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Marché du maïs, AGPM

Pour le maïs, « la France ne doit pas être à contre courant du reste du monde »


TNC le 18/10/2023 à 18:10
Conference-AGPM

La baisse de surfaces de 2023 inquiète l'AGPM au regard de la souveraineté alimentaire de la France. (© TNC)

En dépit d’une campagne 2023 jugée satisfaisante, la filière française du maïs réclame un « sursaut collectif » au profit d'une culture confrontée à des importations croissantes et au défi de la décarbonation.

Lors d’une conférence de presse du 18 octobre, l’AGPM (Association générale des producteurs de maïs) a appelé à un changement de paradigme et un investissement massif des pouvoirs publics pour répondre aux enjeux de souveraineté alimentaire. Malgré les bons résultats de la campagne 2023, avec des rendements estimés par Arvalis à 101 q/ha et un volume de 13,1 Mt, Franck Laborde, nouveau président de l’AGPM depuis février 2023, défend l’importance de l’accompagnement d’une filière « durable, souveraine et décarbonée ».

Variabilité climatique et baisse structurelle des surfaces

Malgré un climat chaotique avec un étalement fort des semis, et une pluviométrie sur des périodes inhabituelles mais en quantité suffisante, la campagne maïs 2023 s’est très bien passée, ce qui confirme la performance productive de cette culture en l’absence de stress majeur, selon l’AGPM. Les maïsiculteurs s’inquiètent néanmoins d’une diminution des surfaces, et de la dépendance grandissante aux importations des pays tiers.

« Le climat historiquement chaud et sec de la campagne 2022 avait occasionné des récoltes décevantes et une baisse des surfaces en France de 10 %, soit 150 000 ha. Cette baisse conjoncturelle s’accompagne d’une baisse structurelle, de 500 000 ha entre 2013 et 2023. Cette tendance nous inquiète vivement au regard de notre souveraineté alimentaire voire énergétique, avec au cours des 20 dernières années, une baisse des surfaces consacrées au maïs en Europe s’élevant à 1 million d’hectares », précise Franck Laborde.

Cette tendance s’accompagne en effet d’une forte dépendance vis-à-vis de pays plus ou moins stables politiquement comme les États Unis, Brésil, l’Argentine ou l’Ukraine ne respectant pas toujours les mêmes normes de production que la France. « L’Union européenne est devenue le premier importateur mondial de maïs après avoir été exportateur », déplore le président de l’AGPM.

L’enjeu de la souveraineté alimentaire

« Le maïs est la première production mondiale avec 1,2 milliard de tonnes. Partout dans le monde cette culture se développe pour des débouchés variés quant en Europe la production ne cesse de reculer. C’est une hérésie dans un contexte de souveraineté souvent érigée comme un enjeu majeur. Il serait de bon ton, au niveau bruxellois et français, que les actes soient en adéquation avec ces propos », soutient le syndicat.

La filière entend préserver les moyens de production de cette culture « performante » pour les nombreux débouchés alimentaires et non alimentaires à l’échelle nationale tout en en respectant les objectifs de décarbonation assignés par l’exécutif. Le syndicat souligne que le maïs bénéficie de l’indice de fréquence de traitement (IFT) le plus faible de toutes les grandes cultures et confirme sa volonté à s’engager dans une dynamique de réduction des produits phytosanitaires mais « seulement si de réelles alternatives existent ». 

L’AGPM dénonce en revanche l’augmentation des taxes sur les produits phytosanitaires (RPD) prévue dans la loi de finances en discussion au parlement. L’association cite également le cas du S-métolachlore dont l’achat sera uniquement interdit pour les agriculteurs français à partir du 20 octobre, les pénalisant face à leurs concurrents directs, bénéficiant d’une autorisation de l’usage de l’herbicide jusqu’au 15 novembre 2024, conformément à la législation européenne.

« Nous demandons que ces décisions soient adoptées en France en adéquation avec le calendrier européen. Il est insoutenable pour les producteurs français d’être en distorsion de concurrence. Nous rappelons notre attachement au principe « pas d’interdictions, sans solutions », mais pour cela il faut mettre des moyens publics et privés pour la recherche », selon les syndicalistes.

L’enjeu de l’eau

La question de l’eau fait également partie des enjeux de moyens de production d’une plante qui contrairement aux idées reçues serait l’une des plus efficientes en termes de consommation d’eau, avec un quart des surfaces irriguées et « seulement 460 m3 d’eau pour produire une tonne de maïs, contre 900 m3 pour une tonnes de soja », selon l’AGPM.

 L’association plaide en faveur de la croissance des surfaces irriguées en France « dans les territoires où il y a de l’eau stockable à certaines périodes de l’année et une meilleure récupération des eaux de ruissellement, la réutilisation des eaux usagées et le prélèvement dans le milieu lorsque les quantités sont suffisantes.

« L’AGPM appelle à un changement de paradigme sur la question du maïs, il faut en finir avec l’idéologie, s’en tenir aux faits, et engager des politiques publiques qui accompagnent, et non qui limitent et qui taxent. Les producteurs doivent être soutenus et pas contraints. Un investissement massif est nécessaire dans l’accompagnement et la poursuite de la transition de la maïsiculture », conclut Franck Laborde, en annonçant le prochain congrès de l’association, programmé à Clermont-Ferrand les 21 et 22 novembre prochains.