Productions végétales et services, moteurs de l’agriculture française depuis 1980


TNC le 19/06/2025 à 17:01
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Depuis 1980, la production agricole française est tirée par les productions végétales et les services agricoles. (© TNC)

Depuis 45 ans, l’activité économique agricole est de plus en plus tirée par la production végétale et par les services, tandis que les produits animaux ont reculé en volume, en lien avec la décapitalisation bovine. En parallèle, l’emploi agricole est en forte baisse tandis que le recours au capital progresse.

Alors qu’elles représentaient 42,8 % de la valeur de la production agricole entre 1980 et 1984, les productions animales n’en constituent, 40 ans plus tard, plus que 35,7 %, constate l’Insee dans une analyse sur le compte de l’agriculture depuis 1980, parue le 19 juin.

Les productions végétales ont, de leur côté, progressé de 36,0 % en volume et de 53,9 % en prix dans la même période, une hausse des prix essentiellement liée à la montée en gamme de la production viticole.

La place des céréales recule au profit des oléagineux

La demande en oléagineux a progressé, tirée par « la multiplicité des usages », indique l’Insee. Ainsi, la surface cultivée est passée de 505 milliers d’hectares au début des années 1980 à 2 194 milliers en 2020-2024, avec une production multipliée par trois : 3,9 millions de tonnes de colza en 2020-2024 contre 1,1 M en 1980-1984, 1,8 Mt de tournesol contre 0,6 Mt 40 ans plus tôt. Dans le même temps, la production de céréales a reculé de 7,5 %, passant de 9 628 milliers d’ha à 8 909 milliers aujourd’hui. Néanmoins, l’augmentation des rendements a permis une progression de 40,9 % des volumes.

Les prix des céréales ont progressé de 10,9 % entre 1980-1984 et 2020-2024 et en valeur, les céréales ne représentent plus que 14,3 % de la production agricole, contre 18,0 % quarante ans plus tôt, note l’Insee.

La production animale a de son côté baissé de 2,8 % entre les deux périodes, en raison du recul de l’élevage bovin : la production de gros bovins a diminué de 19,9 % en volume, avec un cheptel passé de 23,4 millions de têtes à 17, indique l’Insee. Le nombre de vaches laitières est passé de 7,1 millions à 3,3 millions mais la production n’a que peu diminué, à 23,3 millions de litres par an en 2020-2024, contre 24,6 millions quarante ans plus tôt.

Les productions de volailles, d’œufs et de porcins ont quant à elles augmenté, dans des proportions variables, tandis que celles d’ovins et caprins ont chuté de moitié.

Chute de l’emploi, recours au capital, productivité par actif

Depuis 1980, l’agriculture a perdu 1,3 million d’emplois en équivalent temps plein (ETP)  pour atteindre 721 500 ETP en 2024. La baisse est encore plus forte pour l’emploi non salarié (75,6 %), ce qui s’explique en partie par la baisse des non-salariés familiaux. Ce n’est pas pour autant que l’emploi salarié progresse, puisqu’il diminue également de 8,9 %.

C’est en effet un recours croissant au capital qui a permis l’augmentation de la production, souligne l’Insee. Le taux d’investissement est passé, entre les deux périodes, de 21,6 % à 30,4 %, et cet investissement est consacré en majorité à l’achat de machines agricoles (53,6 %).

En parallèle, ces évolutions « modifient la structure des consommations intermédiaires », souligne l’organisme de statistiques, mettant en avant la forte progression des services de travaux agricoles dont la part est passée de 6,0 % en 1980-1984 à 11,6 %.

Enfin, la part des subventions dans le chiffre d’affaires de l’agriculture est passé de 4,0 % en 1980-1984, « période où le soutien à l’agriculture s’effectuait essentiellement au moyen de prix garantis », à 10,2 % en 2020-2024, au gré des différentes réformes de la Pac.

Dans le même temps, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs (VABCF) par actif, qui correspond à la valeur ajoutée brute à laquelle on ajoute les subventions, moins les impôts sur la production, a fortement progressé sur la période, atteingnant 60 600 € en 2020-2024.