment obtenir un accord dans les meilleures conditions possibles, mais pas dans n’importe quelles conditions. Et certainement pas dans les conditions où la pêche serait sacrifiée comme une variable d’ajustement », a martelé le Premier ministre devant des représentants de la filière (marins-pêcheurs, industriels, transporteurs…).

Alors que les normes européennes cesseront de s’appliquer au Royaume-Uni au 1er janvier 2021, qu’il y ait accord commercial ou non, Jean Castex a donc tenté jeudi de répondre aux inquiétudes des pêcheurs, figurant au premier rang des victimes de l’incertitude ambiante.

Le processus semblait toutefois s’accélérer en cette fin de semaine, le négociateur européen Michel Barnier ayant indiqué aux États membres que les prochaines heures de discussions seraient cruciales. Or, la pêche, et donc l’accès aux eaux britanniques très poissonneuses, fait partie des principales pommes de discorde.

« Il faut l’accès aux eaux, c’est impératif », a ainsi répété à Jean Castex Olivier Leprêtre, président du comité régional de la pêche. « Si on se rabat sur les eaux françaises, il y a un risque de surexploitation, en quelques mois on va anéantir la ressource », a-t-il encore prévenu le Premier ministre qui venait de visiter le Klondyke, un bateau de pêche hauturière qui opère au nord de l’Écosse.

« C’est une négociation et une négociation doit aboutir à des compromis. Et il faut que nous vous accompagnions dans ces compromis », a répondu Jean Castex en promettant « la solidarité nationale » aux « territoires concernés ».

« Une ère nouvelle va s’ouvrir. Je souhaite qu’il y ait un plan d’accompagnement spécifique », a déclaré Jean Castex en assurant aux représentants du secteur (marins-pêcheurs, industriels, transporteurs…) réunis en table ronde que « l’État prendra(it) ses responsabilités ».

Contrôles renforcés

Jean Castex a également demandé aux préfets « de veiller, compte tenu des circonstances, à ce que des actions spécifiques du plan de relance soient destinées » aux acteurs de la pêche, pour leurs « projets » d’avenir ou leur « reconversion ».

Pour les Français, la pêche dans les eaux britanniques représente environ 20 % de l’activité de pêche en Atlantique – Manche – Mer du Nord, soit quelque 180 millions d’euros. L’impact d’un « no deal », qui signifierait aussi un rétablissement des droits de douanes selon une grille tarifaire de l’Organisation mondiale du commerce, est encore difficilement mesurable.

Plus généralement, le Premier ministre, qui s’est ensuite rendu à Calais sur le site d’Eurotunnel puis au port de commerce, venait également vérifier les préparatifs avant la bascule, alors que le gouvernement revendique le recrutement de 1 700 agents des douanes, vétérinaires, de la police…

Ainsi, Jean Castex a annoncé jeudi l’arrivée d’une vingtaine d’agents en plus à Boulogne-sur-Mer afin de faire fonctionner 24 h sur 24 h le service d’inspection vétérinaire de cette ville (Sivep) destiné à traiter les produits de la mer arrivant de Grande-Bretagne.

Les Hauts-de-France concentrent évidemment l’essentiel des enjeux, puisque 70 % des échanges commerciaux entre l’UE et le Royaume-Uni y transitent, à raison de 12 000 poids lourds, 13 000 voitures et 60 000 passagers par jour.

Les autorités s’attendent par exemple à ce que le contrôle d’un passager en provenance de Grande-Bretagne passe de 20 secondes aujourd’hui à plus d’une minute en cas de vérifications plus poussées. Avec un enjeu : réduire au maximum les files d’attente de camions.

La question migratoire est aussi au cœur des préoccupations politiques des deux côtés de la Manche. Le président de la société concessionnaire du tunnel (Getlink) Jacques Gounon a ainsi présenté des images d’anciens « assauts » de migrants sur le site, alors que selon ses chiffres, 1 500 clandestins ont été « interceptés » au mois de novembre.

« La proximité du Brexit incite les passeurs et les migrants à choisir la voie la plus rapide, c’est-à-dire que nous sommes soumis à de véritables invasions qui bloquent le trafic », a-t-il encore déploré devant Jean Castex.