Quand des agriculteurs s’impliquent auprès des futurs installés
TNC le 22/09/2023 à 10:42
On connaissait déjà les stages de parrainage entre cédants et repreneurs. Jeunes Agriculteurs de Dordogne a imaginé un autre système de parrains, entre les producteurs récemment installés et ceux qui s’apprêtent à se lancer dans le métier. Objectif : favoriser le partage d’expérience pour mieux guider dans les multiples démarches et lever les difficultés. En Pays de la Loire, autre initiative similaire avec des binômes exploitants/conseillers pour le parcours d’installation.
Stage de parrainage et Agri’parrainage, les termes sont proches et l’objectif également : qu’un agriculteur déjà installé partage son expérience et ses conseils avec un jeune qui se destine au métier d’agriculteur.
Ceci pour mieux l’aiguiller dans un parcours d’installation agricole souvent complexe, avec ses nombreuses formalités administratives et les complications qui peuvent survenir, au niveau du foncier, du financement, des techniques culturales ou d’élevage…
Guider dans un parcours d’installation souvent complexe.
Rappelons que, dans le premier cas, le parrain est le cédant, le parrainé le repreneur de son exploitation, l’objectif étant de faciliter le passage de relai au sein de la ferme, entre quelqu’un qui y a passé toute sa carrière, voire son enfance s’il la reprise derrière ses parents, et donc qui connaît très bien son fonctionnement, son contexte pédoclimatique et environnemental, les animaux s’il y en a, le réseau de partenaires agricoles et économiques, etc., et un successeur qui découvre tout ou presque.
Duos de parrain/parrainé pour échanger entre futur/nouvel installé
Agri’parrainage est une initiative de Jeunes Agriculteurs de Dordogne depuis plusieurs années. Ainsi, le 7 septembre, le syndicat a organisé une journée de rencontre entre nouveaux et futurs installés, à la fois informative et conviviale, avec la visite d’une exploitation (le Gaec du Mas bas où justement le dernier associé, installé hors cadre familial, a réalisé un stage de parrainage) pour échanger sur l’installation et présenter l’ensemble des intervenants dans ce domaine.
S’en est suivie une descente en canoë pour aider à faire connaissance et tisser des liens. Le but étant de former des duos de parrain/parrainé, sur la base du volontariat, pour prolonger les échanges au-delà afin que les jeunes se sentent moins seuls pendant les 12 à 18 mois que peut prendre une installation agricole.
Une dizaine de parrainage signés
Objectif atteint, avec la signature d’une dizaine de parrainages, sur la vingtaine de porteurs de projets présents. Qu’ils aient signé ou non, tous saluent l’intérêt de la démarche, sur l’aspect relationnel notamment, pour se créer un réseau de personnes rencontrant ou ayant rencontré des problématiques semblables. Ils sont conscients que ce soutien est précieux pour trouver des réponses à leurs nombreuses questions, résorber leurs craintes et doutes, tout aussi fréquents durant le cheminement de la réflexion, voire dans les moments de découragement, car il peut y en avoir.
Se créer un réseau pour rompre la sollitude.
Cela permet de sortir de l’isolement dont beaucoup disent souffrir. D’autant plus pour les Nima (non issus du milieu agricole), a fortiori s’ils viennent d’un autre département. Toutefois, les avantages sont tout aussi indéniables pour ceux qui sont du sérail, qu’ils cherchent à s’installer derrière un tiers ou dans le cadre familial, parce qu’il est toujours bénéfique de voir d’autres productions, pratiques, organisations que celle de ses proches.
Quant aux exploitants fraîchement installés, ils sont contents de pouvoir « s’échapper » un peu de leur ferme, les premières années étant généralement intenses en charge de travail et mentale. Ils peuvent expliquer comment ils s’y sont pris, leurs réussites et les erreurs à éviter. Un moyen de pérenniser les installations agricoles, côté parrainé comme parrain.
Binômes agriculteur installé/conseiller installation
Autre région, autre initiateur pour une approche assez comparable. La chambre d’agriculture des Pays de la Loire accompagne, par un binôme agriculteur/conseiller installation, les candidats, dans le cadre du plan de professionnalisation personnalisé (3P)en particulier. « Une complémentarité intéressante, parce que les histoires et les perceptions de chacun sont différentes », témoigne Patrice Rauline, conseiller installation à la chambre régionale.
« L’apport du vécu sécurise le porteur de projet »
« L’apport du terrain, du vécu, des engagements professionnels ou associatifs éventuels, sécurise le jeune. Il est plus à l’aise que face à nos profils plus administratifs, plus théoriques. Il va être davantage acteur de son projet et prendre plus en compte les remarques. » Ces « conseillers projet » sont une centaine dans la région. Comme Marianne Jousselin, éleveuse laitière en Loire-Atlantique, qui accorde une attention particulière aux éléments « psychologiques, aux ressentis des futurs installés en agriculture, toujours avec bienveillance ».
Confronter nos visions de l’agriculture.
« Mon rôle est de m’assurer qu’ils pourront vivre de leur métier, que leur outil de production soit de dimension classique ou plus modeste. Et de les alerter sur les temps de travail trop élevés, les rémunérations trop faibles. Autrement dit : leur montrer qu’ils doivent chercher un équilibre de vie pour que l’exploitation perdure. » Marianne « aime transmettre » mais apprécie, à l’inverse, de se confronter à « la vision de jeunes sur l’agriculture ». Pour le renouvellement des générations d’agriculteurs, « c’est positif », et l’implication des exploitants dans ce processus, à travers des actions de ce genre, est essentiel.