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Congrès des JA à Saint-Malo

NBT, gestion de l’eau, assolements : les pistes explorées par JA face au climat


TNC le 08/06/2023 à 15:23
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Le congrès des JA à Saint-Malo du 6 au 8 juin a rassemblé plus de 600 adhérents. (©@Twitter Jeunes Agriculteurs)

Le congrès de Jeunes Agriculteurs, organisé par le bureau des JA d’Ille-et-Vilaine, se tenait à Saint-Malo du 6 au 8 juin. Le rapport d’orientation annuel du syndicat a ciblé le sujet de l’environnement pour cette édition clôturée par un discours de Marc Fesneau. Le syndicat a évoqué plusieurs pistes de travail en faveur d'une agriculture plus résiliente face au changement climatique s'appuyant sur l'adoption de pratiques vertueuses, la recherche génétique, et d'une prise de conscience collective des enjeux de la souveraineté alimentaire.

Arnaud Gaillot, polyculteur-éleveur du Doubs à la tête de Jeunes Agriculteurs, a inauguré mardi le 56e congrès JA organisé du 6 au 8 juin, à Saint-Malo. Accompagné du co-organisateur de l’évènement Thomas Tison, du bureau des JA 35, il s’est exprimé lors de ce rassemblement national sur les débats à venir concernant le PLOAA. L’habituel rapport d’orientation du réseau sur le thème du changement climatique a été communiqué le 7 juin, avant l’intervention du ministre de l’agriculture pour clôturer l’événement le 8 juin. Au total plus de 600 participants ont été accueillis durant trois jours.

« On a décidé de se concentrer sur le changement climatique parce que c’est quelque chose qu’on subit actuellement et qu’on subira de plus en plus à l’horizon 2050 au vu des prévisions climatiques à notre disposition, qui anticipent une hausse moyenne des températures de 1,5 jusqu’à 4,5 degrés à l’échelle du globe », expliquait Pol Devillers lors de la conférence de presse du 25 mai en amont de l’événement. 

Le document de travail porte sur l’adaptation au changement climatique et les pratiques permettant d’atténuer ce phénomène. Plusieurs grands sujets y sont abordés comme la production d’énergies renouvelables, la gestion de la ressource en eau, la question des émissions issues de l’élevage et le renouvellement des générations.

Accélérer la recherche face au changement climatique

« Notre priorité est de produire et de nourrir de façon durable. Les installations en agriculture de demain doivent être pensées en intégrant toutes les dimensions du changement climatique ». En quelques mots le syndicat livre sa vision pour le futur d’une activité agricole devant impérativement évoluer pour faire face aux nouvelles contraintes climatiques. Parmi les propositions évoquées dans le rapport d’orientation, les Jeunes Agriculteurs insistent sur l’importance de l’accélération de la recherche afin d’anticiper les contraintes environnementales.

Dans un contexte de généralisation des conditions climatiques extrêmes, il serait primordial de s’intéresser à la sélection génétique et notamment aux méthodes NBT qui devraient être « autorisées à des fins d’adaptation rapide », selon les recommandations initiales du rapport. Les JA excluent néanmoins la transgénèse, c’est-à-dire l’insertion d’un gène d’une autre espèce à l’intérieur du génome de l’espèce travaillée, pour des questions d’acceptabilité sociale. 

Le syndicat préconise par ailleurs le développement de la recherche appliquée aux rotations des grandes cultures. « L’allongement des rotations en grande culture est plébiscité par les instituts techniques pour diverses raisons. L’introduction de légumineuses dans les rotations permet d’apporter de l’azote dans les sols, pour la culture associée ou la culture suivante. Cela permet d’émettre moins de protoxyde d’azote en apportant moins d’azote exogène », expliquent les rapporteurs.

L’adaptation des pratiques agricoles existantes

La réduction de l’impact sur l’environnement des techniques culturales courantes du secteur agricole, deuxième émetteur de GES en France, fait partie des axes de réflexion des JA. Ces derniers ont notamment évoqué l’importance de la préservation des sols, essentiels pour la captation du carbone.

L’une des solutions envisagées par les Jeunes Agriculteurs concerne la limitation de la monoculture annuelle. En effet, l’utilisation d’une même culture sur une surface donnée « augmente la vulnérabilité aux aléas climatiques et aux ravageurs. » La diversification des assolements constituerait une alternative assurant une meilleure adaptation aux aléas climatiques.

Sur le sujet épineux des haies, les JA recommandent une gestion plus flexible. « Les haies et les arbres ont des durées de vie limitées et des seuils maximaux de captage de carbone. Ils doivent être entretenus, taillés voire parfois coupés et remplacés afin de valoriser sous forme de bois le carbone capté pendant leur vie », selon les premières conclusions du rapport d’orientation.

La question de l’élevage a également été abordée, avec en ligne de mire un objectif de réduction des émissions des exploitations. « L’ajout d’aliments riches en acide alpha-linoléique, comme le lin, ainsi que l’augmentation de la part de pâturage et de fourrage à base d’herbe » ont été évoqués en vue de réduire les émissions de méthane du secteur représentant 45 à 50 % des émissions agricoles. Les JA se démarquent ainsi des recommandations de réduction du cheptel bovin. Ils dénoncent le risque des émissions importées, tout en soulignant l’importance de la souveraineté alimentaire du territoire.

La nécessité d’une prise de conscience collective

Le changement climatique a exacerbé les tensions sur la question de l’eau ou encore la consommation de viande. Sur ces thématiques, Jeunes Agriculteurs tient à rappeler l’importance de la vocation nourricière du secteur, déterminante pour les nombreux arbitrages à effectuer.

L’organisation propose l’établissement d’organe de gestion et de partage de l’eau sur tout le territoire intégrant des agriculteurs. Le déploiement d’organes de concertation incluant tous les usagers de l’eau dans les décisions de partage de l’eau est ainsi envisagé.

Les JA plaident également pour la facilitation des projets de retenues d’eau de surface et de pluie. « Ces infrastructures sont nécessaires très rapidement et il est ainsi urgent de supprimer tous les verrous réglementaires, les lourdeurs administratives et notamment de réduire les délais de consultation publique ainsi que les périodes de recours », précise le rapport dans sa première mouture.

Sur les autres sujets de crispation comme les émissions de GES liées à l’élevage les Jeunes Agriculteurs rappellent l’importance de la sensibilisation du public sur l’impact carbone de leur régime alimentaire. En effet, selon leur rapport d’orientation 2022, il s’avèrerait que la consommation de viande ne baisse pas, en dépit du débat sur ce thème. 

Dans ce contexte, le syndicat souhaite améliorer la communication sur les contraintes du monde agricole, confronté au changement climatique, mais également sur le rôle positif qu’il peut jouer.