Pour la FNSEA, « les annonces sur la DNC ne tiennent qu’à un fil : celui d’être livré en vaccin »


TNC le 17/12/2025 à 09:38
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Pour la FNB et la FNPL, les éleveurs « ne doivent en aucun cas pâtir d’une dévalorisation économique de leur production ». (© marcelkessler Pixabay)

Alors que la ministre de l’agriculture présentait le déploiement de la campagne vaccinale dans le sud-ouest, la FNPL et la FNB ont demandé à l’unisson la prise en compte les conséquences de la dermatose nodulaire contagieuse. Si la FNSEA adhère au maintien du protocole sanitaire, elle demande en contrepartie une vaccination rapide et un dédommagement pour les éleveurs impactés par les restrictions de mouvements d’animaux.

À l’occasion d’une conférence de presse, la FNB et la FNPL ont adressé leurs doléances à la ministre de l’agriculture. Si le syndicat majoritaire reste attaché au respect du protocole sanitaire pensé par le parlement sanitaire (Cnopsav), il demande au gouvernement de mieux prendre en compte les dommages collatéraux de la dermatose nodulaire contagieuse.

À date, la France a perdu 3 300 bovins suite au dépeuplement de 113 foyers de DNC. Une perte considérable pour la filière, à mettre en parallèle avec les précédentes vagues épizootiques qui ont traversé l’Hexagone. « L’année dernière, la FCO a entraîné la mort de 11 000 vaches laitières et 11 500 vaches allaitantes d’après l’Institut de l’élevage », rappelle Yohann Barbe, président de la FNPL. Au début des années 2000, la fièvre aphteuse a, quant à elle, généré l’abattage de 58 000 bovins pour éradiquer la maladie du territoire.

D’autant que le risque sur les troupeaux ne se limite pas à la mortalité. Que faire d’un animal vivant, mais incapable de produire ou de se reproduire ? « On ne pourra pas les garder juste pour le plaisir dans les troupeaux », poursuit l’élu.

Il ne faut pas que certains cachent la maladie.

Au-delà du respect du protocole sanitaire, le syndicat redoute les discours incitant les éleveurs à ne pas déclarer des cas de dermatose. « Il faut savoir que si un nodule tombe par terre, il garde la charge virale pendant quatre mois », insiste Patrick Bénézit, président de la FNB, soulignant la nécessité d’un effort collectif.

Les syndicats inquiets sur la disponibilité des vaccins

Et pour éviter que des éleveurs ne se retrouvent dans ces situations cornéliennes, la FNSEA appelle à une vaccination rapidedu troupeau dans les zones identifiées. Si la ministre de l’agriculture a fait état d’une réserve de 500 000 doses et d’une commande 400 000 supplémentaires, le syndicat juge les volumes engagés trop faibles. « Les annonces du gouvernement ne tiennent qu’à un fil : celui d’être livré de leurs commandes de vaccins », remarque Patrick Bénézit. « Il ne serait pas déconnant d’avoir en réserve des volumes permettant de vacciner 30 à 40 % du cheptel », ajoute Yohann Barbe.

Les besoins en vaccins sont importants. Se pose la question d’un éventuel rappel sur les troupeaux issus des premières zones réglementées, ainsi que la vaccination des jeunes veaux issus de mère vaccinées depuis plus de 6 mois. De son côté, le ministère projette la vaccination des 1 000 exploitations d’Ariège avant le 31 décembre, et promet de vacciner au plus vite 600 000 à 1 million de bovins grâce au concours des vétérinaires des services de l’État, des vétérinaires volontaires ainsi que des vétérinaires militaires dans le sud-ouest.

Prendre en compte les conséquences de la vaccination

Immobilisation des animaux, difficulté de commercialisation… La vaccination amène son lot de contraintes. Les présidents de la FNPL et de la FNB appellent ainsi le ministère à prendre en considération les conséquences du déploiement de la vaccination. Et la première est financière. En bloquant les animaux sur les fermes, c’est tout le marché du vif qui s’en retrouve grippé. « Un broutard immobilisé sur une ferme coûte autour de 3 € par jour », estime le président de la FNB. « Nous demandons que ce montant soit pris en charge. » Sans parler des éventuelles dévaluations dues au changement de gabarit des animaux.

« La ministre a dit que les éleveurs ne devaient pas perdre un centime suite à la DNC. Il me semble qu’elle parlait des producteurs directement concernés par la maladie, mais ça devrait être vrai pour toute la filière », poursuit Patrick Bénézit.

Mardi soir, le ministère de l’agriculture a annoncé le déblocage d’une enveloppe de 10 millions d’euros, destinée aux « petits éleveurs » afin de compenser les pertes économiques liées à la situation sanitaire.

Le statut indemne : une ligne rouge pour la FNSEA

La Fédération nationale bovine compte également sur le ministère pour maintenir le statut indemne de la France vis-à-vis de la maladie. « Nos filières ont énormément souffert, le fait que notre troupeau reste indemne est une ligne rouge, pour nous permettre de continuer d’exporter », insiste Patrick Bénézit. « La filière laitière souffre déjà de restrictions commerciales sur les produits au lait cru à destination du Canada et du Royaume-Uni », rappelle le président de la FNPL.

Si les territoires issus des premières zones réglementées peuvent commercer avec l’Italie depuis le 8 décembre au prix de conditions drastiques, la vaccination des bovins dans la moitié sud-ouest du pays étend les volumes d’animaux soumis à accords bilatéraux pour l’export. « Nous avons bien conscience que les conditions d’export sont drastiques, mais elles ouvrent une brèche pour faire perdurer nos relations commerciales ». Un accord bilatéral avec l’Espagne est également en pourparlers, sur le même modèle que celui réalisé avec l’Italie.

Mais les élus insistent : pour ne pas remettre en cause les accords passés, le déploiement de la vaccination est essentiel. L’accord bilatéral avec l’Italie est conditionné à la vaccination de 95 % des élevages représentant au moins 75 % des animaux.

Les représentants des syndicats ont profité de la conférence de presse pour appeler à l’indemnisation rapide des éleveurs concernés par les dépeuplements. « La plupart ont reçu un virement immédiat d’une valeur de 2 100 € par bovin adulte. Aujourd’hui, la valeur d’une vache se situe plutôt autour de 3 000 – 3 500 €. Certains commencent à repeupler. Il est urgent que les soldes soient versés pour que les éleveurs ne puisent pas dans leurs trésoreries. »

Enfin, les deux présidents espèrent pouvoir compter sur les services de l’État pour mettre en lumière les mouvements d’animaux illicites. « On dit que la maladie se transmet par ce biais, mais actuellement, nous n’avons rien de concret pour le montrer ».