Un plan d’action en 5 étapes pour en finir avec les mouches
TNC le 16/05/2024 à 05:03
Pour une action efficace contre les mouches, mieux vaut combiner l’utilisation d’un larvicide et d’un adulticide afin d’intervenir sur les différents stades de vie de l’insecte. Le travail sur l’ambiance des bâtiments est également un plus.
Lorsque les températures montent, les mouches apparaissent rapidement dans les étables. Nicolas Martel, de chez Farago France nous explique comment venir à bout des mouches en élevage.
1. Connaître le cycle biologique de la mouche
Tout bon chasseur doit connaître sa proie. Concernant les mouches, la lutte contre l’insecte adulte peut rapidement s’avérer vaine. Un couple de mouches commençant à se reproduire au mois d’avril, peut être à l’origine de plusieurs milliards d’individus une fois le mois d’août arrivé. Et pour cause, une mouche peut pondre jusqu’à 1 200 œufs au cours de sa vie. Compter en moyenne 15 jours entre la ponte, et l’apparition de mouches adultes, en passant par l’incubation de l’œuf, le stade larvaire et la métamorphose. Imaginez ensuite que chacun de ses enfants en fasse autant, et la situation devient très vite hors de contrôle ! Il est donc essentiel de coupler l’utilisation d’un adulticide à celle d’un larvicide.
Deux types de mouches cohabitent généralement dans les étables, et présentent à peu près les mêmes cycles de vie :
– Les mouches suceuses, qui se nourrissent essentiellement de matière organique. Ce sont des insectes que l’on retrouve autour des excrétions, au niveau des yeux ou du museau des animaux, voire près du lait.
– Les mouches piqueuses, qui se nourrissent essentiellement de sang. Leur piqûre peut être vectrice de maladie.
2. Travailler sur l’ambiance des bâtiments
Pour limiter la prolifération des insectes, l’essentiel est d’avoir une bonne hygiène sur le bâtiment pour limiter les lieux de ponte. « Les mouches pondent principalement dans des endroits riches en matière organique, comme les excréments d’animaux » explique Nicolas Martel de chez Farago. Une fois les œufs éclos, les larves se nourrissent de la matière organique environnante.
Mieux vaut donc nettoyer rapidement et régulièrement tout ce qui peut l’être. Fumier humide, fuites d’eau, grilles d’évacuation des jus, seaux d’aliment, dessous de portes, cases à veau, restes de lait ou d’aliment… La liste est longue.
S’il est compliqué de garder une étable propre comme un sous-neuf, une bonne ventilation et un léger courant d’air régulier permettra d’assécher les zones humides. Remuer régulièrement le fumier permet également de remonter les larves en surface pour les exposer à la lumière et les détruire.
3. Utiliser un larvicide
Mais le travail sur l’ambiance des bâtiments peut ne pas suffire. « On conseille aux agriculteurs de démarrer avec un larvicide en début de saison pour couper court à la régénération » précise Nicolas. « L’idéal, c’est de commencer après le curage ou la vidange des fosses de printemps ».
Pour ce faire, appliquez le larvicide dans tous les endroits non piétinés des animaux sur aire paillée. Allez des lieux les plus évidents, comme les parcs à veaux, stabulations des vaches et génisses, aux endroits les plus isolés. Ne pas oublier les dessous d’abreuvoirs, les tours d’aires paillées, fumières et fosses à lisier, pieds de poteaux, pourtours de mangeoire… En bref, tout ce qui peut contenir de la matière organique où pourraient pondre les insectes.
Attention également à l’application du produit : « pour tuer les larves, on travaille généralement avec des régulateurs de croissance, qui rendent impossible la métamorphose (passage du stade larvaire à la vie adulte). Pour qu’il fasse effet, il doit pénétrer sur les 10 premiers centimètres de la matière pour aller à la rencontre de toutes les larves ». Au besoin : ne pas avoir peur de troquer le pulvérisateur contre un arrosoir. Inutile pour autant de traiter les endroits secs. « Si c’est sec, il n’y a pas de mouche » résume Nicolas.
L’opération doit avoir lieu toutes les six semaines afin d’être efficace sur le long terme. L’idéal est d’anticiper les fortes chaleurs en effectuant des traitements en amont pour éviter de se retrouver avec un pic d’insectes. Car la chaleur accélère le cycle de reproduction de la mouche !
4. Lutter contre les adultes
La lutte contre les adultes a deux intérêts. Elle permet d’abord d’avoir un aperçu de la population d’insectes, avec la mise en place de pièges, ainsi que de capturer les adultes pour éviter de nouvelles pontes.
Pour ce faire, il est possible de miser sur des dispositifs électriques, comme sur les seaux à mouches ou la glue. Autant d’éléments à installer dans les lieux stratégiques (parc à veau ou salle de traite), et à relever au moins une fois par semaine pour constater l’évolution de la population. Les brasseurs d’airs, ventilateurs ou encore brumisateurs ont également pour effet d’éloigner les mouches.
Installer des pièges à insectes aux abords des bâtiments, le long des chemins ou au pâturage est un plus. « On propose généralement d’introduire des bactéries ou levures dont les mouches sont friandes dans des seaux de 4 ou 5 l d’eau à 1,50 m du sol. Lorsque la température dépasse les 25°C, l’odeur se répand et les attire ».
La lutte mécanique peut être couplée avec la lutte chimique. « L’adulticide est un joker s’il y a une remontée suite à des intempéries » estime l’expert. Ils sont à appliquer sur des surfaces qui ne vont pas être amenées à être lavées après application. Mieux vaut donc les éviter en salle de traite. Pour l’application, privilégier les murs clairs et isolés des courants d’air. « La surface doit être propre, ou a minima dépoussiérée pour pouvoir apporter le produit à la limite du ruissellement ».
5. Traiter les animaux
« Le traitement des animaux est un plus. Il faut bien avoir à l’esprit que la lutte contre les mouches sur une ferme est une approche globale » ajoute Nicolas. La désinsectisation en pur-on apparaît alors complémentaire, notamment pour les protéger au pâturage.
Pour ce faire, deux types de produits existent, les insecticides, notamment utilisés dans le cadre des protocoles MHE. La désinsectisation est alors à envisager avec son vétérinaire, et peut induire un délai de retour du lait et de la viande selon les produits utilisés. Les répulsifs, généralement à base de plantes, sont quant à eux en libre accès.
« L’utilisation de répulsifs en pur-on peut être couplée à l’utilisation de seaux à lécher à base d’ail » : une manière d’associer plusieurs modalités de lutte naturelle.
S’il n’y a pas de remède miracle pour lutter contre les mouches, la combinaison des différentes modalités devrait permettre d’avoir des résultats sur l’exploitation.