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Renégociations commerciales

Le ton monte entre agriculteurs et distributeurs


AFP le 12/05/2022 à 12:09

Deux mois après la réouverture des négociations commerciales sur les prix de l'alimentaire, les échanges se tendent entre les supermarchés et le syndicat agricole majoritaire FNSEA, qui fait bloc avec les fournisseurs pour obtenir des hausses du prix d'achat de leurs produits.

Alors qu’une nouvelle réunion de suivi a lieu jeudi, le syndicat alerte sur « l’urgence » de conclure ces négociations avant la fin du mois de mai, « date butoir non négociable » au risque de mettre en danger toute la filière.

En vertu de la charte d’engagement signée sous l’égide du ministère de l’agriculture, « il n’est pas admissible (…) que les enseignes continuent de gagner du temps » pour répercuter la hausse des coûts, dénonce la FNSEA.

« Les distributeurs depuis des années n’ont qu’une seule envie : c’est de vendre moins cher. Ils se font la guerre sur le dos de leurs livreurs : les industriels et les agriculteurs », a fustigé sa présidente, Christiane Lambert, interrogée sur RMC.

« Sur 60 % de notre chiffre d’affaires, on nous redemande des hausses de 8 % qu’on ne va pas accepter, je vous le dis tout de suite. On va négocier et on n’acceptera que les hausses sur justificatif » des fournisseurs, a affirmé de son côté Michel-Édouard Leclerc sur LCI.

Chaque année, ces contrats commerciaux déterminent le prix de nombreux produits vendus par les industriels aux grandes surfaces. Le monde agricole, qui les approvisionne, négocie avec eux pour obtenir des hausses à l’achat de l’ordre de 20 %, indique la FNSEA.

Le syndicat appelle également à une « pleine application d’Égalim 2 », une loi qui oblige enseignes et industriels à tenir compte de l’accroissement des coûts de production agricoles, qui ont flambé avec la guerre en Ukraine.

« Est-ce que c’est aux agriculteurs de se serrer la ceinture pour que le consommateur puisse boire du lait ou manger de la viande ? », a déploré Christiane Lambert.

Industriels et distributeurs se sont remis autour de la table des négociations mi-mars pour revoir leurs contrats commerciaux signés quinze jours plus tôt. Ils avaient acté une hausse de 3 % pour répercuter l’inflation, trop tôt cependant pour prendre en compte les impacts du conflit.

« Les prix alimentaires augmentent, mais ce n’est pas encore la faute à l’Ukraine », abonde M. Leclerc, les hausses affichées en supermarché correspondant à ces 3 % négociés en mars, alors que l’impact du conflit se fera plutôt ressentir en rayons « à partir de l’automne ».