Mercosur et UE disent vouloir boucler rapidement leur accord commercial
AFP le 08/12/2023 à 07:20
Le Mercosur et l'Union européenne ont dit jeudi vouloir conclure « rapidement » un accord commercial entre les deux blocs, dont la gestation dure depuis plus de deux décennies et a achoppé dernièrement sur des questions environnementales.
« L’UE et le Mercosur sont engagés dans des discussions constructives en vue de finaliser les questions pendantes » et « les deux parties espèrent parvenir rapidement à un accord », selon un communiqué conjoint rendu public à l’occasion d’un sommet de chefs d’Etat du Mercosur à Rio de Janeiro. Aucune précision de calendrier n’a été fournie.
L’hôte du sommet, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, souhaitait boucler cet accord avant que son pays ne laisse ce jeudi même au Paraguay la présidence tournante du Mercosur, qui comprend en outre Argentine et Uruguay et doit acter l’adhésion de la Bolivie. Il y a quelques jours encore, Brasilia espérait pouvoir annoncer un dénouement à l’occasion du sommet. Mais des blocages persistants ont fracassé cet espoir.
Un traité a été signé en 2019, après vingt ans de négociations complexes, mais il n’a toujours pas été finalisé. Des tensions sont encore apparues cette année, quand les Européens ont présenté de nouvelles exigences en matière de respect de l’environnement (lutte contre la déforestation notamment), assorties de sanctions en cas de manquements.
« Ces derniers mois, des avancées considérables ont été réalisées », ont assuré l’UE et le Mercosur dans leur communiqué, disant vouloir un accord « qui corresponde à la nature stratégique de leurs relations et à la contribution cruciale qu’ils peuvent apporter pour affronter les défis mondiaux dans des domaines comme le développement durable, la réduction des inégalités et le multilatéralisme ».
En ouvrant le sommet de Rio jeudi, Lula a dit y croire encore. « Rien n’est impossible à concrétiser. Cela fait 23 ans que l’on tente de trouver un accord avec l’Union européenne, mais il faut continuer d’essayer », a-t-il dit.
Il a pointé du doigt le « manque de flexibilité » des Européens, fustigeant notamment le « protectionnisme » de la France, inquiète des conséquences d’un accord pour son secteur agricole.
En attendant Milei
Samedi, peu après une rencontre avec Lula à Dubaï, en marge de la COP28, le président français Emmanuel Macron avait jugé l’accord « mal rapiécé », estimant qu’il « ne prenait pas en compte la biodiversité et le climat ».
« A Dubaï, j’ai demandé à Macron d’être moins protectionniste », a rapporté le président brésilien jeudi, précisant qu’il avait ensuite demandé au chancelier allemand Olaf Scholz de tenter d’« infléchir le coeur » du chef d’État français.
La porte-parole du ministère français des affaires étrangères Anne-Claire Legendre a déclaré jeudi que M. Macron avait été « très clair » pour rappeler à Dubaï « les exigences » de Paris, notamment en matière environnementale.
Face aux demandes européennes formulées il y a quelques mois, le Mercosur avait dénoncé un « protectionnisme vert » et présenté ses propres exigences, comme la création d’un fonds pour aider les pays en développement à préserver l’environnement.
Selon Lula, la version de l’accord signée en 2019, sous la présidence de son prédécesseur d’extrême droite Jair Bolsonaro, était « inacceptable, car elle [les] traitait comme des être inférieurs, comme si nous étions encore des colonies ».
« Le texte actuel est plus équilibré, mais cela reste insuffisant. Les réticences de l’Europe sont encore très importantes », a-t-il ajouté.
Au-delà des divergences sur le contenu d’un accord, un autre facteur a fortement contribué à retarder encore l’issue des négociations: l’élection récente en Argentine de l’ultra-libéral Javier Milei, qui doit être investi dimanche.
« Il va falloir attendre que le nouveau gouvernement argentin prenne ses fonctions et se prononce », avait dit une source européenne de haut niveau à la veille du sommet.