Coup de pression agricole

Revendications agricoles : une première mi-temps insatisfaisante


TNC le 15/02/2024 à 18:07
SynthEsepressionsyndicale

A dix jours de l'ouverture du Salon de l'agriculture, les syndicats agricoles considèrent que l'action du gouvernement est trop lente pour répondre à l'urgence et l'importance de la situation agricole. (© Captures X)

Que ce soit la Confédération paysanne et la Coordination rurale à l’Elysée ou la FNSEA et JA à Matignon, tous les leaders syndicaux ont remis un coup de pression au gouvernement. Car les mesures déjà annoncées ne se traduisent toujours pas dans les cours de ferme.

Entre la fin des actions de blocages d’autoroutes début février et l’ouverture du 60e Salon de l’agriculture samedi 24 février, l’heure de la mi-temps a sonné. Et cette première période jouée par le gouvernement ne satisfait pleinement ni les représentants syndicaux, ni les agriculteurs.

Quinze jours après sa dernière série d’annonces à destination des agriculteurs, le Premier ministre est retourné sur le plancher des vaches. En visite dans un élevage bovin de la Marne jeudi 15 février, Gabriel Attal a assuré que « les choses avancent ». Pour les élevages touchés par la MHE, il a annoncé que les « premiers versements » seraient effectués « cette semaine ». « Les guichets sont ouverts » et « les premiers versements interviendront cette semaine », afin que « dès la fin du mois, on ait un nombre important d’éleveurs qui puissent avoir été indemnisés », a-t-il insisté.

Pour le reste, « ça avance au niveau national », a-t-il aussi rappelé devant les leaders de la FNSEA et de Jeunes agriculteurs, qu’il a reçus mercredi 14 février.

Une soixantaine d’arrêtés préfectoraux modifiés ou abrogés

Concernant les « dix mesures de simplification », notamment sur « le curage des cours d’eau » et « la réduction des délais pour les recours », quatre décrets sont « déjà sortis », trois autres ont été transmis « en début de semaine au Conseil d’État » ou le seront « dans les tout prochains jours », a-t-il précisé. Les trois mesures restantes « relèvent de la loi » que le gouvernement « présentera autour du salon » de l’agriculture.

Gabriel Attal assure qu’au niveau local aussi, « il faut que ça avance vite ». Les réunions entre préfets et syndicats ont fait remonter « 900 propositions sur des normes nationales et locales » et « en une quinzaine de jours à peine, on en est à une soixantaine d’arrêtés préfectoraux partout en France qui ont déjà été modifiés ou abrogés », a-t-il souligné.

Dans l’attente d’un calendrier clair et précis

Mais pour tous les syndicats, sans exception, les dossiers mis sur la table n’avancent pas assez vite. « On ne fera pas retomber la pression aussi longtemps que les engagements ne seront pas tenus », a encore prévenu Arnaud Rousseau jeudi 15 février. « On a eu des avancées concrètes, on ne peut pas le nier, mais on veut aller au bout des choses. On ne voit rien arriver sur les exploitations : il faut que le gouvernement s’engage sur un calendrier », a précisé Yohann Barbe, porte-parole de la FNSEA.

Le duo syndical majoritaire attend aussi, avant l’ouverture du salon, des engagements de la part des distributeurs. « Les lois Égalim ne sont pas encore respectées à 100 %. Et nous menons donc des actions dans les centrales d’achats pour nous assurer que la rémunération des producteurs est préservée. »

Premier syndicat reçu par Emmanuel Macron mercredi 14, la Confédération paysanne a demandé « un signal fort » au gouvernement « pour mettre fin à la mise en concurrence des agriculteurs entre eux ».

Les banques et centrales d’achat ciblées

Parmi les actions que le 3e syndicat n’a cessé de mener depuis la deuxième quinzaine de janvier, 150 sympathisants se sont retrouvés pour bloquer les entrées du site de Bruz du groupe Avril, pour aussi montrer son opposition au patron de la FNSEA, Arnaud Rousseau, également à la tête d’Avril, dans les solutions à apporter pour sortir de la crise.

Également reçus par le chef de l’État, les leaders nationaux de la Coordination rurale et leur représentant du Lot-et-Garonne Serge Bousquet-Cassagne ont bien transmis leur message : « Foutez-nous la paix et laissez-nous travailler ! » Pour la CR, les exigences restent de quatre ordres : des mesures d’urgence de trésorerie, une simplification à tous les étages, la levée des contraintes de production, notamment environnementales, l’exigence de « clauses miroirs » sur la réciprocité des normes et, enfin, un effort sur la transmission des fermes.

Dans le Lot-et-Garonne, les agriculteurs de la CR ont mené des actions devant les banques, réclamant notamment une année blanche sur le remboursement des échéances de prêt et la prise en charge par l’État des intérêts d’emprunt.

La Coordination rurale du Loir-et-Cher, département du ministre de l’agriculture, a aussi bloqué symboliquement les accès au château de Chambord avec une soixantaine de tracteurs.

« Clairement pas le moment de caresser le cul des vaches »

À l’instar d’une équipe de joueurs qui s’est déjà faite sermonnée à la mi-temps et qui peut déjà s’attendre à un bilan de fin de match très critique, le gouvernement sait déjà que l’accueil au salon sera au mieux glacial, au pire très perturbé.

« Ce ne sera clairement pas le moment de caresser le cul des vaches », préviennent de nombreux éleveurs qui menacent de retirer symboliquement des animaux de leurs emplacements à l’arrivée des têtes d’affiche politique. Un rappel à l’ordre relayé par Yoann Barbe, porte-parole de la FNSEA : « Le salon, c’est dans 10 jours, si nous n’avons pas d’annonces sur l’élevage, je ne vois pas comment nous pourrons accueillir le Premier ministre sur un événement autant tourné vers l’élevage, notamment avec la présentation des animaux ».