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Mal-être en agriculture

Solidarité Paysans s’alarme de la détresse croissante des agriculteurs


AFP le 04/03/2023 à 14:35

Le réseau d'aide aux agriculteurs en difficulté Solidarité Paysans a tiré le signal d'alarme sur la détresse économique et psychologique des exploitants lors du Salon de l'Agriculture qui ferme ses portes dimanche, estimant que la mobilisation de l'Etat n'était « pas à la hauteur ».

« Le sujet du mal-être a été pris à bras le corps par l’ensemble de nos organisations » agricoles, a déclaré vendredi Luc Smessaert, vice-président du premier syndicat agricole, la FNSEA, lors d’une conférence au Salon de l’agriculture, en présence du ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti.

Mais Solidarité Paysans a estimé de son côté, lors d’une conférence de presse cette semaine, que la réponse du gouvernement n’était « pas à la hauteur ». Il faut « agir et vite », a déclaré son coprésident Gilbert Julian.

Aucun chiffre récent n’est disponible sur les suicides en agriculture, compromettant l’évaluation de la situation. En 2021, un rapport sénatorial affirmait cependant qu’« un agriculteur se suicide tous les deux jours en France », sur la base de données datant de plus de dix ans.

Il y a « entre 20 et 30% de suicides de plus » chez les exploitants et salariés agricoles que dans la population générale, a déclaré vendredi à l’AFP Daniel Lenoir, coordinateur national de la feuille de route « prévention du mal-être et accompagnement des populations agricoles en difficulté ».

Mesure phare de ce plan, présenté fin novembre 2021: la structuration, dans chaque département, d’un réseau de « sentinelles » – des volontaires gravitant autour des agriculteurs (conseiller technique, administrateur de coopérative, employé bancaire…) qui sont en mesure de les orienter vers des structures d’accompagnement.

Vers une année 2023 « catastrophique » ?

Ce système comporte des « limites déontologiques » dans la mesure où les sentinelles sont souvent liées à des structures auxquelles les agriculteurs doivent de l’argent, estime Gilbert Julian. « Il est difficile de s’adresser à un créancier dans une situation de confiance », pointe cet ancien viticulteur.

Selon la coprésidente de Solidarité Paysans, Marie-Andrée Besson, la feuille de route ne « répond pas à la gravité de la situation ».

Elle s’inquiète de voir des « jeunes en difficulté moins de cinq après leur installation » et redoute une année 2023 « catastrophique » en raison de l’envolée des charges et de la sécheresse.

Pour l’association, les autorités évitent de se pencher sur les causes du mal-être paysan. Solidarité Paysans cite notamment la « course à la compétitivité et à l’agrandissement des fermes », synonyme d’investissements massifs au risque de la banqueroute.

« Tant qu’on n’agira pas sur les causes, reproche Gilbert Julian, on conservera un système qui produit de l’exclusion et du mal-être. »