Quand le blé ne paie plus, les producteurs français inquiets
AFP le 29/05/2025 à 10:02
En France, premier producteur européen de blé, les surfaces reculent et les coûts de production augmentent, alerte le président de l'Association générale des producteurs de blé (AGPB) qui plaide pour une levée des taxes européennes à l'importation sur les engrais hors Russie.
« La situation est aujourd’hui extrêmement sombre en France, puisque depuis dix ans, on a perdu 20% des surfaces en blé tendre et 50% des surfaces en blé dur », a déclaré à l’AFP Eric Thirouin, président de l’AGPB, association spécialisée du premier syndicat agricole FNSEA.
Si longtemps, les gros céréaliers ont été considérés comme des nantis dans le monde paysan, « ce temps n’est plus », dit-il: les céréaliers ont désormais « le revenu moyen le plus faible de tous les secteurs agricoles », affirme-t-il.
Selon le rapport de la Commission des comptes de l’agriculture, en 2023, le résultat courant avant impôt par actif non salarié d’une exploitation du secteur céréalier et oléoprotéagineux s’établit en moyenne annuelle à 11.970 euros, en baisse de près de 83% par rapport à l’année précédente.
Il s’agit d’« un de leur plus faibles niveaux depuis 1990 », selon ce rapport, qui place les revenus des céréaliers derrière ceux des autres branches agricoles, y compris les éleveurs de bovins viande ou de caprins, traditionnellement en bas de l’échelle.
En 2024, les rendements se sont effondrés, avec une chute des volumes de 27% et la pire récolte de blé en 40 ans, à 25 millions de tonnes. Cette moisson, maigre à exporter, s’est en outre mal vendue, les prix de la céréale du pain ayant reflué sur les marchés mondiaux où l’offre restait abondante.
Des engrais de plus en plus chers
Dans le même temps, « les prix des engrais, qui pèsent environ 30% dans notre coût de production (avec l’énergie, les semences…), sont remontés », a souligné Eric Thirouin.
« En janvier, la solution azotée était à environ 260 euros la tonne, lundi, on était à 330 euros la tonne et ça va encore monter d’ici la moisson », estime-t-il.
L’Union européenne veut taxer les importations d’engrais, avec pour objectif de réduire sa dépendance aux produits russes: mais l’AGBP estime que cela aura pour premier effet de « rendre les engrais plus chers pour les agriculteurs européens ».
« Si demain on supprime les engrais d’origine russe ou biélorusse, il faut aussi supprimer les taxes de 6,5% sur les autres origines (Etats-Unis, Trinité-et-Tobago, Arabie saoudite, Maroc…) pour retrouver une offre cohérente, de nature à stabiliser les prix », plaide Eric Thirouin.