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Betteraves

Tereos rattrapé à son tour par une crise historique


AFP le 12/06/2019 à 09:40
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Les surfaces de betteraves restent « à un bon niveau » selon Tereos (- 5 % par rapport à l'an dernier). (©Pixabay)

Après l'Allemand Südzucker, numéro un mondial, après Cristal Union, son challenger sur la scène hexagonale, c'est au tour de Tereos, premier sucrier français, de chiffrer les dégâts de la tornade qui a fait chuter les cours du sucre : une perte nette annuelle de 242 millions d'euros.

Le groupe coopératif, propriétaire de la marque Béghin Say, a annoncé mercredi, comme au premier semestre, un quasi décuplement de sa perte sur l’ensemble de son exercice décalé 2018/19 clos au 31 mars (- 23 millions l’an passé).

Le 2e producteur mondial de sucre paie ainsi, comme l’ensemble des acteurs européens, la chute des cours du sucre, en Europe et dans le monde, et une forte baisse des volumes de betteraves, due à la sécheresse qui a frappé le vieux continent.

« Ça vient confirmer la tendance de nos résultats », a commenté pour l’AFP Alexis Duval, président du directoire, rappelant que le groupe avait annoncé pour le premier semestre une perte de 96 millions d’euros. « On a une baisse de chiffre d’affaires de 334 millions d’euros (à 4,4 milliards d’euros), à rapprocher d’une baisse de notre résultat opérationnel de 320 millions d’euros (bénéfice opérationnel de 275 millions d’euros). Presque toute la baisse du résultat opérationnel s’explique par la baisse du chiffre d’affaires », a-t-il ajouté.

Dans ce recul du chiffre d’affaires, « la baisse du prix du sucre représente 200 millions d’euros sur l’Europe, et un tiers, un peu plus de 100 millions d’euros, est lié aux volumes », a expliqué Alexis Duval. La dette nette, objet de tensions entre la direction du groupe et une partie de ses coopérateurs, s’élève à 2,5 milliards d’euros à la fin mars, contre 2,35 milliards un an plus tôt.

« Quand on regarde ces activités sucrières européennes, on est une des seules entreprises européennes à être parvenue à garder un Ebitda (excédent brut d’exploitation NDLR) très légèrement positif, y compris sur la fin de l’année, période la plus compliquée », a tenu à souligner Alexis Duval, qui y voit un « point de satisfaction ».

Il a également mis en avant la poursuite de la politique de diversification du groupe : « Notre métier d’origine, la production de sucre en Europe, cette année, représente 14 % de nos résultats, ça montre l’ampleur prise par nos autres activités et la baisse de cette activité sucrière européenne affectée par la fin des quotas », a-t-il déclaré à l’AFP. Sur l’exercice, 86 % des résultats opérationnels proviennent des activités sucrières internationales et de l’amidon.

L’ouverture du capital toujours à l’étude

La direction n’a pas souhaité faire de prévisions pour les résultats de l’an prochain, mais estime être en mesure de « profiter de la reprise des cours » du sucre annoncée en Europe. « On a passé un cap très difficile, on a fait le dos rond », a jugé Alexis Duval, qui espère des « choses positives pour l’année qui vient ».

Outre la remontée des cours européens (le marché au comptant est à plus de 400 euros la tonne, contre 300 euros l’année dernière), Alexis Duval espère que les volumes seront au rendez-vous, le groupe ayant décidé, contrairement à ses concurrents, de ne pas restructurer son outil industriel dans l’immédiat et les surfaces de culture restant « à un bon niveau » (- 5 % par rapport à l’an dernier).

Au niveau international, Tereos table sur des volumes de canne à sucre en nette hausse au Brésil. « On prévoit 19,5 millions de tonnes de canne là où on a fait 17 millions de tonnes l’année dernière », a indiqué Alexis Duval.

Le groupe avait annoncé l’an dernier son souhait de réfléchir, avec les coopérateurs, à un projet d’ouverture du capital, à deux à trois ans. « On a mené une partie de la réflexion, mais pas toute la réflexion qu’on aurait souhaité mener en interne », estime Alexis Duval. En cause, la crise de gouvernance qui a agité le groupe en interne durant toute l’année, des coopérateurs frondeurs ayant souhaité, sans succès, convoquer une assemblée générale anticipée afin d’obtenir la révocation du conseil de surveillance, dont ils contestent la stratégie. Le projet « est toujours à l’ordre du jour. On reprendra ça, si c’est également le souhait des coopérateurs, à l’issue des assemblées générales », a indiqué Alexis Duval, affirmant que la « sécurité financière » du groupe était en amélioration par rapport à l’an dernier.

L’assemblée générale plénière se réunira le 26 juin.