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La gestion des daturas assurée par drone en test chez nos voisins espagnols


TNC le 02/10/2023 à 16:32
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Teneurs maximales réglementaires en alcaloïdes tropaniques atropine et scopolamine dans différentes céréales et produits céréaliers destinés à la nutrition humaine.

Dans une nouvelle vidéo publiée sur sa chaîne Youtube, Loagri nous emmène à la rencontre du négoce Quality Corn, qui teste l’intérêt des drones pour la gestion des daturas en Espagne.

Appartenant à la famille des Solanacées, le datura stramoine est une adventice particulièrement envahissante. « Cette espèce annuelle, qui se caractérise par des levées échelonnées du printemps à la fin de l’été, a pris de l’ampleur ces dernières années et est régulièrement observée dans les cultures d’été (maïs, tournesol…) mais aussi en interculture sur chaumes de céréales et dans les jeunes prairies », note Arvalis. Au-delà de sa compétition avec les cultures, sa présence dans les parcelles entraîne d’autres problèmes, du fait de sa toxicité.

[Le datura stramoine 🌱]

Datura stramonium, famille des solanacées 🍅 🥔

☠️ pour 👨 et animaux 🐮 🐷…
😵‍💫 Contient des alcaloïdes puissants 💪🏼(phyoscyamine et scopolamine)
🤢 Odeur nauséabonde
🪴 Cultures de printemps 🌽 🌻 pic.twitter.com/s5ujN46vDD

— Emmanuel LEDUC (@EmmanuelL_FMC) September 18, 2023

En effet, « le datura contient des alcaloïdes tropaniques (atropine et scopolamine) qui agissent sur le système nerveux central. De très faibles quantités suffisent et toutes les parties de la plante en contiennent (fleur, feuille, graine, sève) ».  Sur ce point, « les toxicologues ont établi une ARfD à 0,016 μg/kg de poids corporel (ARfD : Acute Reference Dose, ou dose de référence aigüe, c’est-à-dire la quantité pouvant être ingérée sur une courte période sans effet néfaste pour la santé). Des limites réglementaires ont ainsi été définies par la Commission européenne en alimentation humaine pour un certain nombre de cultures comme le maïs, le millet, le sorgho et le sarrasin :

Teneurs maximales réglementaires en alcaloïdes tropaniques (atropine et scopolamine) dans différentes céréales et produits céréaliers destinés à la nutrition humaine en vigueur depuis le 1er septembre 2022. (© Arvalis)

Du côté de l’alimentation animale, « la limite réglementaire concerne la quantité de graines de datura : elle est fixée à 1 g/kg dans toutes les matières premières ou aliments pour animaux (directive européenne 2002/32). Ces seuils sont également très faibles et sont généralement atteints avec la production d’une seule plante. Un pied de datura pour 25 m² peut suffire à provoquer une intoxication mortelle chez les bovins via le maïs fourrage ».

Promenades dans les champs… pour le moment ce n’est pas pour les champignons mais pour éliminer les plants de Datura, hautement toxiques.
2-3 plantes vues il y a deux ans ; 270 arrachées ce matin ! Il va falloir prévoir une sortie hebdomadaire. pic.twitter.com/N8dkYNr2DM

— Maxime Moinard (@MaxMoinardFR85) September 17, 2023

Le drone, pour détecter et traiter les daturas ?

Si les produits herbicides pour lutter contre le datura présentent des efficacités satisfaisantes, le nombre de solutions s’amenuise au fil des années. Autre difficulté à gérer : la capacité de la plante à générer des levées très échelonnées jusque tard dans son cycle. Ces différentes raisons ont poussé le négoce Quality Grain à étudier l’intérêt des drones dans cette gestion. Le youtuber Loïc Madre de la chaîne Loagri a fait le déplacement jusqu’en Espagne pour avoir leur retour.

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Albert Porte-Laborde, directeur général de Quality Corn France, met notamment en avant l’intérêt de la détection :  « on fait passer le drone, de la marque Instadrone, au-dessus des parcelles en août-septembre et l’entreprise Telespazio fournit ensuite une carte qui permet de géolocaliser tous les daturas présents, qui seraient passés à travers les désherbages », explique-t-il.

Pour le moment, « l’agriculteur doit alors se rendre sur la ou les parcelles concerné(es) pour arracher à la main les adventices. Mais on travaille aussi une solution plus facile à mettre en œuvre : l’utilisation d’un drone avec un pulvérisateur venant traiter de manière autonome les points repérés, suite une détection plus précoce en amont ». Le négoce met en place différents essais en Espagne en faisant varier le choix des buses, la pression utilisée, la hauteur du drone pour la pulvérisation et le stade du maïs… Il cite l’exemple d’une parcelle de maïs en test cette année : « la détection et la pulvérisation par drone ont permis de ne traiter que 0,32 ha sur 20 ha en tout (buse 110° anti-dérive, drone à 2,5 m de haut) ».

« Si cette alternative n’est pas encore autorisée, on souhaite que la réglementation nous accompagne dans ce type de démarche pour permettre d’avoir des maïs propres, tout en limitant les doses d’herbicides utilisées », soutient Albert Porte-Laborde. Affaire à suivre !

Quelques données sur le drone :
– Poids du drone : 50 kg à charge
– Envergure des hélices : 80 cm; et du drone : 2,40 m
– Tolérance par rapport au vent : 20 km/h
– Prix approximatif : 30 000 € tout équipé