Marge sur coût alimentaire : 56 000 € d’écart entre la moyenne et les meilleurs


TNC le 27/10/2025 à 05:06
holsteinaucornadis

Selon les données d’Eilyps, l’écart de marge sur coût alimentaire entre la moyenne des élevages et le quart supérieur atteint jusqu’à 56 000 € par an pour un troupeau moyen — un potentiel considérable à saisir grâce à cinq leviers d’optimisation clairement identifiés. (© TNC)

Face à la volatilité des marchés et à la hausse des charges, la marge sur coût alimentaire s’impose comme l’indicateur de référence pour piloter la rentabilité des élevages laitiers. En s’appuyant sur une démarche de gestion technico-économique, cinq leviers clés sont à prendre en compte pour améliorer la marge et sécuriser les revenus, avec des écarts de résultats pouvant dépasser 50 000 € par an.

Pour faire face à la volatilité des prix du lait, des aliments et aux aléas climatiques, les éleveurs doivent aujourd’hui raisonner leur rentabilité au plus près des chiffres. La marge sur coût alimentaire s’impose comme « l’indicateur central du pilotage technico-économique » d’après Arnaud Frin, chef de marché GTE chez Eilyps, invité sur le plateau de la Space TV par web-agri au Space de Rennes. « Parce qu’en suivant cet indicateur exprimé en euros par vache et par jour, les exploitants gagnent en réactivité et en visibilité sur leurs marges. »

Selon les données d’Eilyps, l’écart de marge sur coût alimentaire entre la moyenne des élevages et le quart supérieur atteint jusqu’à 56 000 € par an pour un troupeau moyen — un potentiel considérable à saisir grâce à cinq leviers d’optimisation clairement identifiés.

La marge sur coût alimentaire, baromètre de la performance économique

« L’indicateur qui permet de mesurer l’efficacité économique à l’instant T, c’est la marge sur coût alimentaire ; elle reflète 87 % des produits de l’atelier laitier et 78 % des charges opérationnelles liées à l’alimentation », assure Arnaud Frin. Il recommande une lecture « en €/vache/jour, plutôt que la référence traditionnelle en €/1 000 l de lait », jugée plus pertinente car elle prend en compte les trois facteurs limitants de l’exploitation, à savoir :

  • La main-d’œuvre, souvent déjà saturée ;
  • les surfaces disponibles, liées à l’autonomie alimentaire ;
  • et les bâtiments et équipements, dont la capacité n’est pas extensible.

Des écarts de résultats en dizaines de milliers d’euros

En 2024, la marge sur coût alimentaire moyenne de la « ferme Eilyps » s’élève à 8,19 €/vache/jour, tandis que le quart supérieur atteint 9,87 €/vache/jour, soit 1,70 € d’écart. « Pour une exploitation de 88 vaches, cela représente 56 000 € de marge supplémentaire par an ; ce qui offre une meilleure capacité d’investissement et de rémunération. Ce qui reste pour la rémunération (salaire, cotisations sociales) atteint en moyenne 3,50 €/vache/jour en 2024, contre 2 € il y a deux ans, grâce notamment à un contexte prix plus favorable ».

Cinq leviers gagnants pour améliorer sa marge sur coût alimentaire

L’éleveur, en collaboration avec son conseiller peut chiffrer les gains potentiels sur cinq axes majeurs pour atteindre le niveau du quart supérieur.

1- Niveau de production – Accroître la productivité individuelle et l’efficacité alimentaire.

2- Reproduction – Maximiser la proportion de vaches en pic de lactation pour augmenter le volume de lait.

3- Renouvellement – Ajuster le nombre de génisses élevées et leur âge au vêlage pour un meilleur retour sur investissement.

4- Santé et confort – Garantir la santé du troupeau et le confort en bâtiment, car les frais engendrés par des problèmes sanitaires impactent directement la rentabilité.

5- Qualité du lait – Travailler sur la qualité et la composition du lait (matière grasse, matière protéique) ».

Ces leviers, combinés, permettent d’optimiser l’ensemble du système et d’assurer une performance durable.

Les Hautes Productrices : produire plus avec moins de travail

L’étude des élevages à Hautes Productrices (HP) a révélé que la principale motivation d’adoption est le lien avec le travail et la main-d’œuvre. « L’objectif est de produire plus de lait par vache pour réduire le nombre de vaches à gérer, et donc le temps de travail nécessaire ».

Au niveau des résultats, « sur l’année 2024, 100 % des éleveurs HP étudiés se trouvent dans le quart supérieur de la marge sur coût alimentaire, et 80 % font même partie du top 5 % des clients Eilyps, avec un écart de marge supplémentaire de 72 000 € par rapport à la moyenne ».

Arnaud Frin devance les idées reçues à propos des vaches Hautes Productrices, « Contrairement aux préjugés, aucune détérioration de l’espérance de vie ou de la santé n’a été constatée, car ces éleveurs optimisent l’ensemble des 5 leviers pour soutenir cette haute performance. Avant de poursuivre, avec la génétique actuelle, le potentiel de production existe dans tous les troupeaux. La clé réside dans le pilotage simultané et cohérent des cinq leviers de la marge sur coût alimentaire ».