Accéder au contenu principal
Covid19 et approvisionnement alimentaire

Toujours pas de pénurie ni de manque de bras à redouter en France


TNC le 08/04/2020 à 17:02
fiches_Rayon_de_supermarche_23021-690px

Interrogé lors du point presse à l’issue du conseil des ministres, Didier Guillaume a insisté sur le fait que la chaîne agroalimentaire française fonctionnait correctement malgré la crise, et que les besoins en main d’œuvre agricole pour les prochaines semaines seraient comblés. Entre 230 000 et 240 000 personnes se sont inscrites sur la plateforme mise en place pour recenser les volontaires prêts à travailler dans la filière, en l’absence de saisonniers d’origine étrangère.

« Il n’y a pas de déséquilibre de la demande pour l’instant, les entreprises agricoles, agroalimentaires travaillent à plein, elles fournissent », a assuré le ministre de l’agriculture lors du compte-rendu du conseil des ministres, le 8 avril, saluant le bon fonctionnement de la chaîne alimentaire française en cette période compliquée.

Et l’agriculture devrait continuer à produire, malgré les besoins de main d’œuvre saisonniers : « 240 000 Françaises et Français se sont inscrits sur la plateforme (…), c’est un vrai succès », a salué le ministre. Pour le moment 5 000 exploitations agricoles ont employé des saisonniers grâce à ce biais, mais les besoins devraient augmenter dans les prochaines semaines.

Lire aussi : Travail aux champs ou dans la chaîne alimentaire : plus de 200 000 candidats

À la différence de l’Allemagne, qui a dû affréter des avions pour acheminer des saisonniers originaires des pays de l’Est sur son territoire, « pour l’instant, on ne manque pas de bras en France », a souligné le ministre. « L’agriculture va donner à plein dans le mois qui vient et nous allons voir ce qui sera possible de faire avec les 240 000 personnes qui se sont proposées. C’est aussi l’occasion de montrer que le retour à la terre, que l’agriculture, suscite un intérêt chez nos concitoyens ».

« Nous avons besoin de 200 000 personnes chaque année sur mars, avril, mai  », a expliqué de son côté Christiane Lambert, interviewée sur LCI. « On a anticipé avec l’initiative Des bras pour ton assiette », a renchéri la présidente de la FNSEA, qui indique que 230 000 personnes s’y sont inscrites. « Nous organisons actuellement la mise en relation » des profils, a-t-elle ajouté, alors que le climat un peu froid a retardé les travaux dans les champs pour certaines productions.

Pour toutes les offres d’emploi et de stages dans les secteurs agricoles, voir aussi le site Jobagri.com

Éviter les difficultés dans certaines productions

Cependant, la demande alimentaire des Français s’est modifiée avec le confinement. Des accords ont été passés avec la grande distribution pour une mise en avant des produits français, notamment les fraises et les asperges en difficulté. « Depuis la crise, les Français ont des comportements surprenants », commente Christiane Lambert, qui fait état d’une hausse de 140 % des achats de farine et de 99 % des achats de pâtes. « Il faut absolument varier l’alimentation, les fruits et légumes sont accessibles dans les magasins, ce sont des produits à mettre dans la panier », ajoute-t-elle.

Par ailleurs, « il reste encore trop d’agneau néo-zélandais dans les grandes surfaces », déplore la présidente de la FNSEA. À l’approche de Pâques, cette viande traditionnelle risque en effet de souffrir de l’absence de réunions familiales et de la fermeture des restaurants. « Il risque d’y avoir des agneaux invendus et ce serait une catastrophe économique pour les producteurs », alerte Christiane Lambert, pour qui manger de l’agneau, « c’est aussi manger de saison ».

Lire également : Coronavirus : faute de repas de famille, les agneaux de Pâques ne partent pas à l’abattage

Enfin, au moment où les vaches sont mises à l’herbe, le coronavirus impose une réduction de la collecte, puisque les grosses quantités achetées ne sont plus achetées par la restauration hors domicile. Si cela se traduit par ailleurs par une hausse de la demande en yaourts, des mesures d’accompagnement sont cependant nécessaires. « Nous demandons à l’Union européenne de prendre ses responsabilités. Aujourd’hui, il faut absolument la possibilité de stocker. Nous sommes dans une crise extraordinaire, il faut des réponses qui ne sont pas ordinaires », a indiqué Didier Guillaume, qui va travailler, avec ses homologues européens, à faire bouger la Commission.

Lire également : Filière laitière : le coronavirus modifie les habitudes d’achat