Pâturage

Quels matériaux choisir pour réaliser ses chemins de pâturage ?


TNC le 04/04/2023 à 05:09
TNM

Coût, temps du chantier, main d’œuvre disponible… sont autant de critères à prendre en compte avant de choisir ses matériaux pour ses chemins d’accès au pâturage. Célie Bresson, chargée de mission élevage au réseau Civam normands, nous présente quelques solutions.

Après s’être décidé sur l’emplacement des chemins d’accès au pâturage, sur leur largeur, etc., place au choix des matériaux !  

Célie Bresson, chargée de mission élevage au réseau des Civam normands, dresse un inventaire, non exhaustif, de plusieurs solutions repérées en région Normandie.

Elle distingue trois grandes catégories : les chemins en matériaux calcaires, les systèmes béton et enfin le « système D » avec de la récup. Pour chacune des solutions, elle présente les atouts et inconvénients relevés par les éleveurs :

  • Les chemins en calcaire sur 20 cm :

« Pour cette solution, tout va dépendre de la qualité du calcaire, c’est-à-dire du taux d’argile. S’il est de bonne qualité, c’est une solution durable. Attention au temps nécessaire pour sa mise en place et aux pierres apparentes qui peuvent occasionner des blessures aux pieds des animaux », explique Célie.

Coût estimé par le Civam pour du calcaire sur 20 cm : 6 à 15 euros le m2 (selon le décaissement)

  • Les chemins en craie de ferme + cailloux du boulonnais (0-90) :

Cette réalisation de Gauthier Fihue, éleveur seinomarin, avec des matériaux locaux, s’est avérée une solution économe et durable. Son regret, un matériau de finition trop grossier.

Coût : 10 €/mètre linéaire (ml) pour une largeur de 2,5 m – 4 € / m2, en tenant compte de la main d’œuvre et des matériaux : soit un total de 35 000 euros pour 3,5 km de chemins.

  • Les chemins en marne avec incorporation de chaux et ciment :

Cette incorporation du mélange chaux-ciment est effectuée par un prestataire, la largeur du chemin dépend donc de sa machine (en général 2 ou 3 mètres).

« Cette réalisation permet une finition de qualité et qui dure dans le temps, en étant en plus moins glissante que le béton notamment dans les pentes », explique la conseillère Civam. Elle est en revanche coûteuse : 40 €/ml pour une largeur de chemin de 2 mètres, 20 €/m2  pour 950 m2 de chemin.

  •  Des chemins en béton de 80 cm avec chemin de terre à coté

Un chemin en béton de 80 cm avec chemin de terre. (©Civam normands)

Il s’agit d’un chemin en béton sur 80 cm de large et 8 cm d’épaisseur, réalisé à la main avec un chemin en terre accolé de 1,5 à 2 mètres. Ainsi les animaux choisissent de marcher sur le béton ou bien la terre en fonction des conditions météo. Attention tout de même à la taille du troupeau, car le convoi en file indienne sous la pluie, ça peut vite être long !

Il faut bien penser à réaliser des joints de dilatation (tous les 5 mètres dans l’idéal) pour éviter la fissuration du béton.

Cette solution est longue à réaliser (3 jours pour 400 mètres de chemin) et reste également coûteuse : 10-13 €/ml en comptant le béton + la main d’œuvre de la ferme et le coût d’un maçon.

  •  Les chemins en béton

Un chemin en béton de 2 mètres de large. (©Civam normands)

Célie Bresson présente ensuite la solution d’un chemin en béton de 10 cm d’épaisseur sur 2 m de largeur, sans coffrage, réalisé par un entrepreneur spécialisé. Robuste et rapide à mettre en place, cette solution n’est cependant pas adaptée au passage d’engins.

Elle est également coûteuse : 28 €/ml soit 50 000 € pour 1,8 km de chemin – 14 €/m2 et a nécessité 2 jours de chantier.

  • Les chemins en copeaux de bois sur 10 à 15 cm

Cette réalisation permet de valoriser la taille des haies et se révèle rapide à mettre en place. « Elle peut aussi permettre de se laisser le temps de bien tracer son parcellaire, reconnait Célie Bresson. Mais elle reste une solution d’appoint, qui n’est pas durable. Les chemins se détériorent vite au passage des vaches, ce n’est pas conseillé pour les grands troupeaux » et ils ne sont pas non plus adaptés aux passages des engins.

Il faut compter 1 m3 de copeaux, pour 5 à 10 m2 de chemin. Le coût va dépendre de la disponibilité de copeaux sur la ferme ou pas.

  •  Chemins en Coquilles St Jacques

Chemin en coquilles St Jacques (©Civam normands)

Cette solution locale a été observée en Seine-Maritime. L’éleveur a d’abord décaissé, puis mis un géotextile avant de faire 3 couches de coquilles St Jacques sur 15 cm d’épaisseur.

« C’est rapide à mettre en place mais pas très durable dans le temps. Les coquilles st Jacques sont gratuites, il faut juste s’occuper du transport. Il faut aussi prévoir un entretien annuel en remettant des coquilles, cela équivaut à 1h30 d’entretien pour 100 m de chemin », explique Célie Bresson, qui précise aussi que l’éleveur n’a rencontré aucun problème de boiterie avec ce matériau.

  •  Chemins en dalles Ecoraster

Enfin, la solution la plus simple, démontable et garantie 20 ans ce sont les dalles Ecoraster de l’entreprise Ecovégétal. Elle demande du temps d’installation : décaisser sur 10 cm, poser un géotextile, puis de la gravelle 0-31,5 sur 10 cm, rouler, poser les dalles et enfin le sable pour remplir les dalles.

Niveau coût, cela revient à 17 à 20 €/m2 pour les dalles, indique Célie Bresson. Il faut compter 40 €/mètre linéaire juste pour les dalles et 80 €/mètre linéaire avec le terrassement.

Pour ce qui est du financement, regardez du côté de votre région ou de votre département pour retrouver les subventions possibles, conseille pour finir Célie Bresson.