Martre, renard, pie… le Conseil d’Etat a rendu sa décision sur les nuisibles
AFP le 14/05/2025 à 09:55
Le classement de la martre comme espèce « nuisible » à travers la France, mais aussi de la fouine, du renard ou de la pie dans certains départements, a été annulé par une décision du Conseil d'Etat rendue mardi et saluée par les ONG.
Plusieurs associations de défense de l’environnement avaient attaqué devant la haute juridiction administrative un arrêté pris en 2023 par le gouvernement pour déterminer les « espèces susceptibles d’occasionner des dégâts », autrefois qualifiées de nuisibles. Ce classement permet de les tuer par piégeage ou par tir, généralement sous condition, pour préserver des activités agricoles ou d’élevage.
L’arrêté est « annulé » en tant qu’il inscrit la martre, un petit mammifère carnivore, « parmi les espèces susceptibles d’occasionner des dégâts » à travers tout le pays, indique dans sa décision le Conseil d’Etat.
La fouine, le renard, le corbeau freux, la corneille noire, la pie bavarde, l’étourneau sansonnet et le geai des chênes échappent à cette classification dans certains départements seulement.
Pour motiver sa décision, le Conseil d’Etat détaille la présence jugée « significative » ou non des animaux localement, ainsi que leurs éventuels dégâts.
Les ONG France Nature Environnement, Humanité et Biodiversité et Animal Cross ont salué, dans un communiqué commun, une décision « qui sanctionne des classements abusifs ». « Les petits prédateurs, comme la martre, sont des auxiliaires précieux de l’agriculture car ils contribuent à réguler les populations de rongeurs », soulignent-elles, appelant à revoir la réglementation. One Voice s’est félicitée d’une « victoire historique », en dénonçant « le caractère infondé et absurde des critères utilisés pour fixer cette liste ».
« Il est grand temps d’abandonner ces réflexes d’un autre âge et de prendre conscience de tout ce que nous apportent ces animaux, à l’image des renards, qui se nourrissent de surmulots et freinent la propagation de maladies », écrit l’association requérante, qui recevra 3 000 euros de l’Etat pour ses frais de procédure.
« La destruction systématique d’animaux sauvages pour limiter leurs impacts sur nos activités humaines est à la fois injuste et inefficace », a réagi Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), auprès de l’AFP. « Alors que la biodiversité connaît un effondrement dramatique, il n’est pas acceptable de perpétuer ce massacre inutile », a-t-il ajouté.