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Filière porcine

Un « plan de sauvetage » de 270 millions d’euros


AFP le 01/02/2022 à 07:35

Le gouvernement a volé lundi au secours des éleveurs porcins, en promettant un « plan de sauvetage » de 270 millions d'euros pour soutenir leurs trésoreries malmenées par la flambée des coûts de production et l'engorgement du marché européen du porc.

« Sans cette aide, 30 % des éleveurs pourraient s’arrêter dans les 12 à 18 prochains mois », a affirmé le ministre de l’agriculture Julien Denormandie, à l’issue d’une réunion avec les professionnels de la filière, qui se mobilisaient depuis plusieurs semaines, notamment en Bretagne, principale région productrice. Il s’agit de « consolider les trésoreries de nos éleveurs porcins », a ajouté le ministre.

Il a affirmé à plusieurs reprises que la filière faisait face à une « crise inédite » – « de mémoire c’est probablement l’une des crises les plus graves traversées par le secteur porcin depuis maintenant de nombreuses années ».

« Un premier pas »

Le « plan » de l’exécutif compte un premier volet qui doit être « versé dans les prochaines semaines » via les préfectures : une aide d’urgence jusqu’à 75 millions d’euros pour les éleveurs à court de trésorerie. « Je pense aux jeunes agriculteurs qui parfois ont des endettements significatifs », a dit Julien Denormandie.

Cette aide doit prendre la forme d’un chèque « d’un montant de 15 000 euros » pour les exploitations éligibles, précise le ministère dans un communiqué.

Un second volet plus important, d’un montant maximum de 175 millions, devrait intervenir dans un second temps, une fois obtenu l’aval de l’Union européenne. Julien Denormandie souhaite que cette aide « puisse arriver dans les cours de ferme dès le courant du mois d’avril, au plus tard début mai ». Enfin, les producteurs bénéficieront d’exonérations de charges jusqu’à 20 millions d’euros.

« Certes, ce n’est pas suffisant, ça ne va pas boucher tous les trous mais c’est un premier pas, un accompagnement dont beaucoup auront besoin », a réagi François Valy, vice-président de l’interprofession Inaporc et président de la Fédération nationale porcine (FNP), section spécialisée du syndicat majoritaire FNSEA.

« 270 millions d’euros, cela peut paraître énorme mais la situation est catastrophique, notamment pour les jeunes agriculteurs qui ont beaucoup investi », a souligné l’éleveur.

La semaine dernière, Inaporc avait appelé à un « soutien urgent de l’État », pour éponger les quelque « 440 millions d’euros de pertes » subies par les éleveurs de la filière en un an.

Sous la menace de la peste porcine africaine

Julien Denormandie a par ailleurs appelé les industriels et les distributeurs à une « mise en œuvre complète » de la loi Égalim 2, récemment adoptée, qui doit renforcer la prise en compte des coûts de production des agriculteurs dans la construction des prix des produits vendus en magasin.

Ces coûts s’envolent pour les éleveurs porcins, particulièrement exposés à la flambée des aliments des animaux (céréales, soja), qui représentent 75 % du prix de revient d’un porc.

En parallèle, l’Europe produit actuellement trop de porcs, ce qui se traduit par des cours de « 10 % inférieurs à ceux de l’an dernier », selon Inaporc.

Le marché souffre du brusque recul de la demande chinoise et de la fermeture de débouchés à l’exportation pour l’Allemagne, deuxième producteur européen, touché par la peste porcine africaine.

La situation s’est compliquée depuis que l’Italie a, à son tour, déclaré les premiers cas de ce virus sur son sol, début janvier, à une centaine de kilomètres de la frontière française.

« La fièvre porcine africaine pourrait arriver bientôt en France », a estimé François Valy. Dans ce cas, la filière française espère moins souffrir que ses voisins européens, dans la mesure où Paris a conclu un accord avec Pékin qui prévoit que de la viande porcine issue d’une zone non touchée par la maladie puisse continuer à être exportée vers la Chine.

« Bien sûr si cela arrive en Bretagne cela n’aurait pas le même impact que si elle est détectée dans les Alpes », souffle François Valy.