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Marchés des produits laitiers

Poudre de lait : une baisse des prix qui ne devrait pas durer (Idele)


TNC le 27/09/2022 à 18:10
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Collecte laitière de l'UE à 27 (©Idele)

Entre coûts de production élevés et aléas météo, la production de lait est à la baisse sur les premiers mois de 2022 dans les principaux pays exportateurs, malgré des prix historiques. Les prix de la poudre de lait écrémé sont pourtant orientés à la baisse, un paradoxe sur lequel revient avec nous Marion Cassagnou, de l’Institut de l’Élevage.

À l’occasion du Space, nous avons rencontré Marion Cassagnou, agro-économiste à l’Institut de l’Élevage, pour parler des marchés mondiaux du lait et des produits laitiers.

Côté offre laitière dans les grands bassins d’export, elle pointe les baisses de volumes en Australie et en Nouvelle-Zélande sur la dernière campagne et une nouvelle saison qui démarre mal. En particulier, le retour du phénomène climatique La Niña provoque de fortes pluies dans l’île du nord en Nouvelle-Zélande et pourrait occasionner une sécheresse au moment du pic laitier.

La conjoncture semble s’améliorer pour les éleveurs nord-américains depuis plusieurs mois, mais le bassin US a pour l’instant « peu réagi à l’augmentation des prix du lait ». Un léger rebond de la production est attendu sur le second semestre.

En Amérique du sud, Marion Cassagnou cite le bon développement laitier de l’Argentine début 2022, mais un tassement ces derniers mois : « comme partout, les coûts de production impactent la production laitière ».

Avec la sécheresse, pas de reprise en vue pour la production européenne

C’est aussi le cas de l’UE, où la collecte laitière est à la baisse malgré les prix hauts. Et la météo défavorable de l’été (sécheresse, chaleur) se répercutera sur la production, à des niveaux difficiles à évaluer. La production française serait ainsi en baisse de 2,4 %/2021 en août après une stabilisation en juillet.

« En Allemagne, ça s’est un peu repris pendant l’été, la Pologne garde son très fort dynamisme. L’Irlande a eu des pluies en juin-juillet qui ont permis aux prairies de se reprendre, idem au Danemark ». Mais la sécheresse va probablement provoquer des dégradations de production en Espagne et en Italie.

Si bien qu’à l’échelle de l’UE-27, « une reprise globale de la production parait peu probable d’ici la fin d’année, précise l’Idele. Elle pourrait au mieux égaler le niveau modeste du second semestre 2021, durant lequel elle était repassée sous le niveau record de 2020 ».  

Sur le volet « demande », Marion Cassagnou pointe le recul des achats d’ingrédients laitiers par la Chine sur les premiers mois de 2022, notamment à cause du confinement des grandes villes, mais aussi la hausse des importations des pays de l’Asie du sud-est (Indonésie, Philippines).

Prix de la poudre de lait écrémé : un paradoxe

Évoquant les tendances de prix des principaux ingrédients laitiers, l’agro-économiste parle de paradoxe sur celui de la poudre de lait écrémé : « les prix ont baissé cet été, alors que la production de lait n’a pas spécialement bondi ».

À environ 4 200 €/t en avril, les prix de la poudre maigre étaient en effet descendus autour de 3 670 €/t début septembre, d’après l’Association de la transformation laitière française.

Cotation de la poudre maigre en France. (©Idele)

Au vu de la géopolitique, « On peut se demander si les laiteries auront du gaz cet hiver pour sécher le lait (…) Je pense qu’elles ont essayé de faire de la poudre cet été, pour faire des stocks et tenir les contrats de fin d’année », analyse Marion Cassagnou.

Autre élément qui pourrait expliquer cette baisse des prix : des reprises de production en Nouvelle-Zélande et aux USA. Or « la poudre est un produit très sensible sur le marché mondial : un peu moins d’achats, notamment de la Chine, entraîne une baisse des cours ».

Zoom sur les principaux importateurs de poudre maigre. (©Idele)

Dans un contexte énergétique qui s’annonce compliqué pour l’Europe dans les mois qui viennent, l’analyste estime que cette baisse des prix de la poudre de lait ne durera pas.

Quant à ceux du beurre, ils devraient se maintenir à de hauts niveaux en raison d’une forte demande, qui se maintient.

Pour suivre les évolutions des cours des matières premières agricoles, rendez-vous sur les cotations Agri Mutuel.