Valobois

Les copeaux de bois pour les vaches (et les cultures) : ça donne quoi ?


TNC le 25/06/2024 à 05:11
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Le troupeau de Normandes de la ferme de la Blanche Maison a été divisé en deux pour comparer la litière malaxée en plaquettes de bois par rapport à une aire paillée classique. (© Ferme de la Blanche Maison)

Dans certaines régions comme la Normandie, les haies abondent autour des parcelles et le bois devient une véritable ressource à exploiter. Le bois déchiqueté peut être utilisé en alternative à la paille pour la litière des animaux, mais aussi sur les cultures afin de remonter le taux de matière organique des sols. Plus de détails avec les résultats du projet Valobois.

La fédération des Cuma Normandie Ouest et les Chambres d’agriculture de Normandie sont associées autour du projet d’expérimentation Valobois. Comme son nom l’indique, il s’agit de valoriser les plaquettes bocagères en litière puis en épandage sur les cultures. Logistique, coût, impact sur les performances animales et l’organisation du travail, valorisation agronomique… Voici les premières conclusions du projet (encore en cours).

Le coût d’un chantier de déchiquetage de bois

La fédération des Cuma de Normandie estime le coût total d’une tonne de plaquettes en autoproduction à 42,5 €/t, soit environ 1 400 € pour 100 m3 (33 tonnes). Dedans on a :

– le coût de l’abattage : 18 €/tonne,

– le déchiquetage : 20 €/tonne,

– le transport entre le chantier et le silo : 4,5 €/tonne.

On estime à 30 % le bois supplémentaire valorisé en plaquettes par rapport à un chantier bois bûches. Mais celui-ci doit être correctement réalisé pour obtenir des plaquettes de bonne qualité. Vient ensuite la phase de séchage de 4 à 6 mois pour passer de 40 % d’humidité à 20-25 %. Retrouvez plus de détails dans la vidéo ci-dessous :

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Les plaquettes de bois en litière des vaches laitières

Certains éleveurs utilisent des plaquettes de bois en litière depuis longtemps déjà (principalement en allaitant), notamment pour répondre à un manque de paille. Deux types d’utilisation sont possibles : en sous-couche sous la paille ou en 100 % bois déchiqueté avec un malaxage régulier.

On dit qu’en 100 % plaquettes, il ne faut pas dépasser 2 tonnes utilisées pour 1 tonne de paille nécessaire pour être à l’équilibre en termes de coût. En mélange, on parle d’une demi-tonne de plaquettes.

Sur la ferme de la Blanche Maison, la litière 100 % copeaux est testée en comparaison à une litière 100 % paille. Ces copeaux sont issus de l’exploitation, avec une production estimée à 150 m3/an selon un plan de gestion des haies réalisé sur la ferme (15,2 km de haie pour 104 ha de SAU).

« L’idée était que la litière bois mise en place à la rentrée en stabulation des animaux pour l’hiver (fin du pâturage) puisse durer le plus longtemps possible, et donc tout l’hiver dans le postulat de base », explique Flore Lepeltier, gestionnaire de projets R&D à La Blanche Maison. En revanche les conditions météorologiques (forte hygrométrie pour cet hiver 2023-2024) ont compliqué les choses : il a fallu curer l’ensemble de la litière au cours de l’hiver.

Et bien que l’exploitation soit bien pourvue en haies, Flore Lepeltier l’affirme : « Dans le contexte hivernal tel que celui du dernier hiver, nous savons que notre ressource disponible sur l’exploitation ne nous permettrait pas d’être autonomes pour l’ensemble de notre troupeau de vaches laitières. » À noter qu’on obtient environ 200 m3 de plaquettes avec un prélèvement de 500 m linéaire de haies.

Mais ne partons pas défaitistes : l’expérimentation n’est pas terminée, les résultats de l’hiver prochain viendront consolider ces premières conclusions. D’autres données liées à la litière malaxée seront également analysées comme la production laitière ou encore le confort des animaux.

L’épandage des plaquettes de bois sur les cultures

Un autre volet de l’expérimentation concerne l’apport de plaquettes sur les cultures pour apporter de la matière organique dans les sols. Bien que les essais soient toujours en cours, de premières observations resortent déjà comme le phénomène de faim d’azote qui pénalise le rendement de la culture suivante (ici un maïs derrière un couvert végétal ayant reçu les plaquettes). Plus de détails dans la vidéo ci-dessous :

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Concernant la valorisation de la litière plaquettes de bois, la ferme de la Blanche Maison en a épandu avant maïs également, mais aussi sur des microparcelles de prairies en testant plusieurs modalités : compostée ou non. Les premières analyses révèlent un rapport C/N élevé pour l’effluent bois non composté et une valeur proche de celle de l’effluent paille non compostée pour l’effluent bois composté. « À voir dans la pratique si nous repérons un effet de faim d’azote également. Quant à la dégradation, reste à voir dans le temps. »