Méthanisation

La flexibilité, clé de succès des nouvelles unités


TNC le 13/11/2018 à 06:02
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Comparée aux autres sources d’énergies renouvelables, moins contrôlables, la méthanisation a l’avantage d’être prévisible et ajustable. Si cette flexibilité est un atout pour répondre à des besoins énergétiques variables, encore faut-il que le modèle économique en tienne compte ! Une approche bien comprise en Allemagne.

Contrainte supplémentaire pour une filière émergente ou, au contraire, opportunité de passer à la vitesse supérieure ? La filière méthanisation est appelée à plus de flexibilité pour mieux répondre à la consommation énergétique. Dans ce domaine, la production de biogaz a bien des atouts par rapport aux autres sources d’énergies renouvelables que sont le solaire et l’éolien : elle peut être valorisée sous forme de gaz ou d’électricité, elle est continue et prévisible, elle peut s’adapter à la demande.

« En stockant des matières fermentées, on peut rapidement augmenter la production de biogaz en prévision d’un pic de consommation », explique Gilles Petitjean, directeur régional de l’Ademe en Bretagne. Si l’électricité est coûteuse à stocker, c’est plus facilement envisageable pour le biogaz, soit dans les unités de production, soit au niveau du réseau de transport. Techniquement, il est possible de faire, à la sortie d’un digesteur, deux lignes de valorisation du biogaz, cogénération/injection, pour valoriser gaz ou électricité selon les besoins.

Reste le problème du financement des stockages, des doubles installations cogénération/injection. « Pour un site en injection, il est techniquement possible d’avoir un cogénérateur en plus pour produire de l’électricité en cas de fort besoin. Mais avec le prix de marché actuel, ce n’est pas économiquement viable », souligne Jean-Marc Onno, président de l’association des agriculteurs méthaniseurs.

Déjà une réalité en Allemagne

Pourtant, cette flexibilité est déjà une réalité en Allemagne. « Nous produisons déjà 39 % de notre électricité à partir d’énergies renouvelables, explique Lena Müller-Lohse, de l’office franco-allemand pour la transition énergétique. Nous ambitionnons d’atteindre 80 % en 2050. Le problème est que cette production est fluctuante et décentralisée. Il faut donc développer des solutions pour compenser les disparités entre la production et la consommation ».

Pour encourager les producteurs de biogaz, l’Allemagne leur accorde une prime de flexibilité, un mécanisme de soutien pour surdimensionner leur installation ou pour l’équiper de manière à pouvoir produire plus si besoin.

Par exemple, certaines unités sont aidées à stocker des substrats hydrolisés, qui produiront plus rapidement du biogaz, donc de l’électricité, en cas de prévision de hausse de la demande. « Sur les 4 550 mW installés, 3 800 sont utilisés en continu, la puissance restante est là quand il y a besoin de plus d’électricité », chiffre Lena Müller-Lohse. Un tiers des près de 10 000 installations allemandes bénéficient de cette prime de flexibilité. Pour les nouvelles installations, cette prime de flexibilité est de 40 €/kW/an.

La filière allemande est bâtie autour de la cogénération avec une vente obligatoire de l’électricité. « Le coût de production varie entre 16 à 25 centimes par kWh selon la taille de l’unité. On estime entre 2 et 5 centimes/kWh le surcoût pour la flexibilité. Comme le prix de marché de l’électricité est plus bas, une prime est versée pour que ça soit rentable », ne cache pas Lena Müller-Lohse. En s’en donnant les moyens, l’Allemagne a su développer sa filière méthanisation.