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L’agroécologie, des contraintes supplémentaires pour les agriculteurs ?


TNC le 05/05/2022 à 16:15
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L'agroécologie est désormais un terme courant, mais que signifie-t-il pour les agriculteurs ? (©Pixabay)

Depuis quelques années, le mot agroécologie est entré dans le langage courant, tout en étant régulièrement mis en avant dans les politiques agricoles. Sait-on pour autant précisément ce que le terme signifie ? Pour 35 % des agriculteurs, il s’agit surtout de contraintes en plus. Quant aux Français, 54 % en ont déjà entendu parler mais plus d’un tiers ignore en quoi cela consiste.

Depuis quelques années, l’agroécologie est au cœur des politiques agricoles, notamment depuis 2012 et le passage de Stéphane Le Foll au ministère de l’agriculture. Après la révolution verte de l’après-guerre et l’explosion des rendements grâce aux intrants et à la mécanisation, il s’agissait alors, pour le ministre, de mener « une révolution doublement verte » permettant de maintenir le niveau de production tout en y ancrant davantage les questions environnementales. Une orientation qui n’a pas fait consensus auprès des agriculteurs.

Néanmoins, sur le plan sémantique, l’agroécologie n’a pas disparu lors du quinquennat suivant, tout en attisant beaucoup moins les critiques des représentants du monde agricole. Doit-on y voir un signe que le terme est désormais banalisé, ou uniquement galvaudé ? Le concept est-il plus profondément ancré chez les agriculteurs, ou simplement utilisé de façon générique pour une très grande diversité de pratiques ?

Du côté du grand public, en tout cas, le flou demeure. Réalisée en janvier 2022, une enquête Opinion Way pour Terre et humanisme relève que le terme « agro-écologie » est connu de 54 % des Français. Néanmoins, seuls 17 % savent précisément de quoi il s’agit, et 73 % estiment être mal informés.

Un concept fumeux pour un quart des agriculteurs

Quant aux agriculteurs, interrogés sur Terre-net entre le 19 et le 26 avril 2022, ils restent nombreux à considérer que l’agroécologie « est un concept fumeux » (24,4 % des répondants). 27 % estiment en avoir toujours fait, et plus de 35 % jugent que cela génère essentiellement des contraintes en plus. 13,5 % considèrent, en revanche, qu’il s’agit d’une direction vers laquelle l’agriculture doit tendre.

Pour la recherche, une agriculture plus respectueuse de la terre

Pour Laurent Hazard, directeur de recherche à l’Inrae, l’agroécologie s’inscrit dans la « recherche-action », et cherche à élaborer, avec les agriculteurs, une agriculture plus respectueuse de la terre, passant « d’une logique où l’on essaie de contrôler la nature en artificialisant, en utilisant intrants de synthèse, à quelque chose où l’on cherche à faire une production agricole basée sur le fonctionnement autonome des cultures, du sol, et de l’écosystème ». « L’agriculteur redevient un pilote, un acteur central », explique-t-il dans un podcast de The Conversation.

Pour écouter ce podcast publié par The Conversation le 29 juillet 2021, « A comme Agroécologie », cliquez sur le lien suivant :
https://play.acast.com/s/5f63618a37b1a24c4ff25896/60ffbea7b233780012126129

Si l’idée progresse, poussée également par la demande sociétale, des blocages subsistent selon lui pour plusieurs raisons : des blocages cognitifs (une difficulté à envisager un changement de système), organisationnels ou encore la prédominance de la logique de projet qui nécessite aujourd’hui, pour obtenir un financement, de donner des garanties, des résultats estimés. « Or dans la logique émergente, on sait que l’on a un problème, mais on ne sait pas encore quelles sont les solutions, et cela devient très compliqué pour des bailleurs de vous faire confiance et de dire « on va vous financer simplement parce qu’on croit à cette démarche collective » », explique Laurent Hazard.