Céréales : les hausses de production attendues pèsent sur les prix mondiaux
AFP le 14/05/2025 à 20:30
Un ciel plutôt clément, une production et des stocks mondiaux en hausse pèsent sur les cours des céréales, surtout du blé dans un marché confronté à un ralentissement de la demande.
Le début de semaine a été marqué par la publication du très attendu rapport du ministère américain de l’Agriculture (USDA) sur l’état des stocks, productions et exportations, qui dessine au mois de mai une première esquisse de la campagne à venir (2025-26).
Selon ce rapport, dit Wasde, les récoltes mondiales de maïs, blé ou soja sont attendues en hausse.
Dans la foulée de cette publication lundi, les prix des céréales ont baissé à la Bourse de Chicago, le blé passant sous les 5 dollars le boisseau (environ 27 kg) avant de remonter mardi, tandis que le maïs est resté orienté à la baisse, autour de 4,36 dollars le boisseau (25,4 kg).
Les analystes estiment que les céréales accusent le coup du rapport Wasde, pour des raisons différentes.
Côté maïs, la production mondiale devrait atteindre près de 1,265 milliard de tonnes (+ 3,6 %), « les augmentations les plus importantes étant enregistrées aux États-Unis, en Ukraine et en Argentine », précise l’USDA.
Vers une progression de la consommation de maïs
Le rapport « a montré que les stocks de fin de campagne seront moins importants qu’anticipé pour l’année 2025-2026 à 1,8 million de boisseaux », selon Dewey Strickler, analyste pour Ag Watch Market Advisors. « Cela reste tout de même les réserves les plus importantes que l’on a eu depuis 2019 », a-t-il ajouté.
Pour Sébastien Poncelet, analyste chez Argus Media France, la hausse des stocks américains de grain jaune est limitée par celle de la consommation, en forte progression, selon le positionnement « optimiste » de l’USDA.
Pour le blé, le rapport Wasde est plutôt baissier : pour la campagne 2024-2025, les stocks mondiaux ont été revus à la hausse (+ 2 %), sous l’effet notamment d’un relèvement de la production européenne (+ 1 %), selon Damien Vercambre, analyste chez Inter-Courtage.
Sur l’ancienne campagne, cette hausse des stocks est sensible « chez les grands exportateurs, du fait d’un ralentissement de la demande sur la scène internationale », explique Sébastien Poncelet.
Sur le marché européen du blé, on observe « une grosse bataille entre les vendeurs et les acheteurs » autour de la barre symbolique des 200 euros la tonne : « dès qu’on s’approche des 201 euros la tonne, on voit un regain d’achat, et dès que cela remonte, les acheteurs refluent », relève-t-il.
Les cours des céréales sur Euronext, qui étaient dans le vert mercredi en fin de journée, profitent par ailleurs d’une remontée du cours du dollar par rapport à l’euro, ce qui favorise les exportations européennes.
« Les marchés font l’autruche »
A ce stade des cultures, où le blé grandit et voit peu à peu grossir ses épis et où le maïs est en plein semis dans la Corn Belt américaine, les conditions météorologiques restent globalement favorables.
Toutefois, le temps sec sur le nord de l’Europe pourrait avoir un impact sur les rendements s’il perdurait encore plusieurs semaines.
Quant aux cours du soja, ils bénéficiaient de la perspective de stocks de fin de campagne en baisse de 16 % pour cette période aux Etats-Unis.
Les cours de la graine oléagineuse sont « remontés » malgré « la question des droits de douane », après la trêve conclue entre Washington et Pékin qui se sont accordés pour suspendre pendant 90 jours les surtaxes qu’ils se sont mutuellement imposées.
« Les marchés font donc actuellement l’autruche et se disent qu’il faut attendre avant de paniquer », selon l’analyste, qui s’attend à ce que la Chine « resserre encore » ses liens avec le Brésil, premier exportateur mondial de soja.
En résumé, note Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting, « après l’apaisement commercial entre les États-Unis et la Chine et le rapport Wasde, les négociants ont décidé, jusqu’à aujourd’hui, de continuer à acheter du soja et de vendre des céréales ».