Moisson 2018

Un résultat en blé tendre « à l’équilibre » qui ne bouche pas le trou de 2016


TNC le 23/08/2018 à 06:00
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Les experts d’Agritel ont dressé leur bilan chiffré de la moisson 2018, « la troisième plus faible récolte française de ces 10 dernières années ». Pour les céréaliers, le résultat en blé tendre sera, en moyenne, « à l’équilibre », notamment grâce à la hausse des prix depuis début mai. Agritel prévoit une campagne à l’export 2018-2019 moins bonne en volumes, mais supérieure de 11 % en valeur par rapport à 2017-2018.

C’est l’heure du bilan. Après les prévisions actualisées de rendements publiées par Agreste à la mi-août, c’est au tour d’Agritel de dresser un bilan complet de la moisson 2018 de blé tendre.

En termes de volume, « le rendement en blé tendre est estimé à 69,18 q/ha, en baisse de 6,67 % par rapport à la moyenne olympique des cinq dernières années », a expliqué Michel Portier, PDG et fondateur de la société spécialisée dans la gestion du risque de prix.

L’excès d’eau au printemps dans le Grand Ouest et le Sud-Ouest a eu raison des rendements. « Dans ces régions, ils sont inférieurs de 15 à 20 % par rapport à la moyenne olympique de ces cinq dernières années. » L’humidité du printemps a été plus impactante que les fortes chaleurs en début de moisson. « Seules les régions du centre, l’Ile-de-France et la Basse-Normandie s’en sortent avec des rendements identiques à la moyenne. Plus au Nord, les rendements sont légèrement en baisse. »

Avec des surfaces de blé tendre en légère baisse pour la troisième campagne consécutive (4,94 Mha), Agritel estime la production française 2018 à 34,17 Mt. Dit autrement, « c’est la troisième plus faible production française de blé tendre ces dix dernières années. »

Sur le plan économique, Michel Portier prédit une campagne 2018-2019 « à l’équilibre » pour des producteurs qui « ne verront pas la sortie de crise » tant attendue. Selon Agritel, les agriculteurs avaient engagé ou vendu avant le début de la moisson environ 20 % de leur production. Une part de la récolte qui a été vendue avant la hausse des cours. « À ce jour (22 août, ndlr) on estime entre 40 et 45 % la production d’ores et déjà vendue. »

« Entre ce qui est déjà vendu et ce qui reste à vendre, le prix moyen de vente pourrait être de 170 €/t, prix producteur », chiffre-t-il. Les rendements plus faibles faisant mathématiquement grimper les coûts de production à la tonne, ces derniers devraient être assez élevés. « Au final, ce sera, en moyenne, une année à l’équilibre », prédit M. Portier. « Et donc ça ne compensera pas le trou financier de 2016. »

Qu’en sera-t-il de la campagne de commercialisation des grains français à l’export ? Agritel note un point positif : « la qualité des blés est bonne. Les taux de protéines moyens sont de l’ordre de 12 %. Les poids spécifiques et les indices du temps de chute de Hagberg sont satisfaisants. » La qualité ne sera donc pas un frein à l’export.

Sur le marché européen, les pays du Nord (Allemagne, Pologne, pays Baltes, Suède et Finlande) enregistrent des très mauvaises récoltes. « La production européenne cumulée de blé tendre et de blé dur devrait chuter de 15 Mt. »

« La France ne pourra pas compenser la baisse de la production européenne », prévient Agritel. Car le disponible exportable français ne serait que de 16,2 Mt, contre 17,7 Mt.

Les exports français devraient être concentrés vers ses marchés traditionnels. D’abord vers les pays de l’UE, vers lesquels les opérateurs français pourraient livrer autour de 7,7 Mt, contre un peu plus de 9 Mt l’an passé.

Les exportations vers pays tiers, essentiellement vers l’Algérie, l’Afrique de l’Ouest, le Maroc et Cuba, pourraient être similaires, en volumes, à celles de 2017-2018, autour de 8 Mt.

La campagne de commercialisation 2018-2019 a d’ailleurs bien démarré, avec d’ores et déjà 1,4 Mt qui pourraient être expédiées vers l’Algérie sur les seuls mois de juillet et août.

L’autre point positif de ce début de campagne : la valeur envisagée de ces exportations. « Avec le rebond des cours, les exportations pourraient grimper de 11 % en valeur ».