Une fois les barrages levés, l’enjeu de la remise en état


AFP le 25/12/2025 à 10:00

« Ça peut mettre une petite heure ou plusieurs jours » : après la récente levée de certains barrages d'agriculteurs, sociétés d'autoroutes et collectivités s'activent pour remettre le réseau routier en état en cette période de fêtes, sur fond de polémique naissante autour du coût des dégradations.

Déchets déversés, arbres coupés, pneus brûlés, glissières d’autoroutes démontées, terrain de motocross tracé au beau milieu du terre-plein central de l’autoroute A63 à Cestas (Gironde)… Les barrages érigés un peu partout en France et en particulier dans le Sud-Ouest, afin de dénoncer la gestion gouvernementale de l’épizootie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) bovine, ont souvent entraîné nettoyages et réparations au départ des manifestants.

À charge pour les concessionnaires autoroutiers, les services de l’État et les conseils départementaux d’assurer un rapide retour à la normale pour les congés de fin d’année, synonyme de fort trafic routier.

« On a doublé les effectifs d’astreinte » en voirie, explique à l’AFP le département de la Gironde, avec une vingtaine de personnes mobilisées au lieu de dix. « Un bon état de voirie, c’est nécessaire pour la sécurité des usagers.

Quand les accès rouvrent, il faut que ce soit propre, que tous les dispositifs de sécurité soient en bon état. » « La fin des blocages ne signifie pas un retour immédiat à une circulation normale », complète la préfecture de la Dordogne, où un barrage était établi, jusqu’au week-end dernier, sur l’A89 près de Périgueux.

Coût d’un million d’euros

Samedi, après le départ des manifestants, il a fallu près d’une journée de « travail conséquent » pour rouvrir cette portion de l’autoroute reliant Clermont-Ferrand à Bordeaux : dégagement des voies, évacuation des déchets et sécurisation.

« Si la chaussée est endommagée, ça demande des moyens pour décaper et remettre en sécurité », confirme Vinci Autoroutes.

Concessionnaire de plusieurs axes ayant subi des blocages, dont l’A63 en Gironde et l’A64 dans les Pyrénées-Atlantiques et en Haute-Garonne, la société juge « difficile de donner un délai » de réouverture après de tels barrages. « Ça peut mettre une petite heure, voire une journée ou plusieurs jours », en fonction de l’importance des dégradations.

Mardi, la préfecture des Pyrénées-Atlantiques a dénoncé le coût des blocages dans le département, qu’elle évalue à plus d’un million d’euros.

Fustigeant des « dégradations inacceptables », elle a cité le cas d’une tractopelle qui « s’est attaquée au bitume de l’autoroute » A64 à Briscous, occupée par la Coordination rurale avec, jusqu’à son départ mardi, le syndicat basque ELB.

« Pas de volonté de casser du bitume »

« Un million d’euros, c’est leur estimation à eux », a réagi Benjamin Loste, coprésident de la CR64. « Ce n’est rien du tout par rapport à ce que l’État a volé aux agriculteurs ces dernières années. On nous a multiplié par deux les charges. On nous met en concurrence avec des pays avec lesquels on ne peut pas lutter. » « Il n’y a pas eu de la part d’ELB une volonté de casser du bitume », plaide de son côté Julen Perez, porte-parole de ce syndicat affilié à la Confédération paysanne. « Nous, à part mettre une tente, apporter de quoi se réchauffer et faire un petit feu dans un coin, il n’y a pas eu de dégradations. » Le chiffre de la préfecture intègre notamment le nettoyage et la remise en état des routes – produire un mètre carré de bitume coûte environ 30 euros selon le département de la Gironde -, les pertes des sociétés d’autoroutes, le recyclage des déchets déversés ou encore le coût de 21 radars endommagés ou détruits… mais pas les impacts sur l’activité économique, comme par exemple le manque à gagner des stations de ski.

Un impact d’ailleurs difficile à chiffrer avant la fin de la saison, relève Arnaud Libilbehety, directeur de l’établissement public qui gère les stations de Gourette et la Pierre-Saint-Martin (Pyrénées-Atlantiques).

« Nos constatations auprès de la clientèle montrent qu’il y a une certaine frilosité quant au fait de se déplacer. Les blocages réels restent toutefois limités », note-t-il. « Les clients ont une inquiétude, un questionnement, mais il n’y a pas d’annulation » de réservations, conclut-il.