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Comptes truqués de « Mamie Cassoulet »

Sanctions moins lourdes que redouté pour Mazars et PwC


AFP le 19/02/2021 à 15:25

Les cabinets d'audit Mazars et PwC, mis en cause dans l'affaire des comptes massivement truqués de l'ancienne maison mère de William Saurin, ont finalement été moins lourdement sanctionnés que redouté vendredi par le gendarme de la profession, a appris l'AFP de source proche du dossier.

Fleuron français de l’industrie agroalimentaire, la Financière Turenne Lafayette (FTL) avait dû être lourdement restructurée après la découverte de dix ans de manipulation financière à la mort en novembre 2016 de sa propriétaire, Monique Piffaut.  Quatre cabinets (Mazars, PwC Audit, PwC Entreprises et Michel Tamet & Associés), ainsi que plusieurs commissaires aux comptes, avaient comparu durant plus d’une semaine devant le Haut conseil du commissariat aux comptes (H3C) à l’automne.

Vendredi, le H3C a prononcé à l’encontre de Mazars une interdiction -assortie de sursis – d’exercer la fonction de commissaire aux comptes pendant un an et une amende de 400 000 euros. PwC Entreprises et PwC Audit ont reçu un blâme, ainsi qu’une sanction pécuniaire de 50 000 euros pour le second. Ces décisions sont moins sévères que celles réclamées par le rapporteur général en octobre, lorsqu’il avait notamment demandé des amendes d’un million d’euros pour Mazars et PwC Audit, en plus d’interdictions temporaires d’exercer avec sursis. 

À l’encontre de Mazars, le H3C a retenu divers manquements comme l’audit des avances financières sur des stocks de viande bovine pendant quatre exercices sans avoir examiné les contrats ou les factures, « se contentant des explications orales données par Mme Piffaut », dans sa décision dont a eu connaissance l’AFP. Concernant PwC Audit, il relève par exemple des lacunes de documentation ou la prise en compte de chiffres d’affaires non acceptés par les clients. Le quatrième cabinet, Michel Tamet & Associés, est, lui, sanctionné d’une interdiction d’exercer pendant cinq ans avec sursis. Également mis en cause, deux commissaires aux comptes, dont un ex-associé de Mazars, ont été radiés de la liste de la profession.

Dans un communiqué transmis à l’AFP, Mazars indique son intention de déposer un recours devant le Conseil d’État après cette décision, estimant qu’elle fait peser sur lui « la responsabilité d’une défaillance humaine et (…) la non-détection d’une fraude extrêmement sophistiquée mise en place par Monique Piffaut, avec la complicité de nombreux membres de sa direction générale ». De son côté, PwC explique qu’il « prend acte » de la décision et rappelle que « le respect des normes professionnelles et des règles déontologiques » est « une priorité » pour lui.

Terrassée par un cancer à 78 ans, l’actionnaire unique de la FTL, surnommée par les médias « Mamie Cassoulet », était décédée en emportant ses secrets sur la gestion de son empire (William Saurin, Garbit, jambons Paul Prédault et Madrange), mais un audit lancé par la nouvelle direction avait révélé un maquillage des comptes du groupe à grande échelle. Au total, l’ardoise des fausses factures atteignait des sommes astronomiques, entre 250 et 300 millions d’euros, selon les estimations de la presse à l’époque.

En parallèle, au pénal, une information judiciaire a été ouverte en avril 2019 et confiée à des juges d’instruction financiers. La décision du H3C était attendue avant la poursuite de la procédure.