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Prix des céréales

Riz : une crise mondiale majeure « évitée » en 2023, analyse le rapport CyclOpe


AFP le 15/05/2024 à 11:20
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Fin juillet 2023, l'Inde a annoncé qu'elle n'exporterait plus de riz blanc non basmati afin d'assurer sa sécurité alimentaire (© Pvince73, AdobeStock)

« Coup de tonnerre » de l'embargo indien sur les exportations de riz, impact redouté du phénomène climatique El Niño sur les rizières : en dépit de risques forts, l'année 2023 a finalement échappé à une crise majeure du marché mondial du grain blanc.

L’onde de choc de l’embargo de l’Inde, premier fournisseur de riz (40 % des exportations mondiales en 2022), a été moins forte que prévu, avec une hausse des prix mondiaux de 30 %, loin des records historiques de 2008, selon le rapport annuel sur les marchés des matières premières CyclOpe, présenté mardi à Paris.

« L’Inde a joué avec les nerfs des opérateurs », a expliqué Patricio Mendez del Villar, spécialiste du riz et économiste au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad).

New Delhi a annoncé « fin juillet 2023 qu’elle n’exporterait plus de riz blanc non basmati afin d’assurer sa sécurité alimentaire », mesure venant « s’ajouter à celle annoncée en septembre 2022 interdisant les exportations de brisures de riz », a-t-il rappelé.

Suite à l’embargo indien, les exportations de riz du pays ont baissé sur la campagne de commercialisation 2023/24 (IGC)

Trois éléments ont finalement permis d’éviter une « crise majeure ».

En premier lieu, les exportations indiennes ont baissé de 20 %, mais ne se sont pas arrêtées : le pays est resté le premier exportateur mondial, avec 17,9 millions de tonnes (contre 22,5 Mt en 2022).

« L’Inde a joué la diplomatie du riz », en exemptant d’embargo des pays dépendants du riz pour leur sécurité alimentaire, notamment en Afrique, a relevé M. Mendez del Villar.

En second lieu, la Thaïlande et le Vietnam ont augmenté de 15 % leurs exportations : ces deux grands pays producteurs ont bénéficié d’un « effet d’aubaine » lié au retrait partiel de l’Inde du marché.

Enfin, les importateurs ont réduit leurs achats : la Chine « a réduit ses importations de 60 % » et puisé dans ses stocks, tout en limitant sa consommation, « ce qui a permis de compenser la forte demande philippine, premier importateur mondial, et le retour de l’Indonésie sur le marché d’importation, après quatre ans d’absence ».

L’Afrique subsaharienne a réduit ses importations de 10 % « en raison de la hausse des prix mondiaux ».

Ces derniers mois, les prix du riz à l’exportation ont atteint des sommets historiques (www.indexmundi.com)

Le commerce mondial a ainsi reculé, pour la première fois depuis 2019, de 5,5 % à 53 Mt (contre 56 Mt en 2022), alors que les stocks mondiaux restaient « à des niveaux confortables ».

« En 2024, la situation alimentaire mondiale devrait rester préoccupante en raison du phénomène El Niño, qui se poursuivrait au moins jusqu’à la fin du premier semestre », indique Patricio Mendez del Villar, qui voit les prix mondiaux du riz rester « élevés » en attendant la fin des restrictions indiennes et un retour à la normale, « en principe à partir du deuxième semestre 2024 ».