De l'élevage aux retraites

Sortir de la crise agricole: la FNSEA a exposé à Attal cinq « blocs » de priorités


AFP le 19/03/2024 à 14:06
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Le mouvement de contestation s'est malgré tout tassé depuis début février, mais des actions sont encore menées sporadiquement. (© Page Facebook JA de l'Oise)

Les syndicats agricoles majoritaires FNSEA et Jeunes agriculteurs ont exposé mardi cinq « blocs » de priorités au Premier ministre Gabriel Attal qui les recevra à nouveau lundi soir, a annoncé le président de la FNSEA Arnaud Rousseau à l'AFP à l'issue de son entretien à Matignon. (Article mis à jour à 15h42)

« Aujourd’hui, pour qu’on puisse reprendre notre activité agricole et quelque part considérer que la crise est derrière nous, il faut que les gens voient (…) les projets d’eau, voient les solutions techniques sur les phytosanitaires, voient les problèmes de trésorerie réglés, voient les contrôles uniques se mettre en place », a-t-il énuméré.

« Il y a un peu d’agacement dans les délais qui sont ceux des réponses de l’État. Le Premier ministre Gabriel Attal nous a écoutés plutôt très attentivement. On lui a dit qu’il y avait 5 grands blocs sur lesquels on n’avançait pas au bon rythme », a affirmé Arnaud Rousseau.

« Le terrain ne peut plus attendre » et le ministre de l’agriculture Marc Fesneau, qui viendra clôturer le congrès de la FNSEA le 28 mars, « ne peut pas venir sans des mesures très concrètes », a fait valoir le président de la FNSEA à l’issue de la rencontre, qui a duré deux heures.

Étaient présents, outre Marc Fesneau, deux autres ministres, Agnès Pannier-Runacher (agriculture) et Christophe Béchu (transition écologique).

« Dire au terrain « ça c’est à telle échéance » »

Le Premier ministre « nous a donné rendez-vous lundi soir pour dire « on avance ici à Matignon, et on est capable de vous dire sur quoi on a cranté les choses » », a rapporté Arnaud Rousseau. « Parce que maintenant notre terrain, ce qu’il faut qu’on lui dise « ça c’est à telle échéance ». (…) On sait qu’il y a un certain nombre de choses dans la loi, mais tout n’est pas dans la loi », a-t-il ajouté.

La réunion à Matignon s’est tenue après le report d’une rencontre prévue cette semaine avec le président Emmanuel Macron, qui devait clore la séquence de la colère paysanne et des mobilisations agricoles partout en France depuis janvier 2024 – et jusqu’au Salon de l’agriculture où le chef de l’État a été copieusement hué.

Le mouvement de contestation s’est malgré tout tassé depuis début février, mais des actions sont encore menées sporadiquement. Lundi, des agriculteurs ont manifesté près de Toulouse pour protester contre un retard de versement des aides européennes ; mardi matin, des adhérents de la FNSEA du Nord ont déversé de la paille devant les locaux de la Direction régionale de l’environnement et de l’aménagement (Dreal) à Gravelines et accroché une banderole clamant « Pas de transition écologique sans agriculture viable ! ».

Emmanuel Macron recevra les syndicats « quand tous les travaux conduits par le gouvernement permettront au président de conclure la séquence », a indiqué lundi l’Élysée. Exécutif et syndicats agricoles sont à la recherche d’une sortie de crise en dépit des nombreux gages déjà donnés par l’exécutif.

Calendrier serré

Pour avancer, les syndicat majoritaires ont fait un effort de priorisation, comme le demandait l’exécutif. Les cinq grands axes présentés à Gabriel Attal concernent « l’élevage », avec une mise en route jugée poussive du plan élevage annoncé ; « les moyens de production », notamment le stockage de l’eau et l’usage des pesticides ; « la compétitivité », avec des mesures fiscales réclamées pour les éleveurs ; des « mesures de trésorerie », avec des « prêts bonifiés » par les banques ou un « accompagnement » pour les entreprises nécessitant une restructuration, et enfin le sujet de « la dignité du métier », avec une clarification attendue sur les retraites agricoles.

Concernant le stockage de l’eau, un exploitant ayant un projet de retenue d’eau doit savoir s’il peut ou non engager des travaux dès cette année, a réclamé Arnaud Rousseau. Au sujet des pesticides, peut-on s’attendre à des dérogations en France pour des produits utilisés ailleurs en Europe ?, a-t-il demandé, saluant par ailleurs l’existence d’une prochaine « proposition de loi sur les phytosanitaires ».

Dans un entretien aux Échos publié mardi, il réclame des mesures fiscales, suggérant par exemple de relever de 20 à 50 % l’abattement dont bénéficient les agriculteurs sur la taxe sur le foncier non bâti, ce qui « coûterait autour de 150 millions aux finances publiques », selon lui.

« On est ni plus ni moins sur les 62 propositions du Premier ministre », a affirmé Arnaud Rousseau, répétant attendre des arbitrages dans un délai serré, alors que le syndicat majoritaire clôture son congrès le 28 mars, à la veille de la présentation du projet de loi d’orientation agricole en Conseil des ministres.