Droits de douane américains : une « catastrophe » pour la viticulture française
AFP le 12/07/2025 à 20:39
L'instauration de droits de douane de 30 % sur les exportations européennes aux Etats-Unis serait une « catastrophe » pour le secteur français des vins et spiritueux, a réagi samedi Jérôme Despey, patron de la branche viticulture du syndicat FNSEA.
« Ce serait une catastrophe pour tout le secteur, dans une situation où les vins et spiritueux affrontent déjà d’énormes difficultés », a déclaré Jérôme Despey à l’AFP.
Le président américain Donald Trump a annoncé samedi l’imposition de droits de douane de 30 % pour le Mexique et l’Union européenne, nouvelle surenchère sur fond de négociations avant l’échéance du 1er août.
« Nous attendons de voir la liste des produits concernés, mais si ça venait à se confirmer ce serait une situation particulièrement difficile pour le secteur des vins et spiritueux », a-t-il dit.
En octobre 2019, la vague de droits de douane (+ 25 %) mise en place par Donald Trump avait déjà causé une baisse de 50 % des exportations de vin français vers les Etats-Uni, a souligné M. Despey.
« Se repositionner sur des marchés à l’export, ça ne se fait pas en un coup de baguette magique. C’est des stocks de vin qui resteront sur le marché intérieur et viendront mettre en difficulté la filière à la veille de prochaines vendanges », selon Jérôme Despey.
Pour Gabriel Picard, président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS), 30 % qui s’ajoutent à 15 % de variations de change font 45 % de différence avec la production américaine.
« Ce n’est pas un embargo mais presque », a lancé M. Picard. « Et c’est d’abord un choc et une surprise. La qualité des échanges à haut niveau entre l’UE et les Etats-Unis ces dernières semaines était plutôt bonne. On était quasiment parvenus à un cadre d’accord satisfaisant il y a 5-6 jours ».
Avec la première hausse de droits de douane de 10 % en avril, « chacun a contribué, l’exportateur comme l’importateur. Mais là ce qui est annoncé est inenvisageable. Le flux d’exportation deviendra très limité ».
Selon lui, cette décision est « dommageable pour les deux côtés », car un dollar de vins ou spiritueux importé aux Etats-Unis génère quatre euros d’activité sur place.
« On a vu souvent des menaces de la part des Etats-Unis, on demande à la Commission européenne de ne rien relâcher dans la négociation », a souligné Jérôme Despey.