Les prix du blé et du maïs « sous pression » en attendant les récoltes
AFP le 07/05/2025 à 18:45
La promesse de belles récoltes, que ne menace pour l'heure aucun incident météorologique majeur, maintient une « pression » baissière sur les prix des céréales, dans un marché peu actif en attendant les moissons de l'hémisphère nord.
Au cours des derniers jours, les prix du blé ont atteint un nouveau plus bas sur les contrats pour des livraisons avant l’été sur le marché européen.
Les cours sont tombés sous la barre symbolique des 200 euros la tonne sur l’échéance la plus rapprochée mercredi en séance sur Euronext. L’échéance de septembre, après la moisson, résistait à peine mieux, avec des échanges autour de 204 euros la tonne.
Le maïs européen a lui chuté à 195 euros la tonne sur l’échéance de juin (-8,45% en un mois) et reste sous les 200 euros pour la nouvelle récolte attendue en fin d’été.
Les prix du blé français, longtemps au dessus de celui des concurrents de la mer Noire – roumain, ukrainien ou russe – est désormais « très compétitif », « mais on ne voit pas pour autant d’arbitrages en faveur du grain français » dans les chargements des cargos, note Gautier Le Molgat, PDG d’Argus Media France.
« Les producteurs regardent les cours avec un certain désespoir. Le niveau des prix est loin d’être rémunérateur sur la récolte 2025 (il est d’usage que les producteurs vendent par anticipation une partie de leur récolte à venir, NDLR), ce qui ne pousse pas à vendre », indique-t-il.
Un temps favorable à l’épiaison en Ukraine et en Russie
« Cette pression sur les prix » s’explique par une météo plutôt favorable en Ukraine et en Russie, premier exportateur mondial de la céréale du pain : le temps est moins sec, ce qui est favorable aux cultures en période d’épiaison, c’est-à-dire quand l’épi de blé apparaît sur la tige puis grandit.
Cette pression est toutefois tempérée par une situation plus contrastée en Europe de l’Ouest. Dans une zone nord incluant Allemagne, Grande-Bretagne et nord de la France, la Commission européenne a signalé « un manque de pluie en mars (…) suscitant des inquiétudes quant à la croissance des cultures d’hiver (blé tendre, orge, avoine, seigle) et à la levée et au développement précoce des cultures de printemps (maïs, tournesol, sorgho…) ».
L’Europe du sud a, elle, bénéficié de pluies abondantes. A ce stade, les perspectives de rendements restent bonnes dans l’Union européenne, où la récolte de blé devrait être nettement meilleure que celle, désastreuse, de 2024.
A la Bourse de Chicago, les cours ont essentiellement été dictés par la météo : les prix du blé ont évolué en légère hausse sur une semaine, tandis que le maïs reculait. Le soja, lui, est resté stable.
Le léger rebond du blé a pu être favorisé par des inquiétudes après « l’annonce par le gouverneur de la région chinoise du Henan de l’arrivée de vents chauds dans cette région » productrice de blé, relève Damien Vercambre, analyste à Inter-Courtage.
Accélération des semis dans la Corn Belt
Le maïs subit, quant à lui, le contrecoup de sa bonne santé. Les conditions idéales de culture dans la Corn Belt américaine favorisent l’accélération des semis.
Pour Alan Brugler, de Brugler Marketing and Management, « la pression observée sur les cours » du grain jaune est aussi liée aux bonnes conditions de culture au Brésil, deuxième exportateur mondial de maïs derrière les Etats-Unis.
Dans un marché peu actif, les opérateurs attendent avec impatience la publication lundi du prochain rapport du ministère américain de l’Agriculture sur les productions, exportations et stocks mondiaux.
Ce rapport, dit Wasde, « donnera des chiffres importants sur les stocks de la nouvelle récolte », souligne Rich Nelson, de la maison de courtage Allendale.
L’analyste constate par ailleurs la stabilité des cours du soja américain, alors que le différend commercial avec la Chine « n’est pas réglé ». Une stabilité prudente, peut-être favorisée par les négociations à venir entre Pékin et Washington ce week-end en Suisse.