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Transformation laitière

S. Rivet (76) : « Avec le confinement, nos ventes ont explosé ! »


TNC le 01/12/2020 à 06:02
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Si la crise sanitaire actuelle affecte de nombreux commerces et corps de métier, le confinement n’est pas synonyme de pertes pour tout le monde. Lancée depuis deux ans dans la transformation du lait produit sur l’exploitation de son conjoint en Normandie, Stéphanie Rivet a vu son activité se développer de façon exponentielle depuis le premier confinement.

Avec son camion, Stéphanie parcourt les routes normandes pour vendre ses produits de la ferme sur une dizaine de points. Et depuis le premier confinement, la demande ne cesse de croître. (©La Cré »Meuh »rie à roulettes)

« Et dire qu’il y a quelques années, je testais encore des recettes dans mon robot de cuisine pour notre consommation personnelle », se souvient Stéphanie Rivet. Compagne d’un éleveur laitier près de Dieppe en Seine-Maritime (76), elle est aujourd’hui à la tête de sa propre société : La cré »Meuh »rie à roulettes. En effet, après des premiers tests concluants, Stéphanie s’est formée de façon professionnelle et a monté son affaire en 2018.

Aujourd’hui, aidée de Dominique son concubin, elle transforme 50 000 l de lait à l’année sur les 420 000 l produits, en crème, beurre, yaourts, crèmes dessert, caramels beurre salé et fromages ; le tout vendu sur les marchés dans son camion qui ne passe pas inaperçu.

 « Avec la fermeture des marchés, il a fallu trouver autre chose »

Avec un démarrage sur les chapeaux de roues, ce fut la douche froide au printemps 2020 avec l’annonce du premier confinement et la fermeture des marchés. Pour autant, l’âme d’entrepreneuse de Stéphanie a pris le dessus : « J’ai contacté les mairies des villages alentours pour leur proposer de m’installer ne serait-ce que 2 h pour vendre mes produits, et elles ont accepté. »

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Il a alors fallu repenser la tournée hebdomadaire. « J’ai été très bien accueillie, surtout dans les communes où il n’y a plus trop de commerces de proximité. Et mes ventes ont explosé ! C’est alors que d’autres communes m’ont à leur tour sollicitée. Bref, je ne savais plus où donner de la tête. » Côté transformation, il a fallu suivre le rythme : « Alors qu’on produit habituellement trois voire quatre jours par semaine, là on transformait tous les jours. On en a passé des soirées et des nuits à fabriquer, étiqueter… », se souvient le couple.

En mai, une fois les mesures de confinement levées, Stéphanie prend alors une décision : réduire le nombre de ses marchés habituels pour continuer à se faire connaître dans les villages. « Pourquoi faire des dizaines de kilomètres quand il y a de la demande à notre porte ? Sur les cinq marchés de Rouen que je faisais habituellement, je n’en ai gardé que deux et j’ai revu ma tournée pour m’installer dans quelques villages du secteur. Je vends autant, si ce n’est plus, tout en réduisant mes frais de carburant. »

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Objectif : doubler la quantité de lait transformé

Après le premier confinement, la demande s’est stabilisée. « Si tous les gens prônaient le local à ce moment-là, ils ont vite repris leurs habitudes ensuite et certains ne sont pas revenus. » Mais depuis, ça repart et la deuxième vague y est pour quelque chose. « Je pense qu’un véritable changement est en train de se faire dans les modes de consommation, c’est une bonne chose pour la transformation à la ferme et la vente directe », estime Stéphanie.

Le couple ne compte d’ailleurs pas s’arrêter en si bon chemin puisqu’il envisage de doubler la quantité de lait transformé, d’embaucher et de mettre sur les routes un second camion. Pour cela, un nouveau labo devrait voir le jour… « Jusque-là, on est restés très prudents sur les investissements. Notre laboratoire est tout petit et on a peu d’équipements. À tel point qu’on en vient à faire une partie du travail dans notre cuisine… Sans le confinement, on ne se serait jamais autant développé et fait connaître. Nous serions restés à notre petite échelle. Aujourd’hui, on peut se permettre de bâtir de nouveaux projets », conclut Stéphanie.

Le laboratoire actuel de 9 m2 commence à être petit pour Stéphanie Rivet. Son projet : bâtir un nouvel atelier de transformation sur la ferme. (©TNC)