Mercosur : Macron prêt à signer un accord amendé d’ici la fin de l’année


AFP le 07/06/2025 à 10:42

Le président français Emmanuel Macron a assuré vendredi qu'il était prêt à signer un accord avec le Mercosur d'ici fin 2025 mais sous condition, à l'occasion d'une visite du président brésilien, qui a lui insisté sur la nécessité d'un tel accord malgré l'opposition du secteur agricole européen.

Emmanuel Macron a estimé qu’« un accord entre l’Union européenne et le Mercosur » était « stratégiquement bon », dans un entretien à la chaîne de télévision brésilienne GloboNews.

Mais il a de nouveau réclamé « un protocole additionnel qui permette soit d’avoir des clauses miroirs, soit d’avoir des clauses de sauvegarde (…), qui définirait ces règles et qui dirait sur tel et tel secteur on a la possibilité, si le marché d’un seul coup se dérègle complètement, d’activer une clause de sauvegarde ».

Interrogé sur sa volonté de signer l’accord si ces conditions étaient acceptées par le Mercosur, le président français a répondu « oui », « d’ici la fin de l’année ».

Jeudi, le président brésilien Lula da Silva avait rappelé qu’il allait assumer la présidence de l’alliance commerciale sud-américaine pendant six mois. « Je ne vais pas laisser la présidence du Mercosur sans un accord avec l’Union européenne », avait-il affirmé devant Emmanuel Macron, avant de se dire « optimiste » sur une issue positive.

La France a multiplié les tentatives de blocage

La France a multiplié ces derniers mois les initiatives européennes pour tenter de bloquer l’adoption du traité commercial entre l’Union européenne et des pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), qui suscite une forte opposition du monde agricole hexagonal.

Le texte prévoit la possibilité pour l’UE d’exporter notamment davantage de voitures, machines ou spiritueux. En retour, il faciliterait l’entrée de viande, sucre, riz, miel ou soja sud-américains.

« La France ne peut pas faire de sa position une action agressive par rapport aux autres pays », a affirmé vendredi Jorge Viana au cours d’un entretien avec l’AFP, en marge d’un forum économique entre les deux pays à Paris, avant l’entretien donné par le président français.

« Ça doit se faire aux mêmes règles »

« Etant donné les 200 ans d’amitié entre les deux pays, cette divergence peut être plus naturelle et moins forte, et pas une campagne contre un accord qui est souhaité par la majorité des pays » européens, a poursuivi cet ancien vice-président du Sénat brésilien dont les propos ont été traduits par une interprète, et qui a appelé à un règlement « d’une façon plus apaisée ».

« Nous, en Europe, on a mis à nos paysans des règles. On leur a dit : « Tu ne dois plus utiliser tels produits phytosanitaires pour produire parce que ce n’est pas bon pour le climat, pour la biodiversité ou pour la santé humaine ».(…) Si vous voulez produire dans le Mercosur et importer en Europe ces produits, ça doit se faire aux mêmes règles », a fait valoir le chef de l’État français sur GloboNews.

L’opposition ou l’abstention d’au moins quatre États représentant plus de 35 % de la population de l’Union européenne serait nécessaire pour faire tomber l’accord.

Le ministère français de l’agriculture avait indiqué jeudi avoir obtenu des garanties fermes de la Pologne, l’Autriche et la Hongrie, tandis que la Belgique s’abstiendrait. Le texte en l’état est soutenu par l’Allemagne ou l’Espagne.