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Agriculture Stratégies

Quels sont les avantages des aides contracycliques à l’américaine ?


TNC le 29/03/2024 à 12:30
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Agriculture Stratégies propose de réfléchir aux aides contracycliques dans le cadre de la future Pac. (© Adobe Stock)

Pour répondre aux difficultés de certaines filières agricoles, le président de la République a récemment promis la mise en place de prix planchers. Une mesure qui fait débat, et à laquelle ne croit pas le think tank Agriculture Stratégies qui propose plutôt de s’inspirer du Farm Bill américain, basé sur des aides contracycliques.

Les aides contracycliques permettent de compenser la baisse des prix agricoles et de maintenir le chiffre d’affaires de l’agriculteur qui, en revanche, ne touche aucune aide lorsque les prix de marché sont hauts. Ce système est à la base de la politique agricole outre-Atlantique, comme l’explique Alessandra Kirsch, directrice du think tank Agriculture Stratégies.

Ces aides sont déclinées dans le Farm Bill à travers deux programmes au choix pour les agriculteurs américains : le premier est un programme de couverture des prix, qui garantit les prix si le prix moyen de la campagne est inférieur au prix de référence ; le deuxième couvre la perte de chiffre d’affaires et se déclenche si le chiffre d’affaires du Comté chute en dessous de 86 % du chiffre de référence (c’est-à-dire la moyenne olympique sur cinq ans du prix de marché multiplié par celle des rendements du comté sur cette même période).

« Cette stratégie permet aux agriculteurs américains d’avoir une meilleure visibilité sur les prix, sur leur chiffre d’affaires et même sur leurs marges afin de pouvoir envisager l’avenir et planifier leurs investissements », explique Alessandra Kirsch. En parallèle, les fermiers américains peuvent également souscrire à l’assurance récolte (subventionnée).

Gestion des risques, aides découplées, relations commerciales

L’Union européenne reste cependant frileuse vis-à-vis de ces soutiens qui vont à l’encontre des règles de l’OMC, les aides découplées ayant été instaurées pour rendre le commerce mondial plus équitable et favoriser le multilatéralisme.

« Problème : le cycle de Doha, qui devait initialement durer 3 ans et permettre une libéralisation accrue des échanges, n’a au final jamais abouti. Le multilatéralisme espéré s’est transformé en une multiplication des accords bilatéraux, impliquant deux partenaires commerciaux, plutôt que cette plateforme d’échanges multiples rêvée par les libéraux », rappelle Alessandra Kirsch. Et si l’Europe maintient de son côté des aides découplées, les Etats-Unis ont fait le choix d’une approche totalement basée sur la gestion des risques.

On peut par ailleurs « reprocher à ce système de ne pas s’adapter à l’évolution des coûts de production des agriculteurs », explique la directrice générale d’Agriculture Stratégies. Pour y remédier, « au lieu de faire évoluer le prix de référence en fonction des prix du marché, il pourrait être possible de le faire évoluer en tenant compte des indicateurs liés aux intrants », ajoute-t-elle, précisant que c’est d’ailleurs le cas pour le programme de soutien aux éleveurs laitiers, le Dairy Margin Coverage.

« Il faut en revanche accompagner ce système d’un plafonnement des volumes et, surtout, bien répartir géographiquement ces volumes subventionnés pour éviter une spécialisation de la production », explique Alessandra Kirsch, qui souhaiterait que la réflexion sur les aides contracycliques nourrisse les discussions autour de la future Pac.